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14ème CISMA à Abuja : Bilan

Ce que nous retiendrons après avoir pris un peu de recul


La 14ème Conférence Internationale sur le Sida   et les MST en Afrique (CISMA) s’est déroulée à Abuja (Nigeria) du 4 au 9 décembre 2005.

Cette conférence a lieu tous les deux ans et donne l’occasion aux acteurs de la lutte contre le sida   en Afrique de se retrouver, d’échanger sur leurs expériences et de faire le point sur les défis qui restent à relever. Comme les années précédentes à Ouagadougou (2001) et à Nairobi (2003), OSI était présent à Abuja pour y rencontrer ses partenaires et d’autres intervenants dans la prise en charge des orphelins pour cause de sida  .

Durant la conférence, nous avons :

  • assisté aux ateliers portant sur les OEV   et rencontré les exposants présentant des posters sur le sujet ;
  • Etabli environ 30 contacts avec des associations de pvvih  , des responsables d’ONG, des institutionnels nationaux (CNLS) et internationaux (PAM, UNICEF, etc.) ;
  • Retrouvé un de nos partenaires (ASDEB du Burkina Faso) et avec des acteurs de la lutte contre le sida   rencontrés lors de missions précédentes (Congo Brazza, Cameroun, etc.) ;
  • Ramené de la documentation et des publications sur les OEV   (réseaux, rapport mondial ONUSIDA   2005, etc.) ;
  • Diffusé les deux documents édités par notre association cette année, le « Plan d’action en faveur des Orphelins et autres enfants vulnérables », ainsi que le DVD « L’Afrique Orpheline ».

Plus de 5 000 participants ont participé à cette conférence dont le thème était « VIH  /SIDA   et famille ». A ce jour, l’Afrique paie le plus lourd tribut de cette pandémie avec 25 millions de personnes infectées, et 3 millions de nouvelles contaminations chaque année, 2,2 millions de décès, à raison de 6300 morts par jour. l’ONUSIDA   estime que les africains décédés du sida   ont déjà laissé derrière eux plus de 15 millions d’orphelins.

En 2005, seuls 2% des malades du Sida   en Afrique ont eu accès aux traitements antirétroviraux. En effet, l’initiative « 3 by 5 » de l’OMS   n’a pas atteint son objectif de mise sous traitement gratuit de 3 millions de personnes séropositives d’ici fin 2005 dans les pays aux revenus les plus faibles du monde (1 million de personnes sous ARV   fin 2005). Les activistes présents à la conférence ont dénoncé le manque d’implication financière et politique des Etats tant africains (faible engagement des gouvernements en matière de prévention et de prise en charge), qu’internationaux (Fonds Mondial toujours désargenté, chaque nouveau round risquant d’être compromis).

La prise en charge des orphelins se heurte aux difficultés de passage des programmes à une plus grande échelle. Les bailleurs, ONG et communautés semblent toujours peiner à se rencontrer et à se coordonner.

La question de la représentation des orphelins eux-mêmes dans la lutte contre le sida   commence à émerger sur la scène internationale. Nous l’avons constaté lors d’un atelier satellite consacré à ce sujet, pendant lequel nous avons pu échanger avec des enfants affectés et des orphelins (majoritairement des 12-21 ans). Fort est à parier que la visibilité des orphelins et leur mobilisation est un champ en développement pour les années à venir.

Les droits des malades, des veuves et des orphelins du sida   continuent d’être bafoués, dans le climat d’une lutte contre le sida   de plus en plus moralisatrice divisant les ‘bons’ et les ‘mauvais’ malades ayant de ‘bons’ ou de ‘mauvais’ comportements. En effet, la tentation de la criminalisation de la transmission du VIH   semble largement partagée par de très nombreux pays. Nous faisons à ce sujet le rapprochement avec la montée en puissance de la promotion de l’abstinence et la fidélité comme seuls moyens susceptibles de freiner l’épidémie, le terrain africains étant largement occupé par les églises chrétiennes qui disposent de moyens financiers conséquents.

Cette promotion lors de la conférence de la fidélité et de l’abstinence comme seuls outils de prévention a soulevé une forte protestation dans le milieu activiste et les associations françaises présentes. A l’initiative du PATAM (Mouvement panafricain d’accès aux soins), plus de 60 organisations, parmi lesquelles Action Aid, Médecins sans frontières (MSF  ), ont signé une déclaration contre la politique du PEPFAR   (Plan d’aide d’urgence du président pour le VIH  -sida  ), qui conditionne l’attribution de ses aides au renoncement au préservatif comme moyen de prévention.

La prochaine Cisma se tiendra en septembre 2007 à Libreville au Gabon.

S. Dekens


Publié sur OSI Bouaké le mardi 28 février 2006

 

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