17 octobre - Un projet mis en place au Kenya par les Nations unies apprend depuis deux ans à des enfants orphelins du sida comment cultiver et vivre.
Basé à l’ouest du Kenya, au bord du lac Victoria, dans la province de Nyanza, ce projet appelé ‘École pratique d’agriculture et de vie pour jeunes’ (Junior Farmer Field and Life Schools project, JFFLS en anglais) apprend à 120 enfants orphelins les techniques agricoles de base et des notions de santé sociale, comme la vie à deux, les dangers de l’alcool et l’égalité entre les sexes.
« Traditionnellement, ce sont les parents qui enseignent les techniques agricoles aux enfants, mais de nombreux parents sont morts avant d’avoir eu la possibilité de partager leur savoir-faire », a expliqué Edwin Adbenya, en charge de l’évaluation et du déroulement du JFFLS.
« Nous sommes confrontés à un fossé intergénérationnel qui laisse les orphelins sans les connaissances et les compétences nécessaires à leur avenir », a-t-il ajouté.
Nyanza, qui abrite le district de Bondo et le village d’Odhuro, où sont scolarisés les enfants, affiche un taux de prévalence du VIH /SIDA de 15 pour cent, soit deux fois plus élevé que la moyenne nationale.
Un tiers des orphelins du pays ont perdu leurs parents des suites du sida .
Peris, une jeune fille de 17 ans, a perdu ses parents de maladies liées au virus alors qu’elle n’était qu’un enfant.
Elle est partie vivre chez sa grande soeur et son mari, tous deux sans emploi.
Grâce au JFFLS, Peris a appris à cultiver toute une variété de fruits et de légumes.
« Maintenant, nous faisons pousser des légumes à la maison, je me sens forte et je ne suis plus aussi malade qu’avant », a confié l’adolescente.
Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), un régime alimentaire sain et équilibré permet de renforcer les capacités physiques et scolaires des enfants.
Et lorsqu’ils ont accès à une alimentation saine et équilibrée, ils ne sont pas contraints d’arrêter d’aller à l’école pour chercher un travail.
A la ferme du JFFLS, les enfants font pousser des pommes de terre douces, des niébés, des pois chiches, des oignons, du manioc et des plantes médicinales, qu’ils vendent ensuite.
« L’agriculture commerciale est importante car nous voulons que les enfants considèrent l’agriculture comme une activité qui peut rapporter de l’argent », a affirmé Julius Were, un conseiller du projet, employé par le ministère de l’Agriculture du district de Bondo.
Au début, a expliqué Peris, les travaux agricoles étaient perçus comme une punition. « C’était une perte d’énergie. Maintenant, je vois cela comme une source de nourriture et de revenus.
Je sais maintenant que même si je ne trouve pas de travail, je sais au moins travailler la terre. »
Plus de la moitié des 700 écoliers du village d’Odhuro sont des orphelins ou des enfants vulnérables. Ces enfants sont, en règle générale, pris en charge par des membres de la famille élargie qui n’ont souvent pas les moyens de subvenir à leurs propres besoins.
Les grands-parents participent également au projet. Par exemple, Mary N., âgée de 55 ans, a huit orphelins à sa charge, mais elle se dit trop vieille pour travailler la terre et élever ses petits-enfants.
Pendant le déjeuner, les grands-mères entonnent des chansons sur les ravages de l’épidémie et sur les responsabilités qu’elles doivent assumer à un âge où elles espéraient que l’on s’occupe d’elles.
Mais grâce à leur participation au JFFLS, il leur est désormais plus facile d’accomplir leur tâche.
Selon Anne Anam, qui travaille auprès du JFFLS, le programme a redonné de l’espoir aux orphelins. « Je suis certaine qu’ils vont y arriver », a-t-elle déclaré. « On les entend dire qu’ils veulent devenir médecin ou pilote. Maintenant, ils ont un avenir devant eux. »
Ils sont désormais nombreux ceux qui souhaiteraient que le projet soit étendu à l’ensemble des élèves, et non plus aux seuls orphelins du sida , compte tenu de l’extrême pauvreté qui contraint les enfants de quitter le système éducatif après l’école primaire.