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Zimbabwe : le système de santé en crise


Harare, 1 décembre 2008 - PlusNews - Stanley Takaona, vice-président de la Zimbabwe HIV/AIDS activists union, a passé ses deux derniers mois à faire du bénévolat dans deux hôpitaux publics de la capitale Harare, suite à une grève des travailleurs sanitaires qui a conduit à la fermeture de facto des deux structures, laissant des centaines de personnes sans assistance médicale.

M. Takaona, qui vit avec le VIH   et est conseiller, a expliqué à IRIN/PlusNews que des milliers de Zimbabwéens séropositifs venaient régulièrement chercher leurs médicaments antirétroviraux (ARV  ) dans les centres publics des hôpitaux de Parirenyatwa et Harare, et qu’il ne pouvait supporter de voir d’autres personnes vivant avec le VIH   souffrir.

Les travailleurs sanitaires ont dit qu’ils ne pouvaient pas continuer à se présenter à leur poste parce que les hôpitaux étaient devenus des « pièges mortels » pour les patients : il n’y a pas de médicaments et les équipements essentiels permettant souvent de sauver des vies sont vétustes, doivent être réparés, voire même remplacés. Les centres VIH   n’ont pas de médicaments pour soigner les infections opportunistes, pas de matériel de dépistage, pas de kits de transfusion sanguine.

Les travailleurs protestent également contre leur faible rémunération et demandent que leurs salaires soient payés en devises étrangères, en raison de la « dollarisation » officieuse de l’économie du pays.

« En tant que personne vivant moi-même avec le VIH  , je sais à quel point il est important que ces … centres soient ouverts – c’est pour cela que j’ai dû proposer mon aide bénévole, [bien que je sois] à la retraite », a expliqué M. Takaona à IRIN/PlusNews. « J’étais particulièrement inquiet à l’idée que si ceux qui sont sous ARV   ne pouvaient y avoir accès, le problème de résistances aux médicaments deviendrait encore plus important dans le pays ».

Les travailleurs non grévistes ont été tellement débordés qu’ils n’ont pas pu gérer le centre de traitement ARV  , d’où l’intervention de M. Takaona et d’autres membres de la HIV/AIDS activists union qui travaillent dans le secteur de la santé.

L’action des bénévoles est restreinte à la distribution de traitements ARV  , en raison de pénuries de médicaments pour soigner les infections opportunistes. « Les personnes séropositives sous ARV  , et celles qui ne sont pas sous thérapie, ont besoin d’un suivi constant… Si quelqu’un fait des éruptions ou qu’il développe des effets secondaires aux ARV  , nous ne pouvons pas le traiter parce qu’il n’y a pas de médicaments », a dit M. Takaona.

« Tout ce que l’on fait est de les référer au secteur privé, mais peu de gens peuvent s’offrir les soins médicaux là-bas parce que cela coûte très cher aujourd’hui – il faut trouver pas moins de 300 dollars pour une consultation, des tests sanguins, et ensuite acheter les médicaments qui sont prescrits ».

Kumbirai Mafunda, chargé de la communication pour l’organisation Zimbabwe lawyers for human rights, a estimé que le gouvernement était dans le déni. « Le gouvernement doit reconnaître ses échecs et déclarer une urgence dans le secteur de la santé, afin que la communauté des bailleurs de fonds puisse intervenir et porter assistance », a-t-il suggéré.

« Mais tant qu’il [le gouvernement] continuera à mentir et à dire aux gens que ces hôpitaux sont ouverts alors que dans les faits, nous savons tous qu’ils sont fermés, cette aide ne viendra pas et les gens continueront à mourir ».

Mi-novembre, des centaines d’infirmières, médecins et assistants ont tenté d’organiser une manifestation contre la faiblesse des salaires et la détérioration des conditions de travail dans le secteur de la santé, mais ils ont eu le choc de découvrir que la police anti-émeutes avait bouclé tout l’hôpital, les empêchant de sortir pour aller manifester.

Le docteur Douglas Gwatidzo, président de la Zimbabwe association of doctors for human rights, a estimé qu’utiliser la police ne résoudrait en rien les problèmes auxquels est confronté le secteur sanitaire.

« Le système de santé public zimbabwéen est prêt à s’effondrer et a besoin d’une action urgente pour être sauvé. Des mesures devraient être prises pour approvisionner les hôpitaux et centres sanitaires du Zimbabwe en fournitures médicales, médicaments et équipements appropriés », a-t-il plaidé.

« Le gouvernement doit aussi garantir la qualité pour les professionnels de la santé, et s’assurer que les conditions permettant de retenir ces travailleurs qualifiés sont mises en place, ce qui inclut une rémunération adéquate et des conditions de travail plus sûres ».


Publié sur OSI Bouaké le mardi 2 décembre 2008

 

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