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Plus de place pour les déplacés de RDC à Goma



Bulengo, 25 août 2013 (IRIN) - Si Goma, la capitale du Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), était un hôtel, il y aurait un écriteau accroché à la porte disant « Désolé - nous sommes complet ».

Que ce soit à cause de l’exode provoqué en 1994 par le génocide au Rwanda voisin, ou les guerres entre États et les décennies d’insécurité causée par une multitude de groupes armés, la ville est devenue la destination finale de ceux qui fuient les conflits dans le pays.

Avec le dernier afflux de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) qui fuient le conflit avec le groupe armé M23 qui bénéficierait du soutien du Rwanda, la ville atteint son point de rupture.

« Goma est surpeuplé », a déclaré à IRIN Flora Camain, porte-parole de l’Organisation internationale des migrations (OIM), basée à Goma. « Il n’y a plus de place ».

Plus de réfugiés sont attendus

Comme conséquence des déplacements incessants au Nord-Kivu, environ 30 « sites spontanés » temporaires sont apparus dans la province, dans des lieux aussi divers que des églises, des écoles ou des terres marginales.

Les ONG assurent les services de base, comme l’eau et l’assainissement, ainsi que les soins de santé primaire, pour une population déplacée toujours plus nombreuse. Les PDIP sont également hébergées en ville dans des familles d’accueil.

Selon la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), « plus d’un million de civils vivent dans la région relativement étroite de Goma et Saké, ainsi que le long de la route qui relie ces deux localités où sont installés, entre autres, les camps des déplacés de Mugunga qui abritent provisoirement environ 70 000 personnes déplacées par le conflit ».

Sur les plus de deux millions de PDIP que compte le pays, environ un million de personnes sont originaires des provinces du Nord et du Sud-Kivu. Des sites spontanés sont apparus au Nord-Kivu, dans les villes de Goma, Masisi, Rutshuru et Walikale. La mission d’envergure de la force d’intervention des Nations Unies, qui vise à « neutraliser » la trentaine de groupes armés dans les provinces du Kivu, devrait entraîner encore plus de déplacements.

Des acteurs humanitaires comme l’OIM et les autorités locales sont en train de répertorier tous les terrains disponibles susceptibles d’accueillir de nouveaux afflux de PDIP. Dans le même temps, ils préparent le retour éventuel des déplacés en cas d’amélioration des conditions de sécurité dans la région.

Bien que l’une des priorités des bailleurs de fonds concerne la situation désespérée des déplacés, les PDIP qui vivent dans les sites spontanés - en raison de leur nombre et de leurs besoins urgents - ne reçoivent souvent qu’« une aide limitée », a déclaré Mme Camain.

« Difficile à supporter »

D’après les estimations de l’OIM, la population des PDIP qui vivent dans des sites spontanés au Nord-Kivu atteint environ 231 000 personnes. L’un de ces sites, Bulengo, situé à la périphérie de Goma, abrite quelque 58 000 déplacés.

Aziza Kasidika, âgée de 19 ans et enceinte de trois mois, s’est enfuie de Masisi au Nord-Kivu lors des affrontements entre l’armée nationale de la RDC (les FARDC) et des groupes armés en janvier 2013. Depuis, elle n’a plus de nouvelles de sa famille.

Son abri est constitué d’une « bâche » grossièrement fabriquée d’environ deux mètres de long sur un peu plus d’un mètre de haut. Des branches servent de toit sur lequel est fixé un assortiment de sacs en plastique pour seule protection. Un bout de tissu fait office de porte et le lit est un mince tapis d’herbe à même le sol de roches volcaniques.

« Je dors très mal parce que je dors sur les pierres. L’abri est de mauvaise qualité, c’est un problème et c’est très difficile à supporter. Je tombe malade », a-t-elle dit à IRIN. « Il devrait y avoir une distribution de nourriture deux fois par mois, mais c’est en général une fois par mois. Je reçois du riz, du maïs, des haricots et de l’huile, mais il n’y a jamais assez de sel ».

L’absence d’abris adaptés est une plainte courante à Bulengo, de même que les problèmes de sécurité associés à la recherche de combustibles - nécessaires à la fois pour la cuisine et le chauffage - à l’extérieur du périmètre du site.

« Je ne sais pas combien de temps je vais rester ici. Il est difficile de prévoir l’avenir. Notre avenir se résume à la prochaine distribution de nourriture... Je reviendrai à Masisi quand il y aura la paix - mais pas la paix habituelle, qui dure deux semaines avant que la guerre ne revienne. Je vis à Bulengo et je resterai à Bulengo », a déclaré Mme Kasidika.

Maladie et incertitude

Maria Sankia, âgée de 60 ans, a fui Walikale pour Bulengo en novembre 2012, après des combats entre les groupes armés des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et de Raia Mutomboki (« citoyens en colère » en swahili). Elle est arrivée avec deux des jeunes enfants de sa voisine, et évoque les mêmes inquiétudes que Mme Kasidika : la distribution alimentaire, la sécurité et les abris en mauvais état.

« Les enfants ne vont pas à l’école. Il n’y a pas de jouets, les enfants n’ont rien pour s’occuper. Alors, beaucoup d’enfants vont jouer dans le lac, mais ils ne savent pas nager. Cinq ou six enfants se sont noyés [dans le lac Kivu] depuis que je suis arrivée », a-t-elle déclaré à IRIN.

Christian Reynders, coordinateur de Médecins Sans Frontières (MSF  ) à Goma, qui a ouvert des cliniques de soins de santé primaire dans les sites spontanés, a déclaré à IRIN qu’il y avait des cas de diarrhée et de malnutrition, mais que le problème majeur concernait les infections des voies respiratoires, une conséquence directe des abris de mauvaise qualité des PDIP.

À la clinique de MSF  , située dans une école du quartier Majengo de Goma où les PDIP ont trouvé refuge, Barikurie Kosi, 35 ans, a déclaré à IRIN : « C’est peut-être la quatrième fois que je m’enfuis [de Kibati, après l’arrivée du M23 [ dans son village]. Mais cette fois, c’était vraiment la pire. Je n’ai rien pu emporter du tout ».

Elle a fui sa maison en mai et est arrivée à Goma après six jours de marche. Elle a réussi à emmener avec elle ses trois plus jeunes enfants, âgés de deux, trois et six ans, mais ses trois enfants adolescents, âgés de 13, 15 et 17 ans se sont enfuis dans d’autres directions. Elle ignore ce qu’ils sont devenus.

« Je ne sais pas quand je rentrerai », dit-elle. « Je suis hospitalisée à la clinique ».


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Publié sur OSI Bouaké le lundi 26 août 2013

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