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Je suis allé voir mon patron pour évoquer ma séropositivité


Par Jean-Louis Lecouffe | Secrétaire de CE | 02/08/2008

Dimanche s’ouvre à Mexico la Conférence mondiale de lutte contre le sida   à Mexico, où on (les gouvernements et les associations) va parler non-discrimination notamment dans le cadre du travail… Qu’en dire ?

Depuis l’arrivée des trithérapies, on peut vivre avec le VIH   et on peut même continuer son activité professionnelle, ce qui est mon cas mais à cela je mets deux bémols :

  • D’abord les fatigues récurrentes et irrationnelles perturbent l’activité et certains médicaments (pas de chance mais ce sont les miens) portent sur les intestins et la digestion ce qui rend certaines réunions ou certains déjeuners contraignants…
  • Deuxio, on ne peut aller dans certains pays qui refusent les séropositifs (la Chine ou les Etats-Unis au hasard…)

Dans ces conditions, comment ne pas afficher ces contraintes pour éviter les voyages professionnels impossibles et les déjeuners qui risquent d’être des moments de torture ? Et comment, simultanément, garder l’anonymat sur sa situation ?

Pour ma part, j’ai choisi sans complexe d’aller voir mon patron et de lui évoquer directement ma situation (ce qui a conduit à mettre en place au sein de l’Agence française de développement une charte -non discrimination, accueil et prise en charge- et une convention avec Aides -prévention et garanties d’accueil… J’ai eu de la chance car mon patron comprend, respecte et accompagne…

J’avais au préalable fait plusieurs témoignages dans le milieu associatif et les réactions étaient plutôt chaleureuses ; j’avais un peu honte de ne pas oser en parler au boulot en sachant que le jour où ce serait dit, les effets seraient définitifs.

Un jour, j’ai balancé deux mails ; l’un à ma DRH et l’autre à mon Directeur général. Il m’a reçu très vite et m’a proposé une visibilité dans l’entreprise et d’intégrer cette action militante dans mon cursus professionnel. Il estimait que l’entreprise pourrait bénéficier de cette action sur plein de plans différents.

Nous avons fait, dans le journal interne de l’entreprise (1500 personnes), une tribune sous forme de dialogue entre lui et moi ; l’article est sorti un matin du mois de septembre l’année dernière ; j’avais très peur en descendant à la cantine des réactions. Rien de négatif, mais l’œil a manifestement changé et je me sens pas très à l’aise sur le moment. Mais c’est en même temps si bon quand on n’a pas à se cacher… Vous ne pouvez pas vous imaginer.

Mais tout le monde ne peut pas le faire et n’a pas ma chance. Un cursus professionnel (indispensable pour maintenir la sociabilisation de la personne) suppose que la situation de santé soit dicible sans remettre en cause l’évolution professionnelle. Est-ce jouable ? Je pense qu’il faut des signaux forts à la fois du gouvernement, de l’assemblée des patrons et du patron de la boîte dans laquelle vous êtes.

Il est clair que l’intégration professionnelle des séropositifs sera une économie non négligeable pour la Sécurité sociale, mais cela suppose que les dirigeants d’entreprise aménagent un tant soit peu temps les conditions de travail et que les gars et filles séropositives puissent avoir un soutien fort au sein de l’entreprise.

Les partenaires sociaux et, notamment, le Medef et les patrons, sont-ils prêts réellement à s’engager à mieux intégrer les séropositifs (au même titre que les autres handicaps reconnus ou non) ? A mon sens, le travail n’est pas binaire ; oui ou non à l’insertion, la question est d’aménager t


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Publié sur OSI Bouaké le dimanche 3 août 2008

 

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