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Zimbabwe : Des footballeuses séropositives combattent la stigmatisation


Harare, 14 octobre 2009 (PLUSNEWS) - Janet Mpilime, 32 ans, capitaine des ARV   Swallows, une équipe de football féminine basée à Epworth, un site d’établissement informel situé à 10 kilomètres à l’est d’Harare, la capitale zimbabwéenne, vient de conduire son équipe à la victoire, avec un score de 2-1 contre les Sporting ART.

Souriante et vêtue d’une tenue de football semblable à celle du FC Barcelone, la plus grande équipe d’Espagne, Mme Mpilime a expliqué que le nom de l’équipe, ARV   Swallows, avait été choisi pour combattre la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH  .

ARV   est l’abréviation d’antirétroviraux, les médicaments permettant de traiter les personnes atteintes du VIH   et de prolonger leur vie, tandis qu’ART signifie traitement antirétroviral. Toutes les joueuses des deux équipes sont séropositives.

« Nous venons d’un quartier très pauvre qui a été durement frappé par les effets du VIH  /SIDA  , mais pendant longtemps, beaucoup de gens ont souffert, enduré la maladie en silence jusqu’à la mort, car ils avaient peur d’annoncer qu’ils étaient séropositifs », a-t-elle dit.

« Suite à la création de notre équipe en 2008, de nombreuses femmes sont sorties de leur coquille, et nous comptons aujourd’hui plus de 20 joueuses. » Les ARV   Swallows ont déjà remporté trois championnats, et ont contribué à vaincre le préjugé selon lequel les personnes vivant avec le VIH   seraient trop faibles pour faire du sport.

« Partout où nous jouons, les gens se disent surpris de voir que les membres de notre équipe ont l’air en bonne santé », a raconté Mme Mpilime, célibataire et mère de deux enfants, diagnostiquée séropositive il y a quatre ans. « Grâce au football, nous avons fait beaucoup avancer la lutte contre la stigmatisation. »

Chris Sambo, ancien administrateur de football qui coordonne aujourd’hui 16 équipes de femmes séropositives dans trois des 10 provinces zimbabwéennes, a eu l’idée, en 2007, d’utiliser le football pour combattre la stigmatisation liée au VIH  .

« Le football est le sport le plus populaire et le plus fédérateur au monde, et je pense qu’il constitue une plateforme très efficace pour encourager les changements de comportement et lutter contre la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH   », a-t-il dit à IRIN/PlusNews.

Avant et après les matches, les femmes parlent au public des effets du VIH   sur leur vie, et de la façon dont elles ont surmonté les obstacles, tandis que des pairs éducateurs distribuent des préservatifs et des documents d’information sur le VIH  /SIDA  . Fredrick Chitalu, un pair éducateur de 46 ans, a passé la plus grande partie du match entre les ARV   Swallows et les Sporting ART à répondre à une avalanche de questions de filles et de femmes curieuses d’en savoir plus.

« Ces tournois de football sont toujours très attendus, et le stock de documentation - ainsi que de préservatifs masculins et féminins - est systématiquement écoulé, car les gens ont envie d’en savoir plus sur le VIH   et les infections sexuellement transmissibles », a-t-il dit.

M. Sambo a indiqué que jusqu’à présent, les organisateurