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Namibie : stérilisation forcée de femmes séropositives


Jeune Afrique - 31 Juillet 2012 - Entre 2005 et 2009 une quarantaine de femmes auraient été stérilisées contre leur gré dans les hôpitaux publics de Namibie. Déjà 16 femmes séropositives ont porté plainte. Le premier procès de trois d’entre elles a reconnu la responsabilité des autorités.

À l’issue du premier procès pour stérilisation forcée, le 30 juillet, la justice namibienne a reconnu la culpabilité du gouvernement dans la stérilisation de trois femmes sans leur consentement. Mais la plainte selon laquelle elles auraient été « stérilisées parce qu’elles étaient séropositives », a été rejetée.

Amon Ngavetene, l’avocat de l’une trois des plaignantes, s’est déclaré « satisfait de l’issue de la procédure judiciaire », pour avoir réussi à prouver que « des femmes en Namibie ont été stérilisées sans leur consentement ». Des associations de défense des droits de l’homme, saluent également ce jugement, mais précisent qu’il ne s’agit que « de la partie immergée de l’iceberg ».

Depuis 2008, 16 femmes séropositives ont attaqué le gouvernement namibien pour avoir été stérilisées, à leur insu, entre 2005 et 2009 dans les hôpitaux publics du pays, mais leur nombre s’élèverait en fait à une quarantaine. Ces femmes attaquent l’État pour « traitement cruel, inhumain et dégradant », soutenues lors de l’audience par des hommes et des femmes vêtus de tee-shirt au slogan « Non-négociable : Mon corps, mon ventre, mes droits. » Elles demandent 1,2 million de dollars namibien chacune, soit 120 000 euros de dommages et intérêt.

Tromperie manifeste

Une des plaignantes est "en plein accouchement" lorsqu’une infirmière lui fait signer "une autorisation de césarienne". En fait, une autorisation d’ablation de l’utérus.

L’une des plaignantes raconte avoir été « en plein accouchement », lorsqu’une infirmière lui a fait signer « une autorisation de césarienne », lui faisant en fait signer une autorisation d’ablation de l’utérus. « Je ne savais pas que c’était aussi pour me stériliser » assure-t-elle. Elle n’aurait découvert la nouvelle de sa stérilisation que plus tard, entendant des infirmières discuter dans les couloirs.

De son côté, le gouvernement soutient que ces femmes ont signé tous les formulaires de consentement à leur stérilisation. Mais Jennifer Gatsi-Mallet, directrice du réseau namibien de la santé pour les femmes, déclare que ces femmes « étaient dans les douleurs, on leur a dit de signer, elles ne savaient pas ce que c’était. Elles pensaient que cela faisait partie de leur traitement VIH  . Aucune d’elles ne savait ce qu’était la stérilisation, y compris celles qui venaient de régions urbaines, parce qu’on ne leur a jamais expliqué. » Certaines d’entre elles n’ont découvert leur stérilisation que six semaines après leur opération, en se rendant au planning familial pour pilules contraceptives. C’est à ce moment-là qu’on « leur a dit que ce n’était plus nécessaire : elles étaient stériles. »

Explication par la séroposivité

À la question de savoir pourquoi elles avaient été stérilisées, elle se sont vu répondre qu’elles étaient séropositives. Jennifer Gatsi-Malet souligne les multiples traumatismes subis par ces femmes, parlant d’un impact « dévastateur, affectant la santé mentale et physique de la femme et ses relations avec son partenaire, sa famille, et le reste de la société. » La stérilisation s’ajoute alors à la discrimination dont elles étaient déjà victimes en tant que porteuses du VIH  .

Priti Patel, directrice-adjointe du Centre de règlement des litiges d’Afrique Australe (SALC) estime que ce procès « n’est qu’une première étape, le but étant de s’assurer qu’il n’y aura pas d’autres femmes stérilisées de force dans les hôpitaux publics en Namibie. » Nyasha Chingore, du programme VIH   du SALC regrette tout de même que « le juge n’ait pas trouvé que les stérilisations ont été réalisées spécifiquement parce qu’elles étaient séropositives. »

Le VIH   touche en Namibie 13% de la population âgée de 15 à 49 ans, faisant du pays l’un des plus touchés du continent africain.


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Publié sur OSI Bouaké le jeudi 2 août 2012

 

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