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Sida : de nombreuses questions restent ouvertes après la conférence de Mexico


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Mexico (AFP) — La lutte contre le sida  , avec trois millions de personnes sous traitement et beaucoup d’argent disponible, laisse ouvertes nombre de questions sur les coûts à venir, une prévention prometteuse et un vaccin toujours espéré, au terme de la conférence de Mexico.

Cette 17ème réunion internationale sur le sida  , qui se tenait pour la première fois en Amérique latine, a rassemblé pendant six jours quelque 24.000 délégués de plus de 190 pays pour plus de 600 débats ou réunions, sans compter les 80 conférences de presse pour les 2.000 journalistes.

En clôture des débats, Michel Kazatchkine, directeur du Fonds global de lutte contre le sida  , la tuberculose et le paludisme, s’est félicité qu’aujourd’hui "des vies (soient) sauvées sur une échelle sans précédent".

"Dans le combat contre le sida  , nous avons créé le mouvement le plus dynamique pour la santé et la justice que le monde ait jamais vu", a-t-il souligné.

Il a insisté aussi sur la nécessité impérieuse de respecter les engagements de financement, alors que 33 millions de personnes sont atteintes par le virus et que seulement 3 des 10 millions qui en ont besoin reçoivent un traitement.

Les Nations Unies se sont engagées en 2006 sur le principe d’un "traitement pour tous" pour 2010. "Nous sommes profondément troublés que à moins de deux ans de la date fixée pour un accès universel, le G8 ait fourni seulement un peu plus du tiers des ressources promises d’ici 2010", a dit M. Kazatchkine. "Les pays doivent faire plus pour que le sida   et la santé soit une priorité financière", a-t-il souligné.

De plus, une augmentation des coûts est à prévoir, avec le changement progressif de médicaments devenus inefficaces pour de nouvelles molécules et de nouveaux brevets. Pour certains responsables, il apparaît d’ores et déjà "improbable" que la communauté internationale ait les moyens de traiter pendant toute leur vie tous ceux qui ont ou auront besoin d’antirétroviraux, le virus ne lâchant jamais prise.

Selon Seth Berkley, président d’un organisme américain de recherche sur le vaccin, le traitement à vie de ceux qui en auront besoin pourrait coûter quelque chose comme 90 milliards de dollars par an d’ici 2015, si rien ne change. L’Onusida   parle de 54 milliards de dollars.

Plutôt que des subventions annuelles, il faudrait des "financements pérennes", estime Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence française de recherches.

Certains ruent dans les brancards, tel Stephen Lewis, ancien envoyé spécial de l’ONU   pour le sida   en Afrique, qui reproche aux responsables leur "manque d’énergie" et leur "passivité".

Les chercheurs quant à eux estiment qu’ils n’ont "pas le choix" et qu’il est plus urgent que jamais de poursuivre la recherche sur le vaccin et les gels microbicides, qui n’a encore rien donné.

La prévention pour tenter de supprimer le problème à la source, en combinant notamment plusieurs moyens -préservatifs, circoncision, échange de seringues, changement de comportements-, a été au coeur de la Conférence de Mexico.

A cet égard, l’utilisation des anti-rétroviraux à titre préventif, dont le succès est avéré contre la transmission mère-enfant, suscite de nouveaux espoirs. Le Tenofovir, utilisé en post-traitement pour les personnels de santé qui se blessent, pourrait l’être aussi par ceux qui vont entrer dans une situation à risque. Les études n’ont pas encore abouti, mais les pronostics sont favorables.

De nouveaux sujets sont arrivés sur la table de la Conférence, tels que la stigmatisation des homosexuels, qui touche aussi les pays d’Afrique et fait obstacle à la prévention, et les problèmes des enfants.


Publié sur OSI Bouaké le samedi 9 août 2008

 

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