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France : Présidentielles 2007



Aides et Act Up-Paris ont multiplié les démarches pour être reçus par tous les candidats à la présidentielle, pour connaitre leur point de vue et leur engagements concernant la lutte contre le SIDA  . Nous avons décidé de relayer ici leur communiqués de presse afin d’alerter à notre tour les visiteurs du blog.


Act Up-Paris

Si Nicolas Sarkozy est élu, nous pouvons faire une croix sur la politique de santé - 18 Avril 2007

Aujourd’hui, des militantEs d’Act Up-Paris revêtent l’entrée du ministère de la Santé et des Solidarités d’un dais noir pour figurer la mort du système de santé qui ne manquerait pas d’accompagner l’élection de Nicolas Sarkozy. Les programmes présidentiel et législatif de l’UMP représentent en effet une grave menace pour l’accès à la prévention, au dépistage et aux soins en France et dans le monde.

Pour nous, association de malades, dénoncer aujourd’hui la déshérence du ministère de la Santé n’a rien d’anodin. Depuis cinq ans que nous subissons une concentration des pouvoirs dans les mains de l’UMP, les attaques portées contre le système de santé, contre le droit des malades et contre les minorités les plus exposées à l’épidémie ont été d’une violence rare.

Chaque fois que nous avons interpellé les ministres de la Santé successifs, ils se sont réfugiés derrière leur absence de poids au sein du gouvernement pour se dédouaner de mesures qu’ils savaient pourtant aberrantes en matière de lutte contre le sida  .

De tous les membres du gouvernement, Nicolas Sarkozy aura été celui dont le mépris pour les enjeux sanitaires est le plus flagrant :

ministre de l’intérieur, il a construit un dispositif répressif visant particulièrement les minorités les plus exposéEs à l’épidémie : prostituéEs, usagerEs de drogues, jeunes, étrangèrEs, ce qui les a éloignées des structures de prévention, de dépistage ou d’accès aux soins.

ministre des finances, il a montré qu’il sacrifiait la santé à des impératifs budgétaires. Il a ainsi plaidé, en 2004, pour une réforme de la Sécurité sociale encore plus dévastatrice.

Président de l’UMP, il a milité pour le démantèlement de l’Aide Médicale d’Etat et remis en cause l’accès aux soins des malades sans-papierEs.

Si le candidat de l’UMP est élu président de la République, le ministère de la santé ne sera plus qu’une coquille vide. Que resterait-il en effet de la santé publique une fois ces mesures mises en place ?

  • Instauration de quatre franchises illimitées sur les examens biologiques, les médicaments, les visites médicales et les hospitalisations. C’est-à-dire, restriction de l’accès aux soins des malades les plus précaires et obstacle à la prévention et au dépistage précoce ;
  • Remise en cause de la prise en charge à 100% des séropositifVEs ;
  • Expulsion des malades étrangerEs dans des pays où ils-elles mourront faute de soins ;
  • Fermeture des hôpitaux de proximité et dérégulation du système hospitalier ;
  • Conditionnement de l’Allocation Adulte Handicapé à la reprise d’une activité.

Sarkozy 2007-2012 : nous n’y survivrons pas.

Et vous non plus.

SIDA   : Après les déclarations de François Bayrou, Nicolas Sarkozy est le dernier candidat à refuser de s’engager - 31 mars 2007

Comme il s’y était engagé lors de notre rencontre avec lui, François Bayrou a réitéré publiquement ses engagements en matière de lutte contre le sida  , à l’occasion de la 4e conférence francophone.

Act Up-Paris en prend acte.

Définitivement, Nicolas Sarkozy est le dernier candidat d’un parti de gouvernement à refuser de recevoir les associations de lutte contre le sida   et les associations de malades ; le seul à refuser de s’engager sur la lutte contre la pandémie.

De fait, Act Up-Paris rejoint l’analyse de AIDES : Nicolas Sarkozy n’en a « rien à cirer » du sida  .

François Bayrou s’engage à ce que la France paie sa part dans la lutte contre le sida   - 29 mars 2007

Après avoir essuyé un premier refus, Act Up-Paris a rencontré François Bayrou ce jeudi 29 mars. La rencontre a porté principalement sur l’engagement de la France dans la lutte contre le sida   au niveau international.

