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Isolées et insultées, les Zimbabwéennes doublement victimes du sida



Harare - Cecilia Chinhamo a découvert qu’elle était séropositive il y a six ans. Depuis, elle endure les insultes de son mari qui refuse de faire un test dans un pays où plus de la moitié des 1,6 million de Zimbabwéens touchés par le sida   sont des femmes.

"Mon mari me crie dessus et me traite de cadavre ambulant", s’attriste cette vendeuse de légumes. "Je ne fais que pleurer quand il me dit ça. Qu’est-ce que je peux faire d’autre ?", se lamente-t-elle.

Comme de nombreuses autres femmes, Cecilia se bat pour que son mari connaisse son statut sérologique et utilise un préservatif. Elle craint pour l’avenir de sa fille de quatre ans.

"Le problème de mon mari, c’est qu’il croit être en forme. Il refuse de faire un test et se dit séronégatif. Parfois, il est d’accord pour mettre un préservatif", s’attriste la jeune trentenaire.

Confrontées au rejet de leurs proches, les Zimbabwéennes se voient peu encouragées à révéler leur maladie dans un pays où le taux de prévalence, en baisse depuis 1999, atteignait l’an dernier 13,7%.

La Coalition internationale de la préparation au traitement (ITPC), réunissant des milliers de personnes infectées, a constaté dans son étude menée en Argentine, au Cambodge, en Moldavie, au Maroc, en Ouganda et au Zimbabwe que les femmes qui révélaient leur maladie étaient très souvent "bannies de leur communauté".

"Dans certains cas, une femme qui ne va pas allaiter à cause de sa séropositivité sera traitée de sorcière par sa belle-famille qui ne comprend pas les problèmes de transmission du virus de la mère à l’enfant", renchérit Carol Mubaira d’ITPC au Zimbabwe.

Les femmes et les jeunes filles connaissent également de grandes difficultés à refuser des rapports sexuels et imposer l’usage du préservatif, note le plan 2010 de lutte contre le sida   au Zimbabwe.

Selon ce texte, "la pauvreté croissante pousse certaines femmes à négocier leurs charmes alors que les hommes ont le droit d’avoir plusieurs partenaires".

Dans ce pays d’Afrique australe où 85 à 90% de la population est au chômage après dix ans de marasme économique, chacun tente de s’en sortir. Cecilia Chinhamo, elle, vend des légumes à Chitungwiza, une banlieue de Harare, mais dépend surtout de l’aide financière de sa soeur, employée de banque en Afrique du Sud.

Cecilia est une des rares Zimbabwéennes à pouvoir se soigner dans le cadre d’un programme gouvernemental qui ne touche que 180.000 personnes. Faute de financement, les antirétroviraux (ARV  ) font cruellement défaut dans ce pays où 600.000 des 12 millions d’habitants ont besoin de ces précieux médicaments, selon des experts.

"A la fin de l’année, nous espérons que 300.000 personnes bénéficieront des antirétroviraux", souligne le ministre de la Santé Henry Madzorera.

"Nous discutons avec certaines organisations pour mettre fin à la pénurie d’ARV   mais cela prendra sans doute du temps", prédit-il.

AFP / 07 mars 2010


Publié sur OSI Bouaké le dimanche 7 mars 2010

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