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Sida : en Afrique, les hommes répondent moins bien au traitement


VIH  .org - 28/11/12 - Plus de 25 millions de personnes sont infectées aujourd’hui par le virus du sida   en Afrique, parmi lesquelles une majorité de femmes. Cependant, une étude conduite par des chercheurs d’ Epicentre(1) et de l’IRD révèle que les hommes réagissent moins bien au traitement. L’ étude, basée sur quatre programmes de Médecins sans frontières France au Malawi, en Ouganda et au Kenya, montre que la reconstitution immunitaire est plus lente chez les hommes que chez les femmes.

Plus de 34 millions de personnes vivent aujourd’hui avec le virus du sida  , dans le monde, dont 75 % en Afrique sub-saharienne. Les femmes sont plus particulièrement touchées : elles représentent plus de 60 % des malades sur le continent. Pour autant, parmi les personnes bénéficiant d’un traitement, les hommes présentent une plus grande mortalité. Des travaux menés par des chercheurs d’ Epicentre(1) et de l’IRD en Afrique sub-saharienne révèlent que leur réponse aux antirétroviraux, les médicaments préconisés, est plus lente que celle des femmes.

Le malaise des hommes

De manière générale, les hommes atteints du sida   sont pris en charge plus tard que les femmes. En effet, ils craignent davantage d’être stigmatisés suite à la découverte de leur séropositivité et se font souvent dépister tardivement. Bien que les femmes représentent la majorité des personnes infectées, elles sont également mieux sensibilisées, grâce aux programmes de prévention de la transmission mère-enfant( 2). Les hommes sont donc souvent traités à un stade plus avancé de la maladie.

Efficacité moindre chez les hommes

Non seulement les hommes démarrent souvent le traitement avec un niveau de ces cellules plus faible, mais en plus leur organisme réagit moins vite aux antirétroviraux.

Les chercheurs ont étudié l’ évolution du taux de lymphocytes appelés T-CD4* chez plus de 13 000 patients pris en charge par quatre programmes de Médecins sans frontières France au Malawi, en Ouganda et au Kenya. Tout au long des 6 ans de suivi, ces dernières ont récupéré en moyenne par an 20 cellules immunitaires par microlitre de sang de plus que les hommes. Les hommes mettent donc plus de temps à atteindre le seuil de 500 cellules par microlitre de sang au-dessus duquel la morbidité et la mortalité dues au sida   sont moins élevées.

Du comportement à la biologie

Cette différence s’explique par une plus faible observance des traitements antirétroviraux par les hommes, comme le montre une précédente étude au Sénégal. Mais elle peut aussi refléter une explication biologique. Les hommes possèdent en effet des niveaux de lymphocytes T-CD4 physiologiquement inférieurs à ceux des femmes. De plus, les hormones mâles auraient un effet négatif sur la fonction du thymus, glande impliquée dans la maturation des cellules immunitaires. D’où sans doute un potentiel moindre à régénérer leur stock de globules blancs sous traitement.

Bien que les femmes présentent une plus grande vulnérabilité face à la contamination, les hommes doivent donc faire l’objet d’une attention soutenue de la part des programmes de lutte contre la maladie. Des actions de sensibilisation doivent être menées auprès de l’ensemble des populations pour lutter contre les discriminations et inciter au dépistage et à la prise en charge le plus tôt possible. Car plus le traitement est initié de manière précoce, meilleures seront les chances de survie.

1. Association créée par Médecins sans frontières, travaux réalisés en collaboration avec les Hospices civils de Lyon et l’université de Lyon.

2. Les femmes peuvent transmettre le virus à leur enfant pendant la grossesse, lors de l’accouchement ou durant de l’allaitement.

Restaurer les stocks de T-CD4

Comme son nom l’indique, le virus de l’immunodéficience humaine, ou VIH  , s’attaque au système immunitaire. Les personnes touchées voient leur taux de lymphocytes appelés T-CD4 chuter. Les traitements antirétroviraux visent à éliminer le virus et à permettre à l’organisme de reconstituer progressivement les stocks de ces globules blancs, première ligne de défense contre les infections. L’OMS   a relevé en 2009 le seuil préconisé pour démarrer les antirétroviraux à 350 lymphocytes T-CD4 par microlitre de sang.

A noter

L’âge s’est aussi avéré prépondérant : les patients ayant moins de 30 ans lorsqu’ils ont démarré le traitement ont montré, après un an de prise d’antirétroviraux, des taux de globules blancs plus élevés de 50 cellules par microlitre de sang que ceux des personnes âgées de plus de 50 ans.

Pour aller plus loin

Contacts : Jean-François Etard, chercheur à l’IRD, détaché à Epicentre jean-francois.etard@ird.fr

UMI Transitions épidémiologiques, recherches translationnelles appliquées au VIH et aux maladies infectieuses – TransVIHMI (IRD / université Montpellier 1 / université de Yaoundé 1 / université Cheikh Anta Diop de Dakar) David Maman, doctorant à l’université Lyon 1 (bourse Sidaction)

david.maman@epicentre.msf  .org

Adresse :

Epicentre 8 rue Saint Sabin 75011 Paris

Références

Maman D., Pujades-Rodriguez M., Subtil F., Pinoges L., McGuire M., Ecochard R., Etard Jean-François . Gender differences in immune reconstitution : a multicentric cohort analysis in Sub-Saharan Africa. Plos One , 2012, 7 (2), p. e31078. fdi:010055811

Maman D., Bastard M., Etard Jean-François . Effet du sexe dans la réponse au traitement antirétroviral dans les pays à ressources limitées. In : Levêque A. (ed.), Paccaud F. (ed.) Congrès international d’épidémiologie : épidémiologie et santé mondialisée : livre des résumés. Revue d’Epidémiologie et de Santé Publique, 2012, 60 (suppl. 2), p. S94. Congrès International d’Epidémiologie : Epidémiologie et Santé Mondialisée : Session H2, 5., Bruxelles (BEL), 2012/09/12-14. ISSN 0398-7620

Bastard M., Fall M. B. K., Lanièce I., Taverne Bernard , Desclaux Alice , Ecochard R., Sow P. S., Delaporte Eric , Etard Jean-François . Revisiting long-term adherence to highly active antiretroviral therapy in Senegal using latent class analysis. Jaids-Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes , 2011, 57 (1), p. 55-61. fdi:010053486

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Publié sur OSI Bouaké le mercredi 28 novembre 2012

 

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