François Bayrou nous a assuré que s’il était élu, il tiendrait les engagements financiers pris par la France dans le cadre du G8 pour un accès universel aux traitements, soit une contribution française d’un milliard d’euros dès 2008 (0,05 % du PIB des pays du G8). Il s’est également engagé à tout mettre en œuvre pour que les pays pauvres puissent enfin se procurer des versions génériques des médicaments vitaux - et ce malgré les brevets et l’opposition de l’industrie pharmaceutique, à l’instar de Sanofi et Abbott [1].

Le candidat de l’UDF a accepté de communiquer publiquement sur ces engagements lors de la conférence VIH   francophone qui se tient du 29 au 31 mars à la Cité des Sciences à Paris. Un silence de sa part décrédibiliserait les promesses tenues aujourd’hui.

François Bayrou a par ailleurs entendu les revendications d’Act Up-Paris en matière de droits sociaux et d’accès aux soins des malades étrangèrEs. Mais pour être crédible, il lui faudra s’engager publiquement, en particulier sur la revalorisation de l’AAH au niveau du SMIC et sur l’adaptation des conditions de reconnaissance du handicap   pour les malades atteintEs de pathologies graves ou évolutives. Et il devra se démarquer clairement des politiques de remise en cause de la protection juridique des malades étrangèrEs, menées par la majorité à laquelle il a jusqu’à présent participé.

À ce jour, Nicolas Sarkozy est le seul candidat d’un parti de gouvernement à ne pas avoir daigné répondre aux sollicitations des associations de lutte contre le sida  . http://www.actupparis.org/article2947.html

François Bayrou refuse de parler avec des malades du sida   - 21 mars 2007

François Bayrou refuse de rencontrer les associations de malades. A la place, il nous est proposé comme à Aides un rendez-vous avec un vague conseiller technique. Nous, malades du sida  , prenons la décision de François Bayrou pour une insulte. En refusant de rencontrer des représentantEs d’une association de malades, le candidat de l’UDF montre de façon évidente son mépris pour nos préoccupations. Notre santé, nos vies, nos droits, la lutte contre une épidémie qui tue 10 000 personnes par jour : François Bayrou s’en moque.

Rappelons au candidat UDF que son parti est au gouvernement depuis 5 longues années. A ce titre, François Bayrou nous doit des comptes : comment ose-t-il nous promettre qu’il ferait la différence avec Nicolas Sarkozy, alors que son parti n’a cessé d’appuyer la politique criminelle de l’UMP ?

François Bayrou a bien conscience des limites de son discours actuel : c’est la raison pour laquelle il ne veut pas voir en face à face des malades militantEs.

http://www.actupparis.org/article2929.html

Royal et la lutte contre le sida   : enfin des engagements... A concrétiser - 15 mars 2007

A l’occasion d’un rendez-vous obtenu par Act Up-Paris, les associations de lutte contre le sida   ont rencontré Ségolène Royal et son équipe, mercredi 14 mars.

La candidate du Parti Socialiste s’est enfin positionnée plus clairement sur les thèmes de la prévention, de la recherche, de l’accès aux soins et des droits des malades, de l’égalité des droits, et du financement de la lutte contre le sida   sur le plan international.

Act Up-Paris salue ces premiers engagements du PS.

Mais certains d’entre eux sont encore très insuffisants :

  • Sur l’accès aux soins des étrangerEs : il ne s’agit pas seulement de revenir sur les restrictions apportées par la droite, mais d’ouvrir la CMU à touTEs les étrangerEs, comme le préconise le groupe d’experts sur la prise en charge médicale des personnes infectées par VIH  .
  • Sur le financement de la lutte contre le sida   au niveau mondial, l’annonce reste bien en deçà des engagements pris par la France, qui devrait augmenter sa contribution de 780 millions de dollars en 2007.
  • Sur l’accès à la prévention dans les prisons, il ne s’agit pas seulement de distribuer des préservatifs mais aussi de mettre en œuvre une politique de réduction des risques qui inclut la substitution et l’accès à des seringues propres, comme c’est déjà le cas dans plusieurs pays européens. En matière de santé, Ségolène Royal doit s’engager plus clairement en faveur de la suspension de peine et sur l’incompatibilité de la séropositivité avec la détention.

