Accueil >>  VIH/Sida >>  Conférences >>  CISMA 2005 à Abuja

La famille africaine au coeur de la crise provoquée par le sida


Mots-Clés / Conférence

ABUJA (AFP) - La pandémie de sida   menace directement la famille africaine, dans ses structures traditionnelles et sa survie économique même, mais la cellule familiale pourrait inspirer de nouvelles stratégies de lutte contre la maladie, selon des experts réunis à Abuja. "Le VIH   menace la stabilité des familles africaines, des efforts plus importants sont nécessaires dans la prévention et le traitement pour inverser cette tendance", a averti l’Onusida  , l’agence spécialisée des Nations unies, dans un communiqué publié à l’occasion de la 14e Conférence internationale sur le sida   et les maladies sexuellement transmissibles en Afrique (Cisma).

"L’augmentation des nouvelles infections (3,2 millions, 64% du total mondial) et des décès liés au sida   (2,4 millions en 2005) affaiblit grandement la capacité des familles africaines à survivre dans la mesure où la maladie érode leurs ressources économiques et physiques, aggrave donc la pauvreté et augmente l’insécurité alimentaire", souligne le texte.

Le continent compte 60% des séropositifs ou malades dans le monde, soit plus de 25 millions d’Africain, et l’espérance de vie s’est effondré dans de nombreux pays.

Reconnaissant l’échec des campagnes de prévention et des mesures d’accès aux soins, les experts réunis à Abuja cherchent de nouveaux moyens de faire face à la pandémie, notamment grâce aux valeurs et traditions familiales africaines.

L’histoire du Nigérian Elisha Ishaku, né en 1982, est typique. "J’ai entendu parler du VIH  -sida   pour la première fois en 1992, mais je croyais que c’était réservé aux prostituées. Je me comportais comme tous les jeunes Nigérians, tous les jeunes Africains, en évitant les prostituées," raconte-t-il au cours d’une session de la Cisma.

Ce n’est qu’après être entré dans la marine - "j’avais toujours rêvé d’être soldat" - qu’il a appris sa séropositivité. Chassé de l’armée pour "inaptitude physique", il avait déjà contaminé sa femme sans le savoir.

"Notre fils de deux ans, Cliff, est aussi séropositif. Chaque jour nous nous demandons qui d’entre nous est la prochaine personne qui va mourir," explique-t-il, évoquant les difficultés qu’il rencontre pour payer le traitement pour toute sa famille.

Selon Médecins sans frontières (MSF  ), qui plaide pour une distribution gratuite, un traitement antirétroviral coûte en moyenne 96 dollars par an dans le cadre du programme anti-sida   nigérian. Une fortune dans un pays où une large majorité de la population vit avec moins d’un dollar par jour.

La directrice adjointe de l’Unicef, Rima Salah ajoute à ce tableau désastreux le nombre croissant d’enfants qui deviennent chef de famille et sont privés "de leurs droit à l’éducation".

L’Unicef estime à 20 millions le nombre d’orphelins du sida   sur le continent, chiffre en constante progression.

"La famille traditionnelle africaine, dans le sens de sa solidarité réelle ou mythique, ne peut plus supporter le poids économique provoqué par la pandémie", affirme Michel Sidibé, directeur adjoint de l’Onusida  .

Une fois constatée la fragilité grandissante de la famille africaine face à la pandémie, les propositions sont rares et visent surtout à pallier les lacunes des Etats.

"Nous devons utiliser l’héritage culturel africain, la tradition, le système social pour développer des stratégies propres à réduire l’expansion du VIH  -sida  ", explique à l’AFP le président de la Cisma, Fémi Soyinka.

"Il s’agit de renforcer le rôle des parents, de la hiérarchie familiale, de regarder ce qui est bon dans nos cultures et de le développer (solidarité familiale, récupération des orphelins), mais aussi de rejeter ce qui va à l’encontre du combat contre le sida  ", comme la stigmatisation encore très répandue des personnes infectées.


Publié sur OSI Bouaké le lundi 5 décembre 2005

 

DANS LA MEME RUBRIQUE