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Les activistes revendiquent la gratuité du traitement.


L’Oms   avait promis d’offrir le traitement gratuit à 3 millions de séropositifs en Afrique en 2005. Elle n’a pas honoré cet engagement.

Comme Abdoulaye Wade, Kenneth Kaunda, Kofi Annan, Bill Clinton et bien d’autres hommes politiques de renom, attendus en vain à ce rendez-vous de taille, le président nigérian, Olusegun Obasanjo a opté pour la chaise vide, dans son propre pays, lors de la cérémonie du lancement, le 4 décembre dernier, de la 14ème Conférence internationale sur le sida   et les maladies sexuellement transmissible, Cisma. “ Un mépris ” mal digéré par de nombreux séropositifs qui, sous cape, ont ruminé leur rage. La rage de voir le leadership politique tant clamé, tarder à prendre véritablement corps en Afrique. Le lendemain, 5 décembre, le président nigérian s’est finalement présenté sur le site de l’événement où un mouvement d’humeur l’attendait. La cause, l’absence d’une tribune pour les jeunes à cette rencontre, qui se veut pourtant la plus grande et la plus fédératrice sur le sida  , et qui se tient seulement tous les deux ans. En guise de protestation contre leur exclusion, une centaine de jeunes, infectés ou affectés, bouches bouclées au sparadrap, ont fait un sit-in sur le perron du Centre de conférence internationale où est concentré l’essentiel des exposés de la Cisma.

Mobilisation Mais à son arrivée sous forte escorte ici, hier, pour l’ouverture des travaux en plénière, Olusegun Obasanjo a superbement ignoré tous ces jeunes qui, la bouche condamnée, n’avaient plus que leurs yeux pour le regarder passer, comme si de rien n’était, le pas alerte, il fonce droit dans le “ Africa hall ” où il a délivré son discours. Curieusement, dans ce long texte, il a invité tout le monde à “ se mobiliser ”, y compris les jeunes, pour sauver le monde des griffes de “ cette infection qui n’épargne personne ”. Réponse du berger a la bergère, quelques heures seulement après cette allocution, près de 200 activistes du Mouvement d’action pour le traitement, une association nigériane de personnes infectées ou affectées par le Vih   se sont “ mobilisées ”, et comme un seul homme, ils se sont levés, pancarte en main, pour dénoncer. Salle après salle, stand après stand, ils ont passé au crible tous les endroits où se déroulaient les activités de la conférence, “ pour faire du bruit afin de réveiller les consciences. Et que l’on puisse prendre en compte nos revendications sur la gratuité du traitement et des soins aux personnes vivant avec le Vih  /sida  . Car nous constatons avec amertume que la promesse de l’Oms   d’offrir gratuitement les antirétroviraux à 3 millions de séropositifs en Afrique à l’horizon 2005 est un échec. Aujourd’hui, seulement 1 million de personnes ont pu en bénéficier. Il faut que cela change. Nous voulons que les génériques soient accessibles et même gratuitement mis à la disposition des pays qui n’ont pas la possibilité de les produire ”, martèle Karine Gavard, dans cette foule de déchaînés dans laquelle on retrouve un bébé d’à peine cinq mois. Ce bébé, porteur du virus, est posé sur les épaules de l’un des marcheurs. Sorte de mascotte, le nourrisson ne passe pas inaperçu. Karine Gavard est membre de Solidarité Sida  , une association française qui s’est donnée pour mission de collecter les fonds pour les associations de personnes vivantes avec le Vih  /sida  . La vingtaine à peine entamée, l’adolescente est venue à Abuja, comme de nombreux autres activistes, jeunes et moins jeunes, pour faire du plaidoyer auprès des dirigeants, des firmes pharmaceutiques, des Ongs etc. afin que les séropositifs en Afrique soient gratuitement pris en charge. Réunis dans la capitale politique nigériane depuis dimanche, 4 décembre dernier, leaders religieux, hommes politiques, membres de la société civile et bien d’autres acteurs de la lutte contre le Sida   sont à la recherche des voies et moyens pour faire reculer cette pandémie. Vu le nombre de mouvements de contestation, ils ont du pain sur la planche.

Par Marie-Noëlle Guichi A Abuja sur le messager.net


Publié sur OSI Bouaké le mercredi 7 décembre 2005

 

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