D’autres aspects sont clairement à retravailler :

  • Pour une réelle reconnaissance du handicap   des personnes atteintes de pathologies lourdes, dont la situation est gravement mise à mal par l’application de la récente loi sur le handicap   (février 2005). Ségolène Royal doit aussi s’engager à garantir la reconnaissance du caractère prioritaire de l’accès de ces personnes au logement social.
  • En matière de prévention, la candidate du PS doit s’engager pour la légalisation des drogues, sur le statut des travailleurSEs sexuelLEs et sur la prise en compte de la situation alarmante des départements d’outre-mer.
  • Le soutien au financement de la recherche, notamment en garantissant le paiement par l’Etat des charges sociales des contrats post-doctoraux .
  • La défense des droits humains fondamentaux bafoués dans de trop nombreux pays, souvent à l’origine d’entrave aux moyens de prévention et d’accès aux soins, ce qui favorise l’épidémie de sida  .
  • L’inclusion dans une politique internationale de mesures pour accroître le personnel de santé dans les pays pauvres, afin d’y faire face à l’épidémie.

Nous attendons de Ségolène Royal qu’elle tienne une parole publique sur la lutte contre le sida   et qu’elle précise ses engagements. Lors de la journée santé qu’elle organise le 2 avril prochain, par exemple. A ce jour, les candidats de l’UDF et de l’UMP n’ont pas daigné répondre aux sollicitations des associations de lutte contre le sida  .

http://www.actupparis.org/article2927.html


Aides

Les réponses de José Bové à nos revendications

Pour une lutte mondiale contre le sida   à la hauteur des enjeux !

Même s’ils ont augmenté ces dernières années, les moyens mobilisés par la communauté internationale contre le sida   sont notoirement insuffisants par rapport aux besoins. Il est insupportable que 16 000 personnes soient infectées chaque jour alors qu’existent des moyens efficaces de prévention. Il est insupportable que 95 % des malades n’accèdent pas aux traitements, alors que ceux-ci permettent de mettre le virus sous contrôle. Il revient aux Etats et aux organismes internationaux de prendre leurs responsabilités : augmenter le volume financier global, développer la taxe sur les billets d’avion, augmenter l’aide publique au développement, comme vous le proposez. La France s’honorerait à augmenter significativement son engagement, notamment dans le cadre du Fonds mondial de lutte contre le sida  , la tuberculose et le paludisme.

Mais il faut aller plus loin. On ne peut ignorer que la cartographie de l’épidémie recouvre celle des inégalités mondiales. La lutte contre le sida   et le combat contre la mondialisation capitaliste sont étroitement liés. Il faut obtenir l’instauration d’une responsabilité sociale de l’industrie pharmaceutique, qui ne peut continuer à dicter ses conditions au monde entier. Concrètement, il s’agit d’obtenir une baisse substantielle des prix des traitements et de généraliser le recours aux médicaments génériques. Il est scandaleux que des Etats qui souhaitent mettre en œuvre des politiques d’accès aux traitements soient entravés par le marché. Plus largement, c’est bien sûr la question du développement des pays du Sud qui est posée.

Le grand défi planétaire est l’instauration de services publics de santé accessibles à tous et la création simultanée de système de protection sociale. En effet, si l’initiative privée doit être soutenue, nous savons d’une part qu’elle ne répond jamais à la hauteur des besoins, d’autre part qu’elle est souvent inégalitaire. La démonstration a été faite qu’une action de terrain dotée des moyens nécessaires est efficace, avec dans certaines régions du monde des baisses importantes de la prévalence. Il n’y a aucune excuse : la mobilisation doit changer d’échelle et viser à stopper l’épidémie.

Cela passe aussi par une action très forte contre les discriminations et pour marginaliser les attitudes irresponsables qui font le jeu de l’épidémie. Enfin, même si la recherche vaccinales connaît de réelles difficultés, il convient d’anticiper sur les conditions de sa production, sur son coût et sa diffusion. Il est insupportable que s’ajoute au caractère inégalitaire de l’épidémie une inégalité face aux moyens de s’en prémunir.

Pour une vraie politique de réduction des risques en prison !

