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Global Witness quitte le Processus de Kimberley et demande que le commerce de diamants soit tenu de rendre des comptes



Global Witness, 5 décembre 2011 - Global Witness a annoncé aujourd’hui sa décision de quitter le Processus de Kimberley, dispositif international de certification instauré dans le but d’éliminer le commerce de diamants du sang.

En refusant d’évoluer et de se pencher sur les liens inéluctables qui existent entre les diamants, la violence et la tyrannie, le Processus de Kimberley est devenu un mécanisme de plus en plus obsolète, a déclaré le groupe. Malgré les très importants efforts menés pendant de nombreuses années par une coalition d’ONG, les principales déficiences et failles que comporte le dispositif n’ont pas été corrigées et la plupart des gouvernements qui l’appliquent continuent de ne manifester aucun intérêt envers une réforme.

« Près de neuf ans après le lancement du Processus de Kimberley, la triste vérité est que la plupart des consommateurs ne peuvent toujours pas être certains de la provenance de leurs diamants, ni savoir s’ils financent des violences armées ou des régimes répressifs », a déclaré Charmian Gooch, directrice-fondatrice de Global Witness. « Le dispositif a échoué à trois égards : il ne s’est pas penché sur la question du commerce de diamants du conflit provenant de Côte d’Ivoire ; il n’a pas été disposé à prendre des mesures vigoureuses alors que, pendant plusieurs années, le Venezuela perpétrait de flagrantes atteintes à ses règles ; il ne s’est pas non plus montré disposé à veiller à ce que les diamants cessent d’alimenter la corruption et la violence au Zimbabwe. Il s’est fait complice du blanchiment des diamants – des diamants sales ayant été mélangés à des gemmes propres. »

Le Processus de Kimberley a récemment pris une mesure consternante en autorisant les exportations de deux entreprises opérant dans les gisements de diamants controversés de Marange, au Zimbabwe. L’armée zimbabwéenne s’est emparée du contrôle de la région en 2008, tuant environ 200 creuseurs. Des concessions minières ont alors été octroyées à plusieurs entreprises dans des circonstances juridiquement douteuses, plusieurs de ces entreprises entretenant des liens avec de hautes personnalités du parti de Robert Mugabe, le Zanu-PF. Des journaux ont rapporté que la Zimbabwean Central Intelligence Organisation, le service de sécurité d’État aligné sur Mugabe, dont des membres sont accusés d’avoir commis des actes de violence à l’encontre de partisans de l’opposition, bénéficie directement des revenus qui sont dégagés des diamants et maintenus hors budget.

« Au cours de la dernière décennie, les élections au Zimbabwe ont donné lieu à des campagnes brutales visant à intimider les électeurs. L’orchestration d’une telle violence a un coût élevé. À l’approche de la prochaine élection, il est fort possible que les partisans de la ligne dure recourent à nouveau à ces tactiques et se servent des diamants de Marange pour les financer. Il est scandaleux que le Processus de Kimberley se refuse à voir cette réalité en face », a ajouté Charmian Gooch.

« Les consommateurs ne devraient pas acheter de diamants de Marange, et l’industrie ne devrait pas les leur fournir », a poursuivi Charmian Gooch. « Tous les contrats actuellement en vigueur dans les gisements de Marange devraient être résiliés et faire l’objet d’une nouvelle soumission s’accompagnant de termes de référence qui reflètent les meilleures pratiques internationales en matière de partage des revenus, de transparence, de surveillance par les communautés affectées et de protection de celles-ci. »

L’industrie du diamant devrait être tenue de démontrer que les diamants qu’elle vend n’alimentent aucun abus – en respectant les normes internationales applicables aux contrôles de la chaîne d’approvisionnement en minerais, y compris l’exigence de réalisation d’audits par des tiers indépendants et la nécessité de divulguer des informations publiquement et régulièrement. Les gouvernements devraient faire preuve de leadership en ancrant ces normes dans la législation.

« Les consommateurs ont le droit de savoir ce qu’ils achètent et par quels moyens ces articles ont été mis à leur disposition », a ajouté Charmian Gooch. « L’industrie du diamant doit enfin assumer la responsabilité de ses chaînes d’approvisionnement et prouver que les pierres qu’elle vend sont propres. »

Contact :

Annie Dunnebacke : +44 7912 517 127 ; adunnebacke@globalwitness.org

Andrea Pattison : +44 7970 103 083 ; apattison@globalwitness.org

Note à l’attention des équipes de rédaction :

Global Witness a adressé aujourd’hui un courrier au président du Processus de Kimberley pour lui faire part de son retrait en sa qualité d’Observateur officiel. Global Witness, qui a exposé le problème des diamants du sang pour la première fois en 1998, a joué un rôle clé dans l’instauration du Processus de Kimberley. Le PK, lancé en 2003, est un dispositif dirigé par les gouvernements axé sur la certification des diamants bruts. Les États qui en sont membres sont tenus d’adopter une législation nationale et de mettre en œuvre un système de contrôle de leurs importations et exportations de diamants. À travers le monde, plus de 75 pays qui produisent, vendent ou transforment des diamants y participent. Global Witness est Observateur officiel du Processus de Kimberley depuis 2003 et membre de la Coalition de la société civile du PK. Global Witness poursuivra ses travaux avec les ONG de la Coalition de la société civile dans le but de réformer le secteur du diamant.


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Publié sur OSI Bouaké le jeudi 8 décembre 2011

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