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Afrique du Sud : du pain sur la planche pour la nouvelle ministre de la Santé

La nomination de la nouvelle ministre de la Santé a été saluée par de nombreux activistes de la lutte contre le sida


Johannesbourg, 29 septembre 2008 (PlusNews)

La nouvelle ministre sud-africaine de la Santé, Barbara Hogan, hérite de son prédécesseur, la très controversée Manto Tshabalala-Msimang, une liste peu enviable de tâches à accomplir, mais les activistes de la lutte contre le sida   se disent confiants qu’elle sera à la hauteur de sa fonction.

Mme Hogan n’a pas d’expérience particulière dans le domaine de la santé, mais elle est membre depuis 1977 du parti au pouvoir, l’African national congress (ANC), et membre du Parlement depuis 1994. Elle est connue pour sa franchise sur des questions sensibles, y compris sur le VIH   et le sida  .

D’après Zackie Achmat, un activiste très actif de la lutte contre le sida   et ancien président du groupe de lobbying anti-sida   Treatment action campaign (TAC), Mme Hogan est l’un des rares membres du Parlement à avoir dénoncé le « déni du sida   » -la théorie controversée, attribuée à l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, selon laquelle le VIH   n’est pas la cause du sida  .

« [Le président] Mbeki lui avait retiré la responsabilité du portefeuille des Finances, en partie en raison de sa position sur le VIH  /SIDA   », a dit M. Achmat dans un communiqué. « Elle a la réputation d’être très travailleuse, compétente et d’avoir des principes ».

L’adjoint de Mme Hogan, le docteur Molefi Seflaro, est un médecin spécialisé dans la médecine tropicale, la santé publique et la gestion des services de santé.

La TAC s’est, à de nombreuses reprises, opposée à M. Mbeki et sa ministre Mme Tshabalala-Msimang au cours de leurs neuf années au pouvoir, notamment lors d’une bataille devant une cour constitutionnelle qui a finalement contraint le ministère de la Santé à fournir des antirétroviraux (ARV  ) aux femmes enceintes séropositives pour prévenir la transmission du virus de la mère à l’enfant.

Affirmant que plus de deux millions de Sud-Africains étaient morts d’infections liées au VIH  /SIDA   sous la présidence de M. Mbeki, M. Achmat a estimé qu’« au moins 300 000 décès auraient pu être évités si le Président avait simplement garanti les droits constitutionnels les plus élémentaires ».

De nombreux défis à relever

La nécessité de trouver des solutions à ce qui fait obstacle à l’élargissement du programme national de distribution de traitements ARV   figure parmi les nombreux défis que va maintenant devoir relever Mme Hogan, a estimé Lesley Odendal, chercheur à la TAC.

« Bien que nous ayons aujourd’hui un grand nombre de personnes sous traitement, un demi million de personnes ont toujours besoin d’ARV   », a-t-elle dit à IRIN/PlusNews. « Nous avons encore un long chemin à parcourir ».

Elle a identifié la tuberculose (TB), principale cause de mortalité en Afrique du Sud et une infection opportuniste très courante chez les personnes vivant avec le VIH  , comme l’une des priorités les plus urgentes de Mme Hogan.

« Nous devons résoudre le problème des mesures de contrôle de l’infection dans les hôpitaux et les communautés », a dit Mme Odendal. « Il faut une approche multi-sectorielle, mais le ministère de la Santé doit en prendre le leadership ».

Le docteur Warren Parker, directeur exécutif du Centre for AIDS development research and evaluation (CADRE), une organisation à but non lucratif, a appelé la nouvelle ministre de la Santé à définir des priorités en matière de prévention du VIH   qui aillent plus loin que la promotion et la distribution des préservatifs.

« L’accent mis sur le préservatif n’a pas donné de résultats », a-t-il dit à IRIN/PlusNews. « Il est évident que les gens ne comprennent pas les risques réels d’infection au VIH  . Les campagnes [de prévention] ne se sont pas assez concentrées sur les spécificités [des groupes vulnérables] ».

M. Parker a recommandé d’élaborer des campagnes de prévention qui répondent au problème du risque VIH   dans le cas des partenaires sexuels multiples et des rapports sexuels précoces chez les adolescents.

M. Parker et Mme Odendal ont tous deux soulignés le besoin urgent pour le ministère de la Santé d’élargir l’accès aux services de prévention de la transmission du VIH   de la mère à l’enfant. La stratégie de la bithérapie ARV   pour réduire les taux d’infection de la mère à l’enfant a été approuvée par le ministère de la Santé en janvier, mais elle n’a pas encore remplacé la monothérapie, moins efficace, dans de nombreuses zones du pays, a noté Mme Odendal.

Espoir d’un nouveau leadership

« Il est triste [de voir] que tant de vies ont été perdues à cause d’un manque de [volonté] stratégique, y compris de manière très directe à travers l’infection de milliers de bébés », a dit M. Parker. « Le choix de leadership des précédents ministre et Président a été de remettre les problèmes à plus tard plutôt que de s’en saisir, et cela a coûté [cher en] vies ».

M. Parker a ajouté que de nombreuses lacunes dans la réponse actuelle du gouvernement au VIH  /SIDA   pourraient être « contournées » grâce un leadership plus efficace.

Tout en reconnaissance qu’un leadership plus fort était nécessaire pour répondre à l’épidémie de sida   en Afrique du Sud, la plus importante au monde, Mme Odendal a estimé qu’avec le cadre stratégique national déjà en place et largement salué, il était permis d’espérer que la nomination de Mme Hogan puisse ouvrir un chapitre plus positif de l’histoire de la lutte du pays contre le sida  .


Publié sur OSI Bouaké le samedi 4 octobre 2008

 

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