Votre question me conduit à évoquer plusieurs enjeux. Premièrement, les usagers de drogue n’ont pas leur place en prison au motif qu’ils consomment des drogues. La loi de 1970 doit être remplacée et la dépénalisation de l’usage de drogues décidée. Pour la remplacer, il faut deux lois : l’une en faveur de l’éducation et de la prévention ; l’autre qui concerne strictement la répression des trafics, dans l’attente que le nécessaire débat sur la prohibition ait lieu. Deuxièmement, il faut promouvoir tous les outils de prévention – y compris bien sûr la mise à disposition de seringues - et d’accompagnement. La réduction des risques a été efficace pour réduire fortement l’incidence du sida   parmi les usagers de drogues par voie intraveineuse : j’y ai toujours été et j’y suis totalement favorable. Concernant les traitements de substitution, je suis favorable à leur mise à disposition en prison. Il n’y a aucune raison que la palette des traitements disponibles en milieu carcéral soit différente de celle existant en milieu libre. Dans le même temps, la « médicalisation de l’existence », cette tendance à médicaliser les problèmes sociaux et à les gérer par le recours à des produits, doit nous interroger.

Pour une prévention adaptée aux femmes !

Comme vous le proposez, la promotion de la diffusion du préservatif féminin est indispensable. Cela suppose une forte diminution de son prix et un accompagnement pédagogique pour faciliter son appropriation, le développement de la prévention. Un tel effort est à concevoir en articulation avec le combat féministe, car il s’agit non seulement d’élargir la palette des moyens de prévention mais bien d’un enjeu d’émancipation. Permettez moi une réflexion connexe. Il est urgent que l’Etat prenne l’initiative de relancer une politique de prévention digne de ce nom, bien au-delà des campagnes ponctuelles de communication. La conception même de la prévention pose question : s’agit-il d’une prévention éducative, permettant à chacun de faire ses choix, ou s’agit-il d’une prévention fondée sur la culpabilisation et la normalisation ? Le soutien aux acteurs, associations et professionnels, est décisif : ce sont eux qui sont les plus proches des personnes. La prévention n’est pas qu’une question d’outils, même si la recherche sur de nouveaux outils de prévention doit bien sûr être développée : c’est une affaire de relation, de confiance, de renforcement des capacités de chacun à se prémunir.

Pour une véritable égalité des droits !

Comme j’ai eu déjà l’occasion de le souligner, je suis favorable au mariage homosexuel et à l’ouverture de l’adoption aux couples homosexuels.

Pour des conditions de vie décentes !

En France aussi, le visage de l’épidémie recouvre largement celui des inégalités sociales : les populations précaires, particulièrement les femmes d’origine migrante, sont à la fois les plus proches des risques et les plus éloignés du soin. Il faut donc, à côté des dispositifs qui s’adressent à toute la population, des dispositifs spécifiques. Evidemment, la revalorisation des prestations d’aide sociale, le développement des services d’aide aux personnes sont indispensables. Cependant, il faut plus largement une politique économique et sociale qui permettent aux gens de sortir de la misère et de la précarité, et non se contenter de mesure d’accompagnement des difficultés. D’autre part, il importe de défendre la sécurité sociale et de renforcer l’accès aux soins. Ce sont les besoins de santé qui doivent orienter les politiques publiques. Dans ce cadre, il faut être constamment vigilant concernant le maintien de la prise en charge à 100 %, voire son élargissement. Les conditions d’attribution des aides et des prestations doivent être élargies. Par exemple, en contradiction avec les annonces gouvernementales et avec la priorité affichée par Jacques Chirac au début de son mandat, les conditions d’attribution à la nouvelle prestation de compensation du handicap   sont très restrictives. Enfin, les associations et les professionnels continuent de dénoncer de nombreux cas de discrimination. Les formes d’exclusion des malades persistent. Il est de la responsabilité de l’Etat de soutenir la mobilisation des forces vives de la nation pour combattre ces discriminations : là aussi, il s’agit d’une question de cohésion et de solidarité nationales. La lutte contre les discriminations à l’embauche, au travail et pour l’accès au logement constituent des enjeux essentiels, face auxquels les pouvoirs publics ont un rôle essentiel.

Rencontre avec une délégation du PCF

Le 4 avril, une délégation de AIDES a été reçue au siège du Parti communiste français, en présence notamment du directeur de campagne de Marie-Georges Buffet.

Quelques semaines après avoir arpenté les rues du très chic 7e arrondissement de Paris pour se rendre au siège de l’UDF, la délégation de AIDES a cette fois traversé le populaire 19e arrondissement pour répondre à l’invitation du PCF.

Christian Saout, président de AIDES, et Marie-Georges Buffet, candidate du PCF, ayant été empêchés, c’est Vincent Pelletier, directeur général de AIDES, et Patrice Cohen-Seat, directeur de campagne de M-G. Buffet, qui ont emmené leur délégation respective.

