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Côte d’Ivoire : les forces de sécurité ont tué au moins dix manifestants non armés

Les tensions n’ont cessé de croître dans le pays depuis le scrutin du 28 novembre.


Amnesty International - 16 décembre 2010

Des témoins oculaires ont indiqué à Amnesty International qu’au moins dix manifestants non armés avaient été tués jeudi 16 décembre à Abidjan au cours de manifestations massives destinées à protester contre l’impasse politique découlant de l’élection présidentielle.

Les manifestants ont participé à ces manifestations massives à l’appel d’Alassane Ouattara, le président internationalement reconnu à la suite d’une élection contestée. Ces personnes ont entamé leur marche depuis plusieurs quartiers d’Abidjan afin de prendre le contrôle de la Radio télévision ivoirienne (RTI) lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu à bout portant.

« Amnesty International est consternée par cet usage totalement injustifié et disproportionné de la force et appelle les forces de sécurité ivoiriennes à mettre immédiatement un terme à ces homicides, a déclaré Salvatore Saguès, chercheur d’Amnesty International chargé de l’Afrique de l’Ouest. Ceux qui ont ouvert le feu sur ces personnes et ceux qui ont donné l’ordre de tirer devront rendre compte de leurs actes. »

Le mardi 14 décembre, Alassane Ouattara a appelé à des manifestations massives afin de prendre possession de la radio-télévision et de bâtiments gouvernementaux qui étaient encore sous le contrôle de fonctionnaires loyaux à Laurent Gbagbo qui refuse de quitter ses fonctions.

Des témoins oculaires qui participaient à ces manifestations ont dit à Amnesty International qu’au moins neuf personnes avaient été tuées dans deux quartiers d’Abidjan.

Dans le quartier d’Abobo, des témoins ont indiqué qu’au moins six personnes avaient été abattues par les forces de sécurité.

« Lorsque nous avons vu les forces de sécurité près du commissariat du 21e arrondissement, nous avons levé les mains en l’air pour leur montrer qu’on n’était pas armés. Ils ont refusé de répondre et ont lancé des grenades de gaz lacrymogène. Puis, ils nous ont immédiatement tiré dessus. J’ai vu des cadavres dans la rue. Je connais trois d’entre eux », a dit au téléphone un témoin oculaire à Amnesty International.

Près du carrefour Makassi, vers 9 heures du matin, des forces de sécurité ont lancé des gaz lacrymogènes puis ont ouvert le feu sur un autre groupe de manifestants, tuant trois personnes, y compris un laveur de voiture, Salami Ismaël, qui se trouvait non loin de là mais ne participait pas à la manifestation.

« Un jeune homme, laveur de voiture, qui ne participait pas à la manifestation, a été abattu par deux hommes portant des uniformes militaires et des cagoules. Le jeune homme était debout dans son garage et attendait des clients pour laver leurs véhicules lorsque deux militaires sont arrivés. L’un d’entre eux lui a fait un croche-pied et il est tombé par terre. L’un des militaires qui portait des lunettes de soleil l’a abattu à bout portant », a dit un témoin oculaire à Amnesty International.

« Il faut tout faire pour éviter l’escalade de la violence. Il y a un réel risque qu’un grand nombre d’autres personnes perdent la vie si les forces de sécurité continuent à tirer sans distinction sur les manifestants », a dit Salvatore Saguès.

« La Côte d’Ivoire n’a jamais été aussi proche d’une reprise de la guerre civile. Tout doit être fait pour éviter de nouvelles violences qui peuvent avoir des répercussions énormes sur le pays et toute la sous-région poussant des milliers de personnes à fuir le pays. »

Le second tour de l’élection présidentielle a été reporté à cinq reprises depuis 2005.

Pour beaucoup, cette élection allait annoncer la fin de la crise qui a commencé avec le lancement de l’insurrection armée de septembre 2002 et a abouti à la partition du pays en deux. Mais suite au scrutin du 28 novembre 2010, les deux candidats se sont proclamés présidents et ont nommé des gouvernements respectifs. Les tensions n’ont cessé depuis lors d’augmenter.

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI  ) Luis Moreno-Ocampo a indiqué jeudi 16 décembre qu’il engagerait des poursuites contre quiconque serait responsable de violences meurtrières en Côte d’Ivoire, suite aux contestations dont a fait l’objet l’élection présidentielle contestée.


VOIR EN LIGNE : Amnesty International
Publié sur OSI Bouaké le jeudi 16 décembre 2010

 

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