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La Thaïlande autorise des génériques de médicaments protégés par des brevets


La Thaïlande, très active dans la lutte contre le sida  , a autorisé, lundi 29 janvier, la fabrication et la distribution à moindre coût de versions génériques de deux médicaments, dont l’un entre dans les thérapies contre le VIH  .

Le ministère de la santé a annoncé l’émission de licences nationales pour les versions génériques du Kaletra, fabriqué par le groupe américain Abbott Laboratories, un antisida moderne, et du Plavix, produit par Sanofi-Aventis, un anticoagulant dans les traitements cardiologiques. Deux médicaments dont les brevets ne sont pas encore tombés dans le domaine public.

Mais Bangkok a excipé des dispositions de la charte de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) autorisant l’abrogation temporaire des brevets en cas de crise sanitaire.

Environ 20 000 des 500 000 Thaïlandais atteints par le VIH   ont développé une résistance à la première version de la thérapie rétrovirale initialement mise en circulation par les autorités pharmaceutiques de Bangkok. Elles ont désormais besoin de la combinaison de deux substances (lopinavir et ritonavir) commercialisées sous la marque Kaletra. La Thaïlande avait déjà autorisé, en novembre 2006, un générique d’un autre médicament antisida, l’Efavirenz, de l’américain Merck.

Dans le cas du Plavix, son argumentation juridique est moins évidente. Les 200 000 patients concernés peuvent-ils être considérés comme présentant un risque de santé publique ?

"Décision courageuse"

Abbott commercialise le Kaletra en Thaïlande à 2 200 dollars (1 750 euros) par an et par patient. Son générique réduit la facture d’un tiers. La réduction est de 90 % pour le Plavix.

Invoquant le droit d’accès aux médicaments, le ministre de la santé, Mongkol na Songkhla, a déclaré : "Une grande partie de nos malades ne peut payer vos médicaments et nous voulons que la population ait accès aux traitements dont elle a besoin."

Des éditorialistes ont apporté leur soutien au gouvernement, un acte notable en période de politique incertaine. Le représentant de Médecins sans frontières (MSF  ), Kannikar Kijtiwatchakul, a salué "une décision courageuse".

Dans un premier temps, Bangkok importera d’Inde les deux génériques. Mais l’idée du gouvernement est de les faire fabriquer localement. A l’instar de l’Inde, la Thaïlande veut en effet bâtir une industrie pharmaceutique digne de ce nom. Quitte à devoir contourner le droit de la propriété intellectuelle.

La Fédération internationale des associations et manufacturiers pharmaceutiques (IFPMA), par la voix de son directeur général Harvey Bale, a appelé Bangkok à des "discussions directes" avec les laboratoires concernés.

Le président de l’Association (thaïlandaise) des fabricants et de la recherche pharmaceutiques, Teera Chakjnaorodom, représentant le "big business" pharmaceutique associé aux laboratoires internationaux, a brandi la menace d’un retrait des investisseurs.

L’ambassade des Etats-Unis, elle, a fait demander "des explications" au gouvernement. Le Wall Street Journal protestait, mercredi, contre une "nationalisation des licences pharmaceutiques".

Le Monde - Francis Deron Article paru dans l’édition du 01.02.07


Publié sur OSI Bouaké le vendredi 2 février 2007

 

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