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Chantage des Usa : des soins contre le Sida, mais pas pour les prostituées


Mots-Clés / SIDA

de ROBERTO SUOZZI traduit de l’italien par karl & rosa

Pour le gouvernement des Etats-Unis, la lutte contre le Sida   représente une des priorités principales, non seulement pour des raisons humanitaires, mais aussi parce que la maladie transmise sexuellement menace le développement, la prospérité et la stabilité des nations. De très bonnes intentions, bien sûr, qui honorent ceux qui les promeuvent. Mais, même sans trop creuser, quand on analyse les plans d’aide et d’intervention à hauteur de millions de dollars, on voit apparaître de substantielles et ignobles "lacunes" humanitaires.

Pedro Chequer, coordinateur du programme sanitaire de la lutte contre le Sida   au Brésil, le sait bien et les associations de bénévoles qui ont soutenu les décisions de Pedro sont parfaitement au courant. En effet, quand l’agence américaine Usaid   (US Agency for International Development) a offert au gouvernement brésilien 40 millions de dollars pour la lutte contre le Sida  , en mettant comme condition péremptoire l’exclusion des sex workers, les prostituées, Pedro Chequer a refusé énergiquement.

Un ignoble chantage qui n’a rien à voir avec les intentions "humanitaires" déclarées ; et qui a probablement en George Bush, empereur apôtre et ardent fauteur de l’abstinence sexuelle, son personnage principal. La volonté de Washington est claire : ne pas favoriser la prostitution ; par conséquent même pas un centime des fonds pour combattre le Sida   ne doit être dépensé pour soigner les prostituées. Assistance niée, droit à la santé piétiné, normes élémentaires de civilité réduites en lambeaux : la position du gouvernement américain ne laisse aucun doute.

L’acceptation d’une clause de ce genre, imposée à nombre d’autres nations qui sont dans l’impossibilité pratique de la refuser, signifierait sûrement pour le Brésil un pas en arrière dans sa campagne contre la maladie qui, grâce à un programme gouvernemental précédent, était en train de donner de bons fruits. En outre, à propos des prostituées, Pedro Chequer exprime avec beaucoup de clarté sa pensée dans une déclaration à la presse : "Cette clause ne respecte pas les sex workers.

Nous soutenons, au contraire, la législation du métier avec les droits liés à la sécurité sociale et sanitaire et aussi une retraite". Il y a un projet de lutte contre le Sida   qui s’appelle Abc (Abstinence - fidélité - préservatif) où l’utilisation du préservatif est de première importance. Le gouvernement américain, qui promeut et finance des projets d’abstinence sexuelle seulement, comme celui destiné à l’Ouganda, ne semble pas s’en apercevoir.

Aprement critiqué aux Usa par l’Organisation sur les droits humains, le projet mènera certainement, avec ces caractéristiques, à un recul dans la lutte contre le Sida   en Ouganda, pays symbole au niveau international à cause des succès réalisés grâce au programme Abs, qui soulignait le rôle de protection du préservatif. L’Ouganda, en promulguant (novembre 2004) le projet seulement "Ab" - abstinence et fidélité - risque sérieusement d’annuler des années de travail couronnées par le succès.

Seuls des projets de prévention complétée par des méthodes différentes, une information claire et correcte, spécialement parmi les jeunes, l’éducation, les lois et la lutte contre les discriminations peuvent donner un caractère plus incisif à la lutte contre le Sida  .

rmsuozzi@afisna.com


Publié sur OSI Bouaké le jeudi 19 mai 2005

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