Bujumbura, 13 décembre 2007 (PLUSNEWS)
La lutte contre le sida au Burundi vient de subir un échec après le rejet en novembre par le Fonds mondial de lutte contre le sida , la tuberculose et le paludisme de sa requête de financement de ses programmes contre l’épidémie.
Des responsables des autorités sanitaires ont prévenu que près de 6 000 patients séropositifs risquaient d’être privés de traitements antirétroviraux (ARV ) en 2008. Selon les estimations officielles, quelque 10 000 personnes recevaient des ARV en décembre 2007, sur un total d’environ 50 000 qui auraient besoin de ces médicaments.
Des projections faites par le Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) estimaient à 14 000 le nombre total de personnes qui auraient dû recevoir ces traitements en 2008, si la requête soumise par le Burundi au Fonds mondial avait été acceptée.
Selon le docteur Jean Rirangira, directeur technique du CNLS, il manque au gouvernement 11 millions de dollars, sur les 28 millions requis, pour lutter contre l’épidémie au cours de l’année à venir. D’autre part, le déficit de financement pour le plan stratégique de lutte contre le sida 2007-2011 s’élève à 83 millions de dollars.
Début décembre, le président burundais Pierre Nkurunziza a déploré la situation.
« Le refus des bailleurs de fonds d’aider le Burundi dans sa lutte contre le sida et d’apporter un soutien aux patients est tout simplement un génocide dont ils seront tenus pour responsables. Nous ne pouvons pas accepter que les personnes [vivant avec le VIH ] continuent de mourir par manque de médicaments, alors que dans d’autres pays, ils reçoivent une assistance », a-t-il dit.
D’après Cheryl Toksoz, porte-parole du Fonds mondial, la requête de financement formulée par le Burundi dans le cadre du 7ème appel à proposition de l’organisme international a échoué et le comité technique du Fonds mondial en a informé l’instance de coordination nationale au Burundi -l’organe chargé des dossiers du Fonds mondial dans chaque pays.
Le Burundi avait soumis une requête d’un montant de 95 millions de dollars pour lutter contre le VIH /SIDA et la tuberculose sur une période de cinq ans, mais le comité technique a estimé que la proposition ne répondait pas de manière adéquate à la faisabilité de la mise en oeuvre de la subvention.
Jeanne Gapiya, l’une des activistes de la lutte contre le sida les plus connues au Burundi, a condamné la décision du Fonds mondial, et prévenu que cela pourrait mettre en péril les efforts déployés pour freiner la propagation de l’épidémie.
« C’est une condamnation à mort pour les personnes [vivant avec le VIH /SIDA ], ceux qui ont besoin d’ARV n’ont pas d’autre alternative pour prolonger leur vie ; mais c’est aussi un revers pour la prévention, qui expose des milliers de personnes à une menace de mort », a-t-elle dit à IRIN/PlusNews.
De nombreux programmes vont souffrir de cette pénurie de financement, mais M. Rirangira du CNLS a assuré que le programme national de traitement allait continuer à fournir des ARV , et que les priorités, comme rendre les médicaments plus largement disponibles pour les patients, seraient identifiées d’ici la fin 2007.
La prévention restera une priorité mais le gouvernement devra « restreindre ses ambitions », dans la mesure où les centres de conseil et de dépistage volontaire du VIH ne pourront pas être étendus comme il l’était prévu, et que les financements pour les activités génératrices de revenus pour les personnes affectées par le VIH /SIDA devraient être limités.
Mme Gapiya a appelé la société civile et le gouvernement à combiner leurs efforts afin de trouver une stratégie commune pour lutter contre l’épidémie dans le pays. Elle a estimé que le Burundi ne pourrait garantir un financement pérenne de la lutte contre le VIH /SIDA que s’il y avait davantage de leadership politique dans la réponse nationale à l’épidémie.
Le taux de prévalence du VIH au Burundi, estimé à 3,3 pour cent, est relativement moins élevé que dans certains pays voisins, comme l’Ouganda et la Tanzanie.