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Haïti : Après le financement de l’aide d’urgence - le relèvement


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Dakar, 25 janvier 2010 (IRIN) - Les gouvernements donateurs, les particuliers et les sociétés ont répondu rapidement et généreusement au séisme d’Haïti, mais les experts en financement craignent que les bailleurs ne concentrent leur générosité sur l’aide d’urgence, au détriment du relèvement.

Jusqu’à présent, les bailleurs ont financé 35 pour cent des 562 millions de dollars sollicités par l’appel éclair des Nations Unies, bien que les promesses de dons s’élèvent à 952 millions de dollars. Mais le secteur du relèvement rapide inclus dans l’appel n’a toujours reçu aucune contribution.

Trop souvent, les bailleurs allouent leurs contributions aux opérations de secours immédiats, sans accorder suffisamment d’importance à la réhabilitation à moyen et long terme, a dit à IRIN Ben Ramalingam, directeur de la recherche et développement au sein du réseau ANALP, qui vise à promouvoir l’apprentissage et la responsabilité dans l’action humanitaire.

Les efforts de relèvement, tels que la construction d’abris de moyen terme et le rétablissement des moyens de subsistance des habitants, doivent débuter pendant la phase de secours, a dit M. Ramalingam.

A long terme, l’objectif des organisations humanitaires et des gouvernements doit être de « reconstruire mieux », a dit Brendan Gormley, directeur de l’ONG (organisation non gouvernementale) britannique Disasters Emergency Committee (DEC), un réseau de collecte de fonds. Cela implique de réviser les codes de construction et d’améliorer les normes de construction, ce qui nécessite des ressources importantes pendant une longue période, a-t-il dit.

Shoko Arakaki, directrice des relations extérieures au Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à New York, s’est fait l’écho de la plupart des points de vue recueillis par IRIN, en disant que les mécanismes de financement existants ne satisfaisaient pas à ces besoins.

« Sur le plan du relèvement, des améliorations importantes sont nécessaires. Les systèmes de coordination permettant de répondre efficacement et dans des délais satisfaisants ne sont pas en place », a-t-elle dit.

« Tout le monde le sait et tout le monde en parle, mais il n’y a pas de consensus sur la nécessité de changer le système ».

Une évolution ?

Cependant, les bailleurs débattent de plus en plus sur les moyens d’améliorer les mécanismes de financement post-crise, a dit Robert Smith, directeur de la section des appels globaux au sein d’OCHA.

L’appel éclair révisé pour Haïti, qui doit être lancé dans un mois, mettra probablement davantage l’accent sur le financement du relèvement, a-t-il dit. Par ailleurs, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) se sont engagés à allouer 100 millions de dollars chacun aux phases d’urgence et de reconstruction, et le FMI travaille à l’allègement de la dette extérieure d’Haïti.

De plus, les administrateurs du DEC doivent se réunir prochainement pour décider si la répartition actuelle de l’utilisation des fonds du DEC dans le temps - approximativement : un tiers au cours des six premiers mois, le reste dans les deux ans qui suivent - doit être adaptée à un scénario post-séisme, dans lequel la reconstruction peut durer des années, d’après M. Gormley.

« Faire en sorte que les communautés soient plus en sécurité et davantage capables de faire face aux chocs futurs : telle est la recommandation que nous donnons », a-t-il dit. « Mais c’est aux membres de décider à quoi ils allouent leurs financements ».

Un financement des secours « amélioré »

La collecte de fonds pour l’aide d’urgence en Haïti s’est jusqu’à présent relativement bien passée. « A chaque crise, nous avons observé des améliorations », a dit Mme Arakaki à IRIN. « Le financement des secours s’est beaucoup amélioré depuis le tsunami de 2004 et le séisme de 2005 au Pakistan ».

Trois jours après le tremblement de terre en Haïti, le Fonds central d’intervention d’urgence (CERF) avait débloqué 25 millions de dollars, a dit à IRIN Steve O’Malley, directeur du secrétariat du CERF.

D’après les rapports, les donateurs privés et les particuliers ont contribué à hauteur de 18 pour cent à l’ensemble des promesses de dons.

Mais la complaisance n’est pas de mise. « Les donateurs doivent maintenant rapidement convertir leurs promesses en des engagements spécifiques envers les organisations qui se sont unies dans le cadre de l’appel éclair », a dit M. Smith.

« Les organisations dépensent comme si l’argent n’était pas un problème, mais leurs réserves ne sont pas [inépuisables], et cela va bientôt [poser problème] ».


Publié sur OSI Bouaké le mercredi 27 janvier 2010

 

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