Côte-d’Ivoire : les partisans de Ouattara contrôlent la capitale Yamoussoukro

La France veut une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU dès ce mercredi ou jeudi.

Publié le 30 mars 2011 sur OSIBouaké.org

Libération - 30/03/2011

Les forces du président ivoirien reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara sont entrées ce mercredi dans la capitale politique Yamoussoukro, et la contrôlent, au troisième jour de leur offensive, affirment à l’AFP plusieurs habitants.

Guillaume Soro, le premier ministre d’Alassane Ouattara, a annoncé lui ce mercredi soir que des "éléments précurseurs" de leurs forces étaient aux portes de Yamoussoukro, la capitale politique du pays, dans un entretien à France 24.

Les combattants ont progressé rapidement vers le Sud ivoirien, menaçant le régime du chef d’Etat sortant Laurent Gbagbo, qui a demandé un « cessez-le-feu immédiat ».

« Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat et à l’ouverture du dialogue sous la médiation du haut représentant de l’Union africaine (UA) », a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement Gbagbo, Ahoua Don Mello.

Combats à Tiébissou

Avant Yamoussoukro, Tiébissou semblait être contrôlée par les forces du président élu. Des combats à l’arme lourde avaient lieu ce mercredi danscette ville, située à 40 km au nord de la capitale ivoirienne Yamoussoukro, entre les forces du président reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara et leurs rivaux, ont indiqué des habitants.

"Depuis 2h00 (locales et GMT), les combats ont lieu à l’arme lourde, nous sommes cachés dans nos maisons. On a entendu les premières détonations à la sortie nord vers Bouaké", fief des forces pro-Ouattara, a précisé un résident de Tiébissou à l’AFP. "Depuis deux heures, ça tire à Tiébissou. Actuellement, les combats on lieu au centre-ville", a ajouté un autre habitant.

La ville de Tiébissou, point stratégique pour accéder à la capitale politique, est tenue par les militaires fidèles au président sortant Laurent Gbagbo.

Les forces de Ouattara ont pris également ce mercredi la ville de Soubré, située à 130 km au nord de San Pedro, le plus important port d’exportation de cacao du monde.

Ces nouveaux combats interviennent au troisième jour d’une vaste offensive lancée par les Forces républicaines de M. Ouattara après quatre mois d’une crise post-électorale ayant fait plus de 460 morts, essentiellement des civils, selon l’ONU  .

Mardi, les combattants pro-Ouattara ont pris d’importantes villes comme Bondoukou (est), Duékoué (ouest) et Daloa (centre-ouest) mais aussi Abengourou (sud-est) à seulement 220 km de la capitale économique ivoirienne Abidjan.

L’ambassadeur de Côte-d’Ivoire en France nommé par Alassane Ouattara, Ally Coulibaly, a assuré ce mercredi que les forces du président ivoirien contrôlaient "les trois quarts" du pays et qu’elles feraient tout pour éviter la guerre civile.

La guerre face à l’absence de solution pacifique

Mais avant même cette demande de fin des hostilités, M. Ouattara et ses alliés avaient donné le ton : "toutes les voies pacifiques pour amener Laurent Gbagbo à reconnaître sa défaite (à la présidentielle de novembre) sont épuisées", ont-ils dit dans un communiqué.

Près d’un million de personnes ont déjà été déplacées et que quelque 112.000 Ivoiriens se sont réfugiés au Liberia.

L’armée de M. Gbagbo, confrontée à la rapide progression des forces de son rival, doit enrôler de nouvelles recrues à partir de mercredi, selon un communiqué officiel lu sur la télévision d’Etat mardi soir.

"Le moment d’enrôlement effectif est arrivé" et cela sera à partir de "mercredi 30 mars", selon un communiqué du chef d’état-major des forces armées fidèles à M. Gbagbo, le général Philippe Mangou.

Plusieurs milliers de jeunes s’étaient inscrits la semaine dernière pour s’enrôler, à l’appel du camp Gbagbo. Le général Mangou les a appelés à "garder leur calme", assurant que "tous seront appelés".

La voie des armes choisie par le camp Ouattara fait suite à l’échec de tous les efforts diplomatiques tendant à résoudre pacifiquement la crise née du scrutin présidentiel du 28 novembre, qui devait sortir le pays d’une décennie de crise politico-militaire.

Un vote de l’ONU   ?

La France fait pression en vue d’un vote mercredi ou jeudi sur le projet de résolution de l’ONU   demandant le départ de Laurent Gbagbo afin de laisser la place au président reconnu internationalement Alassane Ouattara, ont indiqué des diplomates mercredi.

Mais certains pays ont des réserves sur certains passages du projet de résolution, ont-ils souligné.

La Chine, la Russie, le Brésil et l’Inde sont opposés à l’étendue des sanctions proposées dans le projet de résolution que la France et le Nigeria ont soumis au Conseil de sécurité, selon ces diplomates.

Le projet de résolution prévoit des sanctions à l’encontre du président sortant Laurent Gbagbo et de quatre personnes de son entourage, y compris sa femme. Ces sanctions concernent un gel des avoirs financiers et une interdiction de voyager.

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