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« L’opinion publique ivoirienne n’est pas favorable à la peine de mort. »



ECPM - 6 Avril 2018 - Entretien avec Namizata Sangare

La Commission Nationale des Droits de l’Homme de Côte d’Ivoire (CNDHCI) est notre partenaire lors du Congrès Africain contre la peine de mort qui se tient les 9 et 10 Avril. Sa présidente, Madame Namizata Sangaré, répond à nos questions.

Quelles sont les missions de CNDHCI ?

La CNDHCI a été créée en 2012. Elle est un organe indépendant, doté de la personnalité juridique et d’une autonomie financière. Elle exerce au titre de son mandat, des fonctions de concertation, de consultation, d’évaluation et de proposition en matière de promotion, de protection et de défense des Droits de l’Homme.

Toutefois, à l’instar des institutions en charge des droits de l’homme, la CNDHCI fait aussi de la prévention en matière de violations des droits de l’homme.

Pourquoi avez-vous décidé de participer au congrès de l’ECPM ?

Notre participation à ce 3ème Congrès régional s’inscrit dans la logique d’accompagner ECPM dans son action de promotion de l’abolition de la peine de mort dans le monde et continuer, par là-même, le plaidoyer en faveur de la ratification par les autorités ivoiriennes du deuxième protocole facultatif se rapportant au Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (OP2). Cette ratification permettra à la Côte d’Ivoire, pays abolitionniste, de parachever et de réaffirmer de façon irréversible son engagement solennel d’abolir la peine de mort devant la Communauté internationale.

Quel(s) soutien(s) avez-vous reçu dans le cadre de l’organisation du congrès ?

La CNDHCI a bénéficié du soutien institutionnel de l’État de Côte d’Ivoire qui a bien voulu accepter d’accueillir sur le sol ivoirien cet événement international. À cet effet, nous tenons à saluer l’implication et les efforts des plus hautes autorités, notamment l’Assemblée nationale, le Ministère des Affaires Étrangères, le Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme.

Quel est l’avis de l’opinion sur la question de la peine de mort ?

La CNDHCI ne dispose pas en l’état d’un sondage d’opinion sur la question de la peine de mort. Cependant, d’une part, en nous référant à la constitution du 08 novembre 2016, consacrant l’abolition de la peine de mort et qui a reçu 93,42% de votes favorables au referendum constitutionnel du 30 octobre 2016, et d’autre part, la mobilisation des organisations de la société civile et des organisations de défense des droits de l’homme qui ont milité dans le sens de l’abolition de la peine de mort en Côte d’Ivoire, nous pouvons affirmer que l’opinion publique ivoirienne voire même africaine, de façon générale, n’est pas favorable à la peine de mort. La tendance très élevée des pays abolitionnistes en Afrique ces dernières années atteste fort bien de cette opinion défavorable.

Comment voyez-vous la peine de mort en Afrique dans dix (10) ans ?

Vous n’êtes pas sans savoir que sur les 55 états membres de l’Union Africaine, 4/5 d’entre eux ne pratiquent plus la peine de mort et au cours des 10 dernières années, seuls dix pays ont procédé à des exécutions. Chaque année, de nouveaux pays africains abolissent la peine de mort : la Guinée en 2016, le Congo et Madagascar en 2015, le Bénin en 2012, le Gabon en 2010… C’est donc en Afrique que l’on trouve les plus fortes dynamiques vers l’abolition. Nous espérons fortement que dans les 10 prochaines années, la peine de mort sera totalement abolit en Afrique et disparaîtra des législations de nos États.

Quelles sont les prochaines étapes pour la Côte d’Ivoire par rapport à l’abolition de la peine de mort ?

La prochaine étape pour la Côte d’Ivoire par rapport à l’abolition de la peine de mort est la ratification du deuxième protocole facultatif se rapportant au Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (OP2).

La CNDHCI, de par sa mission de veille, continuera le plaidoyer dans ce sens, parce que la ratification de cet instrument juridique international permettra à la Côte d’Ivoire de marquer une avancée notable dans la promotion et la protection des droits de l’homme.


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Publié sur OSI Bouaké le lundi 9 avril 2018

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