Vincent Pelletier a tenu tout de suite à faire état du plaisir que nous avons eu à la lecture des réponses de Marie-Georges Buffet à notre plate-forme de revendications [LIEN]. Ces réponses démontrent que sur bien des sujets, le Parti communiste répond aux attentes de AIDES.

Loin de la confrontation d’opinions contradictoires, la rencontre a permis de constater la volonté du PCF de continuer à œuvrer, à côtés des associations, à la lutte contre le sida  . Sur ce sujet du lien entre les associations et les forces politiques, Patrice Cohen-Seat a tenu à présenter un projet novateur du PCF, la création, en remplacement du sénat, d’une chambre recueillant les initiatives des associations et des collectivités territoriales. Le PCF entend ainsi donner les moyens aux associations de pouvoir réellement intervenir sur le champ politique. AIDES partage cette volonté. Nous voulons changer la société, faire en sorte que les malades soient plus écoutés, ne pas nous cantonner à ce rôle que nous confie souvent l’Etat : « celui de prestataire de service, de gestionnaire de l’épidémie », pour reprendre les mots d’Olivier Denoue, directeur de la communication de AIDES.

Autre préoccupation commune, celle de faire émerger un réel débat sur la santé. Aujourd’hui, celle-ci n’est abordée que de façon biaisée, via le déficit de la sécurité sociale, sans qu’il soit possible de pouvoir poser les vrais enjeux, ni même de proposer des solutions alternatives pour résoudre ce déficit. Les deux délégations se sont quittées avec la volonté et la certitude de continuer à travailler ensemble pour imposer des solutions visant à enrayer l’épidémie de VIH  /sida  , à améliorer la place des malades dans la société, et à construire ainsi une société plus accueillante, plus tolérante.

A propos des réponses de Nicolas Sarkozy

30 mars 2007

Le 28 mars, quelques heures avant que le Grand Journal de Canal + ne mette en avant notre campagne d’affiches, les réponses de Nicolas Sarkozy à nos revendications nous sont parvenues.

L’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy vient donc enfin de nous envoyer les réponses de son candidat à nos revendications. Notre affiche « voteriez-vous pour moi même si j’en ai rien à cirer du sida   ? » n’a en conséquence plus lieu d’être.

Il aura quand même fallu deux mois à Nicolas Sarkozy pour nous répondre, pour répondre aux interrogations de centaines de milliers de personnes concernées par le sida  . Nul doute que nous avons affaire à des réponses de qualité ! Revue de détail.

Sur la mise en place de programmes d’échanges de seringues en prison : il n’y est pas favorable, mais « il appartiendra aux ministres concernés, si je suis élu, de prendre les décisions adéquates en la matière ». Petite ouverture donc. Sur la revalorisation de l’allocation adulte handicapée (AAH) à hauteur du Smic : Il y est opposé, le Smic étant une « contrepartie du travail », pas une allocation. Il propose cependant de revaloriser l’AAH de 25%, ce qui la porterait à environ 760 euros. On est encore loin d’un revenu décent.

Sur l’extension de la loi de 1987 sur l’obligation d’emploi aux personnes souffrant d’affections de longue durée, il est contre et préfère « accélérer et uniformiser l’examen des dossiers présentés devant les COTOREP pour que les malades du sida   puissent bénéficier de l’AAH et donc entrer dans le quota d’emploi afférent à ce statut ». C’est à une « rupture tranquille », mais alors vraiment très tranquille que l’on a affaire ici.

A la place du mariage entre personnes de même sexe, il propose une « nouvelle forme d’union civile » ; à la place de l’adoption plénière que nous revendiquons pour les couples de même sexe, il défend « la création d’un statut de beau-parent ». Au sujet de l’Aide médicale d’Etat et de son remplacement par la CMU pour toute personne précarisée résidant en France : hors de question. Nicolas Sarkozy n’a de toute façon « aucune leçon à recevoir », puisqu’en tant que ministre de l’Intérieur, il a délivré en 2006 plus de cartes de séjour à des étrangers malades que son prédécesseur socialiste en 2001.

Avec les réponses de Nicolas Sarkozy, on a donc affaire à un champ lexical très développé : « contre », « pas favorable », « opposé »… Il faut reconnaître cependant qu’il n’est pas opposé à toutes nos revendications. Il est ainsi « évidemment favorable au développement du Femidom et du préservatif à 20 centimes d’euros ».

