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Tanzanie : Fusionner planification familiale et services VIH


Dar Es Salaam, 5 mars 2010 - PlusNews - En Tanzanie, un projet intègre planification familiale et services VIH  , grâce à des travailleurs de santé communautaires qui apprennent à des couples séropositifs comment éviter les grossesses non désirées, et comment empêcher que leurs futurs enfants soient infectés par le VIH  .

« Je leur parle et ils me disent qu’ils ont peur », a dit à IRIN/PlusNews Margaret Mapunda, travailleuse de santé communautaire qualifiée, à Dar es Salaam, la capitale économique de la Tanzanie. « Certains veulent [des enfants] mais ne savent pas quoi faire, alors ils conçoivent et vont chez des accoucheurs traditionnels pour la naissance.

« Beaucoup prennent des antirétroviraux et ne savent même pas quels contraceptifs sont bons ou mauvais », a-t-elle ajouté. « Ils ne posent pas la question, à cause de la stigmatisation. Certains disent qu’on les traite mal dans les établissements de santé. »

Depuis 2008, plus de 3 000 couples ont reçu des services de planification familiale à domicile dans les régions de Dar es Salaam, d’Arusha et du Kilimandjaro, dans le cadre du projet Tutunzane – qui signifie « Soignons-nous les uns les autres » en swahili – mené par Pathfinder International, une ONG (organisation non gouvernementale) de santé reproductive.

Planification familiale, les besoins

Une étude menée en 2009 dans la région de Mwanza, dans le nord de la Tanzanie, et publiée dans la revue AIDS, a mis au jour les nombreux avantages potentiels que présentait l’intégration des services de planification familiale aux services anténataux, en particulier dans les cliniques proposant le dépistage du VIH  .

D’après "Enfants et Sida  , Quatrième bilan de la situation, 2009", un rapport du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), jusqu’à 130 000 femmes tanzaniennes séropositives sont enceintes chaque année ; et 53 pour cent d’entre elles ont accès à des services de prévention de la transmission de la mère à l’enfant.

Une étude menée en 2008 par Pathfinder International a établi que 90 pour cent des agents de soins à domicile souhaiteraient ajouter les services de planification familiale à leur activité, mais manquent d’une formation adéquate. Jusqu’à présent, le projet a permis de former 250 travailleurs de santé communautaires à intégrer des messages de planification familiale à leurs services de conseil VIH  .

« Les agents de soin à domicile ont un coût très bas, et ils interagissent plus que tout autre avec les personnes vivant avec le VIH   ; c’est pourquoi ils offrent une opportunité parfaite d’atteindre ces personnes, et de leur proposer notamment des services de planification familiale », a dit Judith Rwakyendela, responsable de programme de santé reproductive et de planification familiale pour Pathfinder International.

« Quand on donne des antirétroviraux aux gens, l’objectif est de leur permettre de vivre plus longtemps, or beaucoup d’entre eux deviennent forts, actifs et ont des relations sexuelles sans nécessairement vouloir un enfant », a-t-elle ajouté. « Il est important que ces personnes aient la possibilité d’éviter les grossesses non désirées, à la fois afin d’améliorer leur santé et afin d’empêcher la transmission de la mère à l’enfant. »

Johannes et Vivian Murliryianga*, de Sinza, dans la banlieue de Dar es Salaam, ont cinq enfants ; ils reçoivent maintenant les conseils d’un agent de santé communautaire, car ils essaient d’éviter de nouvelles grossesses. Malheureusement, ils ont appris trop tard l’existence de la prévention de la transmission de la mère à l’enfant, et n’ont donc pas pu empêcher que leur plus jeune enfant contracte le VIH  .

« Normalement, je n’allais pas à un hôpital gouvernemental, j’accouchais simplement dans une clinique tenue par une dame à qui nous donnons un peu d’argent et elle nous permet d’accoucher chez elle. Nous l’appelons juste shangazi [tatie] », a dit Vivian. « J’ai été surprise quand j’ai vu que le test de dépistage de mon enfant était positif ; je ne savais même pas que les enfants pouvaient contracter le VIH  . »

Le programme de Pathfinder permet à des couples comme Vivian et Johannes de recevoir des conseils de planification familiale adaptés à leur situation et à leurs besoins.

« Comme vous le savez, les méthodes de planification familiale sont multiples – nous leur proposons simplement des choix, en fonction de ce qu’ils préfèrent, et de la situation », a dit Mme Mapunda. « Certains couples mariés, en particulier parmi les couples discordants, disent qu’ils préfèrent les préservatifs ; d’autres veulent la pilule. Nous les conseillons sur les avantages et les inconvénients de chaque [méthode]. »

Impliquer les hommes

D’après elle, si le bilan de ces services de conseil a été très positif, encourager les hommes à participer n’a pas été facile. « Nous avons observé un résultat plus positif lorsque les pères étaient d’accord pour participer au programme, mais tous ne sont pas prêts à le faire, et dans ces cas-là, cela devient très difficile parce que cela signifie que la mère fait beaucoup de choses en secret », a-t-elle dit.

« Imaginez-vous essayer d’offrir ces services à une femme qui a peur de révéler son statut [sérologique], ou dont le mari a un statut inconnu ; c’est un vrai défi, mais nous essayons de faire ce que nous pouvons », a-t-elle ajouté


Publié sur OSI Bouaké le samedi 6 mars 2010

 

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