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Des taux d’échec de traitement VIH deuxième ligne inquiétants

Les patients sous traitement de deuxième ligne sont 46 pour cent plus susceptibles de connaître un échec de traitement que ceux sous première ligne


Johannesbourg, 9 août 2010 - PlusNews - Les patients infectés au VIH   et sous traitement antirétroviral (ARV  ) de deuxième ligne sont largement plus exposés au risque de connaître un échec thérapeutique que ceux sous ARV   de première ligne, selon une nouvelle recherche menée par l’organisation non gouvernementale (ONG) Médecins sans frontières (MSF  ).

Publiée dans le Journal of the American medical association (JAMA), l’étude de MSF   s’est penchée sur les résultats du traitement de 632 patients de pays à ressources limitées en Afrique et en Asie. L’étude a révélé que les patients qui commençaient un traitement de deuxième ligne à un taux de CD4 (mesurant la résistance du système immunitaire) inférieur à 200, et qui observaient leur traitement à moins de 80 pour cent du temps, avaient davantage de risque de connaître un échec thérapeutique avec des ARV   de deuxième ligne.

La recherche a également montré que les patients qui se voyaient remplacer deux de leurs Inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI) en début de thérapie de deuxième ligne avaient moins de risque d’expérimenter un échec de traitement que ceux à qui l’on avait changé un seul de ces types d’ARV  .

Les INTI entravent la capacité du virus à se répliquer et sont généralement utilisés en association avec d’autres ARV  . Les patients recevant une combinaison de médicaments, ou des inhibiteurs de protéase « boostés » - un ARV   qui bloque un enzyme essentiel dans la réplication du virus – enregistrent eux aussi de meilleurs résultats de traitement.

Au total, près de 20 pour cent des patients ayant reçu une thérapie de deuxième ligne pendant plus de six mois ont connu des échecs de traitement, et cinq pour cent d’entre eux sont décédés.

A un moment où l’accès aux ARV   s’améliore dans les pays en développement, un nombre croissant de patients aura un jour besoin de médicaments de deuxième ligne, qui sont prescrits lorsque les patients ne répondent plus aux schémas de traitement de première ligne. Selon les auteurs de l’étude, prévenir l’échec de traitement chez ces patients est d’autant plus primordial que les médicaments de troisième ligne sont inabordables, et souvent indisponibles, dans la plupart de ces pays.

Les médicaments comptent

L’importance de certains ARV   spécifiques dans le résultat du traitement des patients sous deuxième ligne réaffirme la nécessité de disposer d’un meilleur arsenal d’ARV   plus variés dans les pays en développement, a dit le docteur Mar Pujades-Rodriguez, auteur principal et chercheur à MSF  .

Bien que l’Organisation mondiale de la santé recommande d’intégrer des inhibiteurs de protéase boostés dans les traitements de deuxième ligne, près de la moitié des patients de l’étude ne recevait pas ce type de médicaments, a dit Mme Pujades-Rodriguez.

Les patients sous traitement de deuxième ligne étaient 46 pour cent plus susceptibles de connaître un échec de traitement que ceux sous première ligne, ce que les chercheurs ont attribué à un nombre plus élevé d’effets secondaires associés aux médicaments de deuxième ligne, et à la plus grande probabilité que ces patients expérimentent des pharmaco-résistances et une lassitude du traitement, ayant été sous thérapie depuis plus longtemps.

Petites structures, meilleurs soins

L’étude a également révélé que les patients des zones rurales, et ceux traités dans des centres de santé primaires, étaient moins susceptibles d’échouer dans leur traitement que ceux suivis dans des centres urbains et des hôpitaux.

« Les structures sanitaires dans les zones rurales pourraient être à même d’offrir une approche plus personnalisée et un meilleur soutien psychologique aux patients, leur permettant de parvenir de manière durable à de meilleurs niveaux d’observance de leur thérapie », a dit Mme Pujades-Rodriguez à IRIN/PlusNews.

« Les sites urbains sont susceptibles de traiter davantage de patients, qui arrivent souvent avec des maladies plus graves, et il pourrait y avoir moins de temps pour le suivi des patients stables ».

En raison de la probabilité d’une lassitude du traitement et d’expériences négatives avec des médicaments de première ligne, le soutien psycho-social est particulièrement important pour les patients sous traitement de deuxième ligne, a-t-elle dit.

« Ces patients vont probablement connaître des périodes d’observance sous-optimales pour des raisons environnementales, personnelles ou médicales », a-t-elle souligné. « Comprendre les difficultés auxquelles sont confrontés ces patients est essentiel pour les aider à développer des stratégies leur permettant de prendre leur traitement correctement ».

L’étude a entre autres recommandé d’améliorer la disponibilité d’ARV   de deuxième ligne entraînant moins d’effets secondaires et dans des combinaisons à dose unique (plusieurs ARV   réunis en un seul comprimé) dans les pays en développement.

Les auteurs ont également appelé à une meilleure disponibilité des équipements de diagnostic pour permettre aux travailleurs sanitaires des pays à ressources limitées de diagnostiquer les échecs thérapeutiques plus tôt, et avec un taux de CD4 plus élevé.


Publié sur OSI Bouaké le mardi 10 août 2010

 

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