©AFP / 20 janvier 2006 / 18h36
ABIDJAN - Une dizaine d’organisations humanitaires internationales, dont six agences de l’ONU , ont été saccagées ces quatre derniers jours dans l’ouest de la Côte d’Ivoire au cours de manifestations de partisans du président Laurent Gbagbo, selon un communiqué onusien.
Les bureaux du HCR (Haut commissariat aux réfugiés), de l’UNICEF (Fonds des Nations unies pour l’enfance), du PAM (Programme alimentaire mondial), d’OCHA (Bureau de coordination de l’aide humanitaire), de IOM (Organisation internationale pour les migrations), de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) ont été totalement ou partiellement détruits, pillés ou brûlés au cours des manifestations" à Guiglo (500 Km à l’ouest d’Abidjan), indique un communiqué du responsable d’OCHA en Côte d’Ivoire, Abdoulaye Mar Dieye.
Les bureaux des organisations non-gouvernementales internationales Save the Children, ASA (Afrique secours assistance), Caritas, Solidarités et GTZ (coopération allemande) ont eux aussi été la cible de telles attaques de la part des manifestants, selon ce communiqué.
Le texte ne fait pas état de violence physique contre les personnes ou de victime parmi les personnels de ces organisations, mais une responsable d’OCHA, interrogée au téléphone par l’AFP, a évoqué une véritable "chasse à l’homme" organisée par les émeutiers.
Une quarantaine d’expatriés ont été évacués vers la localité de Man, à une soixantaine de kilomètres plus au nord, en zone sous contrôle de la rébellion des Forces Nouvelles (FN). Près de 265 personnels ivoiriens sont restés sur place à Guiglo, sous la protection de l’armée, selon un rapport de sécurité de l’ONU , dont l’AFP a eu connaissance.
"Une première et sommaire estimation de ces destructions fait état d’un préjudice de plus d’un milliard de FCFA (1,5 million d’euros)", a estimé le représentant d’OCHA, qui a exprimé "sa totale indignation" face à ces "destructions ciblées".
"La plupart des véhicules de transport et d’assistance humanitaire de ces organisations ont été aussi volés et détruits. Les stocks de vivres et de non-vivres destinés à assister les populations locales vulnérables ont fait l’objet de pillages", poursuit le texte.
Le responsable d’OCHA "proteste vivement et condamne les appels qui ont été lancés, notamment à travers les médias locaux, incitant les populations à attaquer le personnel humanitaire opérant à Guiglo".
"Face à ces actes de violence inadmissibles orchestrés (...)", l’agence onusienne "rappelle la responsabilité des autorités nationales et locales d’assurer la protection des personnes civiles".
Cinq manifestants ont été tués et douze autres blessés mercredi au cours d’affrontements entre les partisans de M. Gbagbo et des Casques bleus bangladais à Guiglo, les obligeant à évacuer cette localité et la ville voisine de Duékoué.
Les manifestants, qui ont paralysé durant quatre jours Abidjan, protestaient contre la décision dimanche du Groupe de travail international (GTI) de ne pas prolonger le mandat de l’Assemblée nationale, arrivé à expiration le 16 décembre 2005.