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Trafigura propose 1000 euros aux victimes de boues toxiques

...et échappe une nouvelle fois à un procès


Reuters, 20 septembre 2009. La société Trafigura propose à chacun des 31000 plaignants dans l’affaire du Probo Koala, un peu plus de 1000 euros pour les désagréments causés par le déversement de déchets toxiques acheminés en Côte d’Ivoire. La société internationale de négoces en matières premières Trafigura a annoncé dimanche être parvenue à un accord d’indemnisation de milliers d’Ivoiriens victimes de boues toxiques déversées dans des décharges à ciel ouvert d’Abidjan il y a trois ans.

Chacun des 31.000 plaignants obtiendra 950 livres environ (soit un peu plus de 1.000 euros) pour les désagréments causés par le déversement de ces déchets acheminés en Côte d’Ivoire par le vraquier Probo Koala, une somme jugée insuffisante par un groupe de défense des victimes qui accuse la compagnie d’avoir exploité la vulnérabilité de ces derniers.

Mais, affirme Trafigura, les avocats de la firme britannique Leigh Day, qui représentait les plaignants, ont reconnu que les experts n’avaient pu prouver un lien entre la pollution ainsi créée et des décès, fausses couches ou blessures graves.

L’épandage de ces boues, ajoute la société de négoce, "a pu au pire provoquer une série de symptômes à court terme et sans gravité, comparables à la grippe, et de l’anxiété".

Aucun commentaire n’a pu être obtenu dans l’immédiat auprès de la firme Leigh Day & Co.

Trafigura souligne que ce règlement à l’amiable ne signifie nullement qu’elle reconnaît une éventuelle responsabilité sans cette affaire. "Ce règlement dégage totalement la responsabilité de Trafigura", affirme son directeur Eric de Turckheim dans un communiqué.

Éviter un procès ?

La Fédération nationale ivoirienne des victimes des déchets toxiques, qui dit représenter près de la moitié des victimes, a rejeté ce règlement. Elle accuse Trafigura d’exploiter la pauvreté du continent africain pour se soustraire à ses responsabilités et éviter un recours collectif en justice qui doit être examiné le mois prochain par un tribunal londonien.

"Trafigura veut se faire pardonner sur un plan moral, mais ce n’est pas équitable", a dénoncé Denis Pipira Yao, le président de l’association. "Ces déchets étaient toxiques et mortels", a-t-il insisté. "Mais puisque les populations sont pauvres en Afrique, Trafigura se sert de l’argent pour se sortir de là."

Trafigura, la troisième société mondiale de négoce en pétrole, a déjà accepté de verser 198 millions de dollars (134 millions d’euros) aux autorités ivoiriennes pour solde de tout compte, tout en niant toute responsabilité pour ces déversements.

La population de la capitale économique ivoirienne continue de souffrir de graves problèmes de santé et le déversement sauvage de ces boues toxiques en août 2006 a contraint de nombreux Abidjanais à abandonner leur maison et leur emploi.

Un rapport de l’Onu   publié mercredi dernier fait état de 15 morts et de plusieurs milliers d’intoxications dans cette affaire, qui avait soulevé le problème des décharges de produits toxiques venant des pays industralisés du Nord dans des pays pauvres du Sud.


Publié sur OSI Bouaké le lundi 21 septembre 2009

 

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