Si nous sommes ravis que Nicolas Sarkozy ait finalement daigné nous répondre, nous ne le félicitons pas pour ses réponses. Plusieurs d’entre elles sont en effet contraires à notre aspiration d’avancer vers une société qui respecterait la dignité des personnes séropositives, qu’elles soient nées ici ou ailleurs, une société plus respectueuse des différences. Une société plus tolérante.

Les réponses de Nicolas Sarkozy à nos revendications

- 28 mars 2007

Pour une lutte mondiale contre le sida   à la hauteur des enjeux !

Je tiens à rendre hommage à l’action du président de la République dont la détermination a permis la création de la taxe sur les billets d’avion et de l’UNITAID   pour l’achat de médicaments contre le sida  , la tuberculose et le paludisme. Je resterai fidèle aux principes qui ont guidé l’action de la France en la matière. Mais je souhaite aussi renforcer l’action bilatérale pour améliorer les systèmes locaux de santé qui sont nécessaires à une utilisation optimale des fonds des initiatives internationales.

Pour l’égalité des chances face à la prise en charge de la maladie !

L’AME   prend en charge des personnes qui se trouvent illégalement sur le territoire français et n’ont donc pas vocation à rester sur ce territoire. La CMU prend en revanche en charge des Français ou des étrangers résidant légalement dans notre pays. Les deux systèmes n’ont pas vocation à fusionner. Ils offrent une couverture équivalente, dont je tiens à souligner la grande générosité. S’agissant du droit au séjour des malades du sida   et des personnes séropositives, je veux m’exprimer avec beaucoup de responsabilité. Il est évident que nous ne devons pas reconduire dans leur pays des personnes qui ne pourraient pas s’y faire soigner. En tant que ministre de l’Intérieur, j’ai appliqué cette éthique avec beaucoup de vigilance. En 2001, le gouvernement socialiste a délivré 2 100 cartes de séjour à des étrangers malades. En 2006, j’en ai délivré plus de 6 000, dont à de très nombreuses personnes atteintes du sida   ou séropositives. Je n’ai donc aucune leçon à recevoir. Le ministre de l’Intérieur ne peut pas être derrière chaque dossier, mais chaque fois que j’ai été saisi d’une situation particulière par Act Up-Paris, j’ai toujours répondu. Cela étant, la France ne peut pas non plus accueillir tous les malades du monde. Si les malades concernés peuvent être soignés dans leur pays d’origine, notre responsabilité est de les reconduire chez eux justement pour pouvoir accueillir dignement ceux qui ne le peuvent pas.

Pour une vraie politique de réduction des risques en prison !

Etre incarcéré, c’est être privé de sa liberté d’aller et venir. Ce n’est pas être exposé au VIH   ou à toute autre maladie. La lutte contre le sida   doit être une priorité permanente, en prison comme ailleurs. Il n’y a donc pas de raison que l’on ne mène pas en prison de politique de prévention et de protection. Les détenus atteints par le virus du sida   doivent avoir accès aux traitements adéquats dans les mêmes conditions que tous nos concitoyens. Les traitements substitutifs doivent être disponibles. Je crois qu’ils le sont et, pour ce motif, a priori, je ne suis pas favorable à l’échange de seringues même s’il appartiendra aux ministres concernés, si je suis élu, de prendre les décisions adéquates en la matière. Par ailleurs, je considère qu’il y a en prison trop de personnes qui relèveraient d’un autre cadre, où l’on pourrait correctement prendre en charge leurs difficultés. C’est le cas en particulier des détenus qui arrivent en prison sous l’emprise de la drogue.

Pour une prévention adaptée aux femmes !

La mise au point d’un vaccin et de traitements moins lourds pour les patients est un enjeu scientifique et de santé publique majeur pour la France, qui a au surplus un rôle à jouer sur le plan international. Je me suis engagé à doubler en cinq ans les moyens consacrés à la recherche médicale. Dans ce cadre, la recherche sur le sida   verra ses moyens très nettement augmenter. Pour le reste, je suis évidemment favorable au développement du Femidom et du préservatif à 20 centimes d’euros. Leur accès doit être favorisé dans tous les lieux et par tous les moyens possibles.

Pour une véritable égalité des droits !

