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Zambie : Les répercussions de la suspension de l’aide sida


Mpulungu, 28 septembre 2009 (IRIN) - En Zambie, les gens vivant avec le VIH   dans les zones rurales ressentent fortement le gel du financement par les donateurs, après des allégations sur la corruption du gouvernement zambien, car ce sont eux qui reçoivent la part du lion dans le soutien financier au VIH  /SIDA  .

« Nous souffrons beaucoup, ici, nous devons venir tous les mois [au centre de santé] dans la ville de Mpulungu pour recevoir des médicaments », a dit Evans Sikazwe, qui vit dans le district de Mpulungu dans la province du Nord, à 1 100 km au nord de la capitale Lusaka.

« Avant, le personnel médical avait l’habitude de nous suivre et de nous apporter les médicaments dans notre région, mais ces deux derniers mois, nous venons de nous-mêmes [pour les avoir] », a dit M. Sikazwe à IRIN. Il vit avec le VIH   depuis deux ans et doit faire 70 km chaque mois pour avoir accès aux antirétroviraux (ARV  ).

Dans l’ensemble du pays, environ 200 000 Zambiens ont accès aux antirétroviraux dans différents centres de santé gouvernementaux, mais seules les cliniques en ville sont mandatées pour administrer des ARV   dans les districts ruraux.

En l’absence de financement des donateurs, des programmes de proximité comme les unités mobiles de conseil et de dépistage et les services ARV   sont interrompus. La clinique de Mpulungu est le principal centre de référence pour les 82 000 habitants du district.

« C’est vraiment regrettable, en particulier pour des gens comme moi qui sont sous ARV   et aussi sous traitement contre la TB [tuberculose]. C’est très difficile… C’est comme nous punir et pourtant nous avons besoin du soutien de tous », a dit M. Sikazwe.

Corruption

En mai 2009, plusieurs bailleurs de fonds, y compris les deux principaux donateurs pour la Zambie, les gouvernements des Pays-Bas et de la Suède, ont annoncé la suspension de l’aide après la confirmation que des hauts responsables du gouvernement avaient détourné du ministère de la Santé cinq millions de dollars provenant du financement des donateurs.

En Zambie, les bailleurs de fonds fournissent 55 pour cent du budget de la santé pour la prévention et le traitement du paludisme, de la tuberculose et du sida  , ainsi que pour la formation du personnel médical.

La position ferme adoptée par l’administration de l’ancien président Levy Mwanawasa avait plu à l’ensemble des donateurs, mais depuis sa mort en août 2008, l’administration de son successeur, le président Rupiah Banda, est considérée comme trop indulgente sur les questions de corruption.

A la suite de cette suspension de l’aide, la Commission Anti-Corruption de la Zambie (ACC) et son Auditeur général enquêtent sur les plaintes pour corruption et un certain nombre de responsables de haut niveau ont comparu devant un tribunal. Cependant, les donateurs insistent sur le fait que la Zambie doit satisfaire certains critères dans le domaine de la bonne gouvernance et de la gestion des finances publiques avant que d’autres financements ne soient accordés.

« La crise dans la gestion financière du secteur de la santé, la question d’une source unique pour l’approvisionnement des hôpitaux mobiles, des questions autour des investissements dans le secteur routier et un manque général de progrès dans la réforme de la gestion financière au sein du gouvernement constituent les points les plus notables », a dit Harry Molennar, l’ambassadeur des Pays-Bas en Zambie, à un journal local, le Times of Zambia.

« Les récents développements en Zambie concernant les cas de corruption de haut niveau, et la réponse internationale à cela, sont des exemples pertinents pour illustrer le besoin tant d’une direction politique forte dans la lutte contre la corruption, que de la détermination de ce même pouvoir politique de laisser la justice avancer de manière indépendante et transparente », a-t-il dit.

Obert Mubyana, chargé des programmes Tuberculose et VIH   du district à Mpulungu, a dit à IRIN que « depuis les trois ou quatre derniers mois [depuis la suspension de l’aide des donateurs], la situation a été très difficile. Nous ne pouvons pas nous déplacer… [et] nous avons beaucoup de patients que nous devons surveiller ». Le manque de financement s’est aussi traduit par le fait que les patients vivant dans des endroits isolés et qui doivent démarrer la prise d’ARV   ne le peuvent pas.

« La subvention… mensuelle… des donateurs et du gouvernement s’élève à 120 millions de kwacha [27 000 dollars], mais après le retrait [du financement des donateurs] nous ne recevons que 40 millions de kwacha [9 000 dollars]. Ce n’est pas suffisant parce que…[nous devons] faire fonctionner l’unité mobile de conseil et de dépistage, les [services ARV  ], nous avons besoin d’essence, nous avons besoin d’indemnités, alors nous avons dû suspendre de nombreux programmes », a dit Mubyana.

Carrefour commercial

Mpulungu, seul port zambien sur le lac du Tanganyika et carrefour commercial régional, attire des gens venant des pays voisins comme la Tanzanie, le Rwanda et le République Démocratique du Congo, c’est une zone à haut risque pour la transmission du VIH  .

La ville abrite des milliers de travailleurs du sexe, dont certains voyagent sur les autoroutes du pays. « Nous sommes venues ici ce mois-ci, nous irons à Kapiri Mposhi [ville située sur la route principale à 150 km au nord de Lusaka] la prochaine fois. Nous allons aussi à Chirundu [sur la frontière avec le Zimbabwe], même à Nakonde [frontière avec la Tanzanie] », a dit une travailleuse du sexe adolescente à IRIN. Elle demande 1,25 dollar pour ses services.

La prévalence du VIH   est de 12,6 pour cent – la moyenne nationale est de 14 pour cent – mais des statistiques officieuses venant de structures de soins locales estiment que le taux pourrait être plus élevé. A la clinique de Mpulungu, 2 308 personnes ont effectué un test de dépistage du VIH   depuis 2006, parmi lesquels 1 199 se sont révélés positifs et 1 189 suivent un traitement.

« Bien sûr, la plupart des gens ne viennent ici que lorsque leur état est vraiment critique, après les échecs avec leurs… [guérisseurs traditionnels], alors il pourrait y avoir une marge d’erreur », a dit à IRIN Flexon Mauluka, un opérateur de saisie à la clinique.


Publié sur OSI Bouaké le mardi 29 septembre 2009

 

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