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Annie Lennox : “Beaucoup d’enfants ignorent comment se transmet le VIH”



A 54 ans, l’ex-chanteuse d’Eurythmics désormais engagée dans une carrière solo est aussi l’avocate passionnée de la cause des enfants africains atteints du sida  . Interview exclusive. Annie Lennox

Après deux décennies de campagnes de sensibilistion, pourquoi autant d’enfants africains meurent-ils encore du sida   ?

Parce que quand on a de l’argent, on a accès aux traitements médicamenteux. Quand on est pauvre, c’est une tout autre histoire, d’autant plus quand les systèmes de santé dans la plupart des pays africains sont inefficaces et manquent d’effectifs. En plus de cela, beaucoup de gens ignorent toujours comment l’infection au VIH   se propage. Donc si un enfant a une mère pauvre, que son père n’est plus là pour subvenir aux besoins de la famille, il est vulnérable et directement exposé à une situation à risque.

A qui la faute ?

Bien sûr il y a la guerre et les désastres naturels du type inondations et sécheresses. Mais la pauvreté chronique de ces pays est essentiellement due au fait que, au 20e comme au 21e siècles, les leaders, les gouvernements et les systèmes économiques n’ont pas agi pour les peuples. Aucun n’a manifesté de volonté politique suffisante pour que les choses changent. Ce qui fait que quand on nait pauvre, on le reste.

Comment réagissez-vous aux propos des politiques sud-africains qui disent qu’on peut soigner le sida   en ayant recours aux médecines traditionnelles ?

Sous Tabo Mbéki, son ministre de la santé Manto Tshabalala-Msimang déclarait qu’on pouvait se soigner du sida   en consommant des vitamines, de l’ail, du jus de citron, de la betterave et de l’huile d’olive. C’est choquant que des personnes avec autant de responsabilités puissent dire cela. Beaucoup d’Africains se méfient des médecines occidentales, qui ne leur sont de toute façon pas accessibles car trop onéreuses, donc ils s’en réfèrent aux médecins traditionnels. Dans l’idéal, tout le monde devrait avoir le choix entre les différentes médecines, mais des millions de gens n’ont même pas la possibilité de faire ce choix.

Pourquoi vous êtes-vous passionnée pour la cause des enfants atteints par le VIH   ?

Parce que j’ai participé, à l’invitation de Nelson Mandela, au lancement de sa campagne de lutte contre le sida   en 2003. Il a qualifié la pandémie de sida   de “génocide” qui fauchait des millions de vies, y compris celles de femmes et d’enfants. C’est à ce moment là que j’ai commencé à vraiment m’intéresser à un sujet trop rarement évoqué. Depuis, je me suis rendue dans des cliniques, des hôpitaux, des orphelinats, chez des particuliers pour prendre réellement conscience de l’étendue du problème.

Que peuvent faire les enfants des autres pays pour aider les petits africains malades ?

La première chose à faire est de se renseigner sur ce que sont le VIH   et le sida  , et comment ces maladies affectent la vie des gens. De cette manière on réalise que partager un verre ou une aiguille sont deux choses aux conséquences très différentes !

Vous avez écrit « 2007 Sing », enregistré avec 23 autres artistes féminines, pour financer une campagne de sensibilisation au VIH  . Peut-on s’attendre à de nouveaux projets du même type de votre part ?

Je l’espère. Je fourmille d’idées sur comment utiliser la musique pour sensibiliser le public et récolter de l’argent pour contribuer à ce que la situation change, en bien !

Metro, 20-11-2009


Publié sur OSI Bouaké le samedi 21 novembre 2009



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