Haïti : Les fondements de la pratique de la domesticité des enfants

Un rapport FAFO/PNUD/BIT de 2002, fondé sur une enquête et des éléments d’analyse particulièrement intéressants

Publié le 5 avril 2012 sur OSIBouaké.org

OSI Bouaké - 5 avril 2012 - SD - Ce rapport est une réponse au besoin d’avoir des données plus récentes, plus précises et plus représentatives de la situation des enfants en domesticité, et de l’étendue de l’enfance en domesticité à Haïti. Il décrit comment le placement des enfants s’est développé, et comment il s’organise ; le rapport évalue également le contexte économique et social dans lequel le travail des enfants domestiques a lieu, et comment les pratiques, les relations et les processus impliqués sont générés et reproduits.

Ce rapport combine deux sources de données : des données statistiques issues d’une importante Etude des Conditions de Vie à Haïti (ECVH) [1] réalisée par l’IHSI avec l’aide de Fafo, et des données qualitatives résultant de recherches anthropologiques.

Dans le présent rapport, trois critères ont été retenus comme constitutifs du travail des enfants domestiques : une séparation des enfants de leurs parents, une charge de travail élevée pour l’enfant, et un manque ou un retard dans la scolarité. En utilisant ces critères, on trouve que les enfants travaillant comme domestiques sont au nombre de 173 000 ou 8,2% de la population infantile âgée de cinq à dix sept ans. Sans regarder le statut urbain-rural, nos données montrent que dans l’ensemble 59% des enfants domestiques sont des filles et 41% des garçons. En général, la plupart des enfants domestiques sont issus des zones rurales. Si on considère la proportion d’enfants domestiques dans le total de la population infantile, les pourcentages sont à peu près les mêmes dans les zones urbaines et rurales. La plupart des garçons domestiques sont originaires des zones rurales tandis que les filles, et ce dans une plus grande mesure que les garçons, viennent plutôt des zones urbaines. Les filles urbaines forment également une large proportion des enfants travaillant comme domestiques, et parmi ces filles, peu d’entres elles ont des liens de parenté avec leurs nouveaux gardiens.

Différents besoins et différentes pratiques engendrent, modifient et reproduisent différents modèles d’organisation sociale du travail des enfants domestiques. Les besoins, les souhaits et les actions des individus sont modelés, mais non déterminés, par des processus sociaux, culturels et économiques. A Haïti, ces besoins sont liés à la pauvreté (les revenus peu élevés des parents), aux espoirs des parents de pouvoir donner à leurs enfants un meilleur avenir, au fait que l’éducation scolaire soit une valeur très précieuse, et aux priorités parmi les ménages « employeurs » en termes de besoins de travail et de scolarisation de leurs enfants. En général, les ménages qui comptent des enfants domestiques ont des revenus plus élevés que les ménages qui les envoyent.


Sommerfeldt Tone, Les fondements de la pratique de la domesticité des enfants en Haïti , FAFO, Port-au-Prince, 2002.

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[1] Télécharger le questionnaire ECVH en pdf