Je souhaite reconnaître la sincérité et la stabilité de l’amour entre personnes homosexuelles, ce que le PACS ne fait à mon sens pas suffisamment. Pour ancrer socialement cet amour, il faut permettre à ces couples de s’unir en mairie et de bénéficier de droits sociaux, patrimoniaux, fiscaux ou encore de droits au séjour, de la même force que ceux conférés par le mariage. Cependant, cette égalité des droits et des devoirs pour tous les couples doit respecter à mon sens les croyances et le modèle familial auxquels se rattache l’institution du mariage. C’est pour cela que je propose de créer une nouvelle forme d’union civile, « l’union », dispositif juridique signé en mairie et ouvrant les mêmes droits que le mariage, à l’exception des aspects relatifs à la filiation et à l’adoption. S’agissant en effet de l’adoption, je considère que la famille s’organise autour d’un père et d’une mère. C’est un modèle biologique dont découle un modèle social. Je sais que dans la réalité, nombre de couples homosexuels élèvent des enfants. Ils le font ni mieux, ni moins bien que des couples hétérosexuels, mais cela ne signifie pas que l’on puisse inscrire dans la loi que la famille, ce peut-être un père et une mère aussi bien que deux pères ou deux mères. Pour autant, l’amour reçu par ces enfants dans ces familles n’est pas moins fort, ni moins important que celui qu’ils recevraient dans une famille traditionnelle. C’est pourquoi je souhaite le protéger en lui reconnaissant une force juridique par la création d’un statut de beau-parent qui concernerait les familles homoparentales comme recomposées.

Pour des conditions de vie décentes !

Le SMIC exprime le revenu que la société estime comme minimal en contrepartie du travail. Il n’exprime pas le minimum considéré comme indispensable pour vivre. En revanche, oui, il n’est pas acceptable que le montant de l’allocation adulte handicapé (AAH) soit inférieur au seuil de pauvreté. Pour corriger cette injustice, je propose de réévaluer l’AAH de 25%. Par ailleurs, la lutte contre les discriminations dans l’accès au logement comme dans l’accès à l’emploi est pour moi une priorité. Cela étant, plutôt que de « gérer » la pénurie en affectant prioritairement tel ou tel bien à telle ou telle catégorie, je préfère tout faire pour que chacun ait accès à tout. Je pense qu’il faut supprimer certaines exigences des bailleurs envers les locataires, obligation de caution et dépôt de garantie, en échange d’une sécurisation du marché locatif. De même, je considère qu’il est anormal que l’on soit exclu du crédit en raison de sa maladie. Je mettrai donc en place un système d’assurance mutualisée pour éviter ce phénomène et permettre à tous les Français d’être propriétaires de leur logement. S’agissant du travail, je ne crois pas que la solution aux problèmes d’insertion professionnelle des malades du sida   soit d’inclure les personnes souffrant d’affections de longue durée dans l’obligation d’emploi des personnes handicapées. Il existe parmi ces affections de longue durée une très grande variété de cas et je ne crois pas que toutes les personnes qui en souffrent souhaitent forcément que leur employeur soit au courant. Il me parait en revanche important de faire en sorte d’accélérer et d’uniformiser l’examen des dossiers présentés devant les COTOREP pour que les malades du sida   puissent bénéficier de l’AAH et donc entrer dans le quota d’emploi afférent à ce statut. Plus globalement, il me parait fondamental de mener une action plus volontariste qu’aujourd’hui pour lutter contre les discriminations à l’emploi, notamment du fait du handicap  . Aujourd’hui, les secteurs privé et public n’emploient que 4% de personnes handicapées. Il faut aller plus loin. Au conseil général des Hauts-de-Seine, j’ai recruté en trois ans 250 personnes handicapées. L’exemplarité de l’Etat en la matière sera pour moi une priorité.

"Voteriez-vous pour moi même si j’en ai rien à cirer du sida   ?" - 20 Mars 2007

Nicolas Sarkozy est le seul des candidats sollicités par AIDES, principal acteur associatif de la lutte contre le sida  , à n’avoir ni répondu à nos revendications ni accepté de nous rencontrer.

Le 31 janvier, Christian Saout, président de AIDES, faisait parvenir un courrier à Nicolas Sarkozy où il l’invitait à agir « pour que le thème de la lutte contre le sida   ne soit pas absent de la campagne présidentielle ».

Dans cette lettre, Christian Saout sollicitait un rendez-vous avec Nicolas Sarkozy afin d’ « échanger sur l’épidémie de sida   et les moyens à mettre en œuvre pour la faire reculer ». Il lui proposait par ailleurs de se prononcer « le plus rapidement sur nos propositions ».

