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Afrique : Renversement de tendance - les personnes les moins éduquées, principales victimes du VIH


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Johannesbourg, 21 janvier 2008 (PLUSNEWS) - Le sida   a longtemps été caractérisé comme une maladie liée à la pauvreté qui s’est rapidement propagée en Afrique sub-saharienne, la région la plus pauvre au monde. Cependant, selon les résultats d’une nouvelle évaluation, un changement s’est opéré au cours des 10 dernières années au niveau du profil socio-économique des Africains les plus vulnérables au VIH  .

En 2001, une équipe dirigée par le docteur James Hargreaves de la London School of Hygiene and Tropical Medicine (Ecole d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, LSHTM en anglais) s’est penchée sur les résultats des études menées en Afrique sub-saharienne, essentiellement avant 1996, afin de déterminer s’il existait un lien entre le niveau d’éducation et la contamination au VIH  .

Contrairement aux idées reçues, l’équipe du docteur James Hargreaves a découvert que les personnes les plus éduquées étaient plus susceptibles d’être infectées au VIH   que les individus les moins éduqués. Selon les chercheurs, les populations ayant un niveau d’éducation plus élevé étaient certainement plus aisées, plus mobiles et plus enclines à avoir des partenaires sexuels multiples.

« Avant la moitié des années 1990, il n’existait pas vraiment de réponse mondiale de grande envergure face au VIH  . Peu d’informations étaient disponibles. En conséquence, il est peu surprenant que les personnes les plus éduquées et les plus aisées qui voyageaient le plus aient été les plus susceptibles d’être exposées au virus », a expliqué le docteur James Hargreaves.

Par l’entremise de la même méthode, qui consiste à passer en revue les résultats de 4 000 études afin de recueillir des données sur le lien entre le niveau d’éducation et le statut sérologique d’une population, la nouvelle recherche de la LSHTM a révélé un renversement de tendance. En effet, après 1996, en Afrique sub-saharienne, les poches d’infection à VIH   se sont déplacées pour se concentrer chez les populations les moins éduquées.

« Depuis [1996], des efforts très importants ont été consentis pour tenter de faire face au problème. La population a désormais accès à beaucoup d’informations et les programmes de distribution de préservatifs sont nombreux », a rappelé le docteur James Hargreaves.

« Ainsi, à mon avis, les conséquences positives de tout cela sont visibles au sein des groupes qui reçoivent le plus d’informations et qui sont plus à mêmes de modifier leurs comportements », a-t-il poursuivi.

Selon les résultants des 36 études menées dans 11 pays différents entre 1987 et 2003, le taux de prévalence du VIH   a parfois augmenté parmi les populations les moins éduquées, même lorsqu’une baisse était enregistrée au sein de l’ensemble de la population.

Les études se sont uniquement penchées sur les niveaux d’éducation et ne se sont pas intéressées à la manière dont les programmes éducatifs traitaient du VIH   ou de la santé de la reproduction.

« Ce travail est important compte tenu des indications qu’il révèle au sujet du lien entre le VIH   et le statut socio-économique et du fait qu’il ne porte pas sur la qualité des programmes de prévention contre le VIH   », a souligné le docteur James Hargreaves. L’article publié la semaine dernière dans le journal AIDS confirme les résultats des autres études selon lesquels le changement des comportements sexuels est lié au niveau d’éducation.

Une étude menée par l’équipe du docteur James Hargreaves, en collaboration avec l’Université de Witwatersrand, publiée la semaine dernière dans le Journal of Epidemiology and Community Health, compare le taux de prévalence du VIH   aux comportements sexuels des jeunes scolarisés et des jeunes non scolarisés, dans les régions rurales d’Afrique du Sud.

Les résultats de cette étude ont indiqué que les filles et les garçons continuant d’aller à l’école avaient moins de partenaires sexuels que les autres. En outre, les filles étaient plus susceptibles d’utiliser des préservatifs et avaient des partenaires sexuels d’un âge proche du leur. Le taux de prévalence du VIH   était beaucoup moins élevé chez les garçons scolarisés que chez les garçons non scolarisés.

« A certains égards, ces données sont positives. De nouveaux signes indiquent que dans certains milieux, les choses que nous avons faites ont peut-être porté leurs fruits », a reconnu le docteur James Hargreaves.

« Nous devons poursuivre ce que nous faisons et multiplier nos efforts. En même temps, ces résultats indiquent que nous devons peut-être renforcer ces stratégies à l’aide d’autres initiatives qui s’adressent vraiment aux individus les plus pauvres de la société », a-t-il ajouté.

Enfin, l’article recommande d’élargir la portée des programmes de prévention contre le VIH   afin de viser les groupes vulnérables de la société de manière plus efficace, et de rendre l’éducation plus équitable en supprimant, par exemple, les frais de scolarité dans les écoles primaires.


Publié sur OSI Bouaké le mardi 22 janvier 2008

 

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