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Lutte contre le sida en Afrique : Bono fait plier Sarkozy

Bono reçu à l’Elysée


Par Ophélie Neiman | Rue89 | 09/01/2008

Après avoir tancé les journalistes le matin, c’est finalement par un chanteur que Nicolas Sarkozy s’est fait rappeler à l’ordre. Alors même que la France projetait de réduire de 20 millions d’euros sa contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida  , la tuberculose et le paludisme, le président de la République rencontrait en effet ce mardi le chanteur engagé de U2, pour évoquer la situation du continent africain, notamment touché par ces maladies. Ce que ce dernier n’a pas manqué de lui faire remarquer.

Selon David Martinon, porte-parole de l’Elysée, le Président est très sensible au plaidoyer du chanteur irlandais, également fondateur de l’organisation « Debt, Aids, Trade in Africa » (Data). A l’issue d’un entretien qualifié par la star « d’assez tendu », Sarkozy lui aurait finalement promis de tenir ses engagements d’aide au continent.

« Le président m’a promis »

Jointe par téléphone durant l’entretien, Katy Cronin, attachée de presse de la vedette, semblait pourtant pouvoir assurer que l’échange serait de bon ton :

« Je ne suis pas dans la pièce avec eux pour savoir de quoi ils discutent exactement. Mais Bono aime les discussions constructives. Et critiquer son interlocuteur n’est pas très constructif, vous en conviendrez. »

Un peu plus tard, à la sortie d’une discussion « assez tendue » donc, Bono déclare à la presse :

« Le président m’a promis que la France verserait les 20 millions manquants. Il a reconnu que ce serait très dur, mais il a assuré que la France tiendrait parole. »

Supprimer le traitement de 10000 personnes

Le 27 décembre dernier, le Journal officiel publiait en effet la loi de finance 2008 entérinant une baisse de 20 millions d’euros dans la contribution française au Fonds mondial de lutte contre le sida  , le paludisme et la tuberculose. Selon Khalil Elouardighi, d’Act Up-Paris, joint avant les déclarations du chanteur, cette diminution reviendrait à supprimer le traitement de 10000 personnes :

« Cette décision n’aura pas d’impact en France, mais quelles conséquences pour les pays du Sud ! Ce faisant, la France se délie de nombreux engagements, comme celui du G8, durant lequel Nicolas Sarkozy avait promis un accès universel aux traitements d’ici 2010. »

Une réduction qui s’appliquait à une autre annonce, celle de Jean-Marie Bockel lors de la dernière conférence du Fonds mondial, en septembre. Le secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie avait promis 900 millions, échelonnés sur trois ans. Pour Patrick Bertrand, membre des Avocats pour la santé dans le monde (Global Health Advocates), l’année démarre mal :

« Dans cette bataille de tous les jours, c’est une déception. Nous partons déjà avec un budget de 280 millions au lieu des 300 annoncés. On entend beaucoup de promesses, mais les actes sont tout autres. »


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Publié sur OSI Bouaké le mercredi 9 janvier 2008

 

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