Depuis début février, par mail et par téléphone, AIDES a cherché de nombreuses fois à entrer en contact avec l’équipe de campagne du candidat de l’UMP. Mi-février, après avoir été baladé de postes téléphoniques en postes téléphoniques, un membre de AIDES obtenait enfin une réponse : « c’est en cours de traitement ». C’était un petit pas pour la lutte contre le sida  , mais un pas de géant pour celui qui cherchait depuis des jours à ce que quelqu’un de l’UMP veuille bien lui parler.

Depuis un mois, rien de nouveau, si ce n’est un mail laconique d’un membre de l’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy, en date du 5 mars : « Nous avons bien reçu votre campagne et vous devez savoir tout l’intérêt que nous portons à la lutte contre les discriminations. Bien cordialement. » Ce message était une réponse à celui que AIDES avait envoyé avec le visuel de Nicolas Sarkozy : « voteriez-vous pour moi si j’étais séropositif ? »

Avoir enfin un message de l’UMP nous a redonné espoir, et nous en avons profité pour faire parvenir à ce collaborateur une copie de la lettre envoyée le 31 janvier et l’ensemble de nos revendications.

Deux semaines plus tard, Nicolas Sarkozy et son équipe n’ont toujours pas eu le temps de nous écrire. A ce stade, un simple message, du genre « Nicolas Sarkozy est très occupé. Nous vous contacterons prochainement » nous aurait presque suffit. Il faut donc bien se rendre à l’évidence, Nicolas Sarkozy n’en a rien à cirer des séropositives et des séropositifs.

Nicolas Sarkozy est le seul des candidats sollicités par AIDES, principal acteur associatif de la lutte contre le sida  , à n’avoir ni répondu à nos revendications ni accepté de nous rencontrer.

http://www.aides.org/presse/communiques/sarkozy-2-actu.php

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Alain NOGUES / agence Corbis / © TBWA\Paris

Ségolène Royal, ça manque de concret - 13 Fevrier 2007

Ségolène Royal a dévoilé hier son programme dans lequel figurent la plupart des thématiques relatives à la santé et la lutte contre le VIH  /sida   mais AIDES l’appelle à plus de précision et d’engagement, notamment en répondant aux revendications que l’association lui a fait parvenir.

"Rétablir les moyens pour les soins aux étrangers en situation irrégulière" Tant que l’objectif de l’accès universel aux soins ne sera pas atteint, la France a le devoir de mettre en oeuvre une politique spécifique pour les personnes séropositives ne pouvant bénéficier d’une prise en charge dans leurs pays d’origine. Celle-ci passe par l’accès à la Couverture Maladie Universelle pour toute personne précarisée résidant en France, y compris aux étrangers en situation irrégulière.

"Adapter les conditions d’attribution de l’allocation adultes handicapés (AAH) aux maladies évolutives à diagnostic incertain". Les conditions de vie des personnes touchées par une pathologie chronique évolutive seront améliorées quand l’AAH sera revalorisée à hauteur du SMIC et que son accès sera garanti aux personnes concernées. Actuellement, plus du quart des personnes vivant avec le VIH  /sida   ont une invalidité reconnue donnant droit à des prestations et 43% des personnes séropositives en âge de travailler n’ont pas d’activité professionnelle.

"Défendre l’accès aux soins des malades dans les pays en développement, par la promotion de médicaments génériques moins coûteux." Le développement des médicaments génériques est un axe primordial dans la lutte contre le sida   notamment pour parvenir à l’accès universel aux traitements. Il nécessite cependant une volonté politique forte face aux initiatives des laboratoires contre les producteurs de génériques. A ce sujet, AIDES appelle la candidate à s’engager sur le procès à venir de Novartis contre le gouvernement indien.

De plus, AIDES demande le maintien de la taxe sur les billets d’avion, l’augmentation du volume financier global destiné à la lutte contre le sida   et l’augmentation des volumes d’Aide publique au développement consacrés à la santé.

Enfin, la candidate est floue en proposant de garantir l’égalité des droits pour les couples de même sexe’ sans s’engager fermement pour l’autorisation du mariage ce que AIDES revendique au même titre que l’autorisation de l’adoption plénière

http://www.aides.org/presse/communiques/segolene-royal.php


Publié sur OSI Bouaké le dimanche 1er avril 2007



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