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L’accès aux médicaments de "deuxième ligne" : défi dans la lutte contre le sida



AFP - mardi 3 juillet 2007 - L’accès aux médicaments de "deuxième ligne" prescrits aux séropositifs résistant aux autres antirétroviraux, est un défi dans la lutte contre l’épidémie, mais se heurte à deux obstacles : le coût et l’attitude de certains laboratoires pharmaceutiques, ont estimé mardi des experts. La 8ème édition de "Aids Impact", qui s’achève mercredi, a réuni quelque 500 experts à Marseille. Une des principales questions a concerné l’accès aux médicaments de deuxième ligne, récents et sophistiqués, plus particulièrement pour les patients des pays pauvres. Lorsqu’un patient passe d’un traitement de première ligne - prescrit à une personne après la découverte de sa séropositivité - à des médicaments de deuxième ligne, le coût du traitement est multiplié par 16 pour les pays pauvres et par 48 pour les pays intermédiaires, comme le Brésil ou la Thaïlande, selon les prix des laboratoires, assure Jean-Paul Moatti, directeur à l’Inserm et l’un des organisateurs de la conférence, . "Des prix qui font exploser les budgets des pays pauvres", commente Benjamin Coriat, de l’Agence nationale de recherche sur le Sida  . Selon les statistiques, une personne sous traitement sur 10 passe chaque année en deuxième ligne, souligne M. Coriat, soit parce qu’elle a développé des résistances à ses premiers médicaments, soit parce qu’elle ne les supporte pas. Fin 2006, deux millions de malades du sida   bénéficiaient d’une trithérapie dans les pays en développement, soit environ 30% de ceux en ayant un besoin urgent. "On a consenti de gros efforts pour que les patients soient placés en première ligne. Mais que va-t-il se passer s’ils ne peuvent avoir accès aux nouveaux traitements" ? interroge M. Coriat. La solution ? Que les médicaments de deuxième ligne soient fabriqués, comme ceux de première ligne, sous forme générique dans des pays comme la Thaïlande, le Brésil et surtout l’Inde. Les génériques ont permis de faire passer les traitements de 14.000 dollars par personne et par an pour une trithérapie brevetée, à 150/200 dollars pour un traitement générique", selon M. Coriat. Mais une nouvelle législation est depuis peu applicable : des accords concernant la propriété intellectuelle liée au commerce limitent la fabrication de génériques. Pour l’Inde, les textes sont devenus applicables en 2005. "La plupart des médicaments de deuxième ligne n’étaient pas produits par l’Inde avant 2005. Ce pays ne peut donc pas les produire". Et certains laboratoires tentent d’exercer des pressions pour que des dispositions des accords, qui permettraient à un pays d’autoriser la production d’un générique sans l’accord du détenteur du brevet, pour cause "d’urgence nationale", ne s’appliquent pas. Le laboratoire américain Abbott a ainsi préféré arrêter de vendre en Thaïlande le Kaletra, après que le gouvernement thaïlandais eut décidé d’ignorer les brevets de deux traitements antisida, dont le Kaletra. Dans l’avenir, il faudra certainement revoir en profondeur le système actuel de brevets et de protection intellectuelle, a souligné le professeur Claude Henry, de l’Ecole polytechnique. "On peut aussi souhaiter que des organisations internationales consacrent une partie de leur budget à la commande de génériques", ajoute M. Coriat. "Mais qu’on n’empêche pas les pays pauvres de fabriquer des génériques ! Les laboratoires ont déjà un marché captif, celui des pays riches. Ils ne peuvent avoir le beurre et l’argent du beurre", conclut-il.


Publié sur OSI Bouaké le lundi 9 juillet 2007

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