Accueil >>  Zone Franche >>  Intervention humanitaire

Réunion européenne décisive pour éviter un « tsunami » alimentaire

Faute d’accord entre Etats membres, l’UE pourrait couper drastiquement dans l’aide alimentaire versée aux associations caritatives. Celles-ci prédisent des conséquences catastrophiques.


Libération - 20/09/11 - 10h35

Une réunion de la dernière chance est prévue mardi à Bruxelles pour empêcher une réduction draconienne d’un programme européen d’aide alimentaire aux pauvres tiré des fonds agricoles, alors que les organisations caritatives redoutent un "tsunami" dans plusieurs pays.

"C’est la dernière chance", a commenté lundi un diplomate européen sous couvert de l’anonymat. Si aucun accord n’est trouvé mardi au cours d’une réunion des ministres européens de l’Agriculture, "le mois prochain il sera trop tard" et le programme devra passer de 480 millions d’euros annuels à 113,5 millions d’euros en 2012, a-t-il averti.

Selon un diplomate européen, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la République tchèque, le Danemark, et la Suède s’opposent au maintien en l’état du budget annuel du Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) - financé par la Politique agricole commune (PAC) - à la suite d’un arrêt de la Cour européenne de justice en avril.

"Nous n’avons rien contre l’aide aux nécessiteux, mais cela relève de la politique sociale, qui est du ressort des Etats membres" a commenté un diplomate d’un de ces Etats.

Du lobbying pour convaincre les sceptiques

Ce programme, créé en 1987 sous l’impulsion du président de la Commission européenne de l’époque, Jacques Delors, à la suite de l’appel du fondateur des "Restos du Coeur", l’humoriste français Coluche, permet de distribuer, via 240 organisations caritatives, une aide tirée des stocks européens de la PAC à plus de 13 millions de personnes. Dix-neuf des 27 Etats de l’UE   en profitent, en tête desquels l’Italie, la Pologne et la France.

Mais ces deux dernières années, le niveau des stocks était si bas que l’UE   a dû le compenser par d’importants achats de nourriture à destination des banques alimentaires.A la suite d’une plainte de l’Allemagne, la Cour européenne de justice de Luxembourg a, en avril, estimé que ces achats étaient incompatibles avec la PAC, obligeant la Commission à ramener l’enveloppe pour les années à venir au niveau des stocks existants, soit 113,5 millions d’euros.

Une perspective qui a provoqué un tollé. La Commission européenne a finalement trouvé un moyen de contourner les objections de la Cour, mais se heurte désormais à la minorité de blocage des pays sceptiques. Ces derniers jours, plusieurs Etats favorables au maintien du programme à son niveau actuel se sont livrés à un lobbying intense auprès de ceux-ci. Ils espèrent en convaincre au moins un, et ainsi faire voler en éclats la minorité de blocage, ont expliqué des diplomates

Les banques alimentaires alarmées

Quatre organisations caritatives ont averti lundi à Paris que la baisse des fonds européens consacrés aux plus démunis risquait de provoquer un "tsunami alimentaire" dans des pays de l’Union européenne.

Les Restos du Coeur, le Secours populaire, la Croix-Rouge et la Fédération française des banques alimentaires (FFBA) ont appelé les ministres à "prendre leurs responsabilités" pour trouver une solution rapidement et éviter "une crise humanitaire" dès 2012.

"Nous sommes face à une situation inédite (...) Alors qu’il n’y a jamais eu autant de demande, il n’y a jamais eu autant de menace sur notre action", a expliqué Olivier Berthe, président des Restos du Coeur.

Avec 80% de fonds européens en moins, "les associations risquent de distribuer 130 millions de repas en moins en 2012", a souligné Didier Piard, responsable de l’action sociale à la Croix-Rouge.

(Source AFP)


VOIR EN LIGNE : Libération
Publié sur OSI Bouaké le mardi 20 septembre 2011

 

DANS LA MEME RUBRIQUE