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Malawi : Le mardi, jour des enfants à MSF


Mots-Clés / MSF / Malawi

3 novembre 2005

Parmi les 5000 malades du sida   sous traitement antirétroviral (ARV  ) dans le programme de MSF   à Chiradzulu, environ 350 sont des enfants. Depuis le printemps dernier, un jour de consultation spécifique leur est réservé. Regrouper les enfants dans une clinique pédiatrique permet de leur proposer un suivi médical et psychologique mieux adapté, mais aussi de peut-être mieux connaître, à terme, l’évolution du virus du sida   chez les enfants, pour mieux savoir les soigner. Aujourd’hui, en Afrique, près de la moitié des enfants nés séropositifs décèdent avant l’âge de deux ans. Parmi ceux qui passent ce cap et tombent malades plus tard, très peu bénéficient d’un traitement pour rester en vie. "Au Malawi, seule une petite dizaine de structures médicales proposent un traitement aux enfants. Seules quatre comptent plus de cent patients mineurs, constate Myrto Schaefer, pédiatre au département médical de MSF  . C’est une question de moyens, d’organisation et de volonté politique". Chez les enfants, l’adhérence au traitement (c’est-à-dire la prise régulière des médicaments conformément à la prescription) et son efficacité sont égales aux résultats obtenus chez adultes. Soigner les enfants permet de les maintenir en vie, mais cela coûte quatre fois plus cher que pour un adulte et est plus compliqué.

"Prendre la décision de débuter un traitement antirétroviral pour un enfant est loin d’être évident, explique Laurent Hustache-Mathieu, coordinateur médical de retour de mission au Malawi. On ne dispose ni des médicaments adaptés ni de l’expérience permettant de connaître les réactions des enfants au traitement." Chez les bébés, même le diagnostic est compliqué car, jusqu’à un an et demi, la présence des anticorps de la mère dans le système de l’enfant peut fausser les résultats du test sanguin. Donc on ne peut établir de diagnostic qu’à partir de l’examen clinique, de l’historique de santé de la mère et de l’enfant, et du niveau des défenses immunitaires. "Il reste une marge d’erreur, mais on n’a pas le choix", raconte Laurent.

« LES ENFANTS S’ENTRAIDENT BEAUCOUP » Environ 350 enfants - autant de garçons que de filles, avec une moyenne d’âge de 7 ans - sont aujourd’hui sous traitement ARV   dans notre programme à Chiradzulu. La "doyenne" est sous traitement depuis deux ans et demi et se porte bien. Elle prend ses médicaments chaque jour et, une fois par mois, elle se rend à l’hôpital. Là, elle retrouve d’autres enfants de son âge, toujours les mêmes, avec lesquels elle peut jouer en attendant la consultation médicale.

Tous les mardis, à l’hôpital de district, les consultations sont réservées aux enfants, accompagnés d’un parent ou d’un "gardien" (tuteur) pour les orphelins. Les enfants jouent, câlinent des peluches, dessinent, chantent... A cinq ou six, d’âges proches, les enfants peuvent aussi parler entre eux. "Là, on peut entendre un enfant raconter qu’il a été malade, qu’il n’a pas pu aller à l’école et qu’il prend des médicaments et voir un autre enfant l’enlacer et expliquer comment lui il fait... De vrais liens se tissent, les enfants s’entraident beaucoup et font preuve d’affection les uns pour les autres. Ils ne parlent pas de ce qui ne va pas, ils veulent voir ce qui est positif, ce qui va mieux", témoigne Myrto, de retour du Malawi.

Les conseillers, dont le rôle est d’apporter un soutien aux personnes suivies dans notre programme, ont adapté leur approche à ces très jeunes patients. Leur but est de favoriser l’adhérence de l’enfant au traitement et d’aider sa famille à répondre aux questions qu’il peut éventuellement poser. Lors des jeux en groupe, ils peuvent observer les enfants. Ils repèrent les éventuels problèmes signalés par des comportements agressifs, des pleurs, la peur de venir à l’hôpital... Et ils les voient régulièrement en consultation individuelle, avec un parent. A la différence des adultes, beaucoup d’enfants avalent leurs médicaments sans connaître leur maladie. "Bien souvent, les parents disent à l’enfant de prendre son traitement, sans lui donner d’explications et sans lui laisser le choix, raconte Laurent. Et très peu d’enfants posent des questions." Le rôle des conseillers n’est pas de révéler à l’enfant sa maladie mais d’évaluer si le traitement est bien accepté et de créer les conditions pour qu’un jour le patient puisse connaître son statut et mieux assumer son traitement.

MIEUX SOIGNER LES ENFANTS La clinique pédiatrique a débuté au printemps dernier. "Auparavant, nous suivions les enfants comme les adultes, alors que leur situation est assez différente, tant du point de vue médical que psychologique, explique Laurent. C’est pourquoi nous développons désormais une approche spécifique." Progressivement, les consultations réservées aux enfants seront décentralisées dans différents centres de santé, pour ne pas obliger les enfants habitant en zone rurale à venir jusqu’à l’hôpital de la ville.

Grouper les consultations médicales des enfants permettra peut-être aussi, à terme, de mieux connaître et mieux soigner les enfants. Dans ce but, pour travailler sur le recueil et l’analyse des données médicales spécifiques aux enfants, un médecin épidémiologiste est parti renforcer notre équipe à Chiradzulu.


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Publié sur OSI Bouaké le samedi 12 novembre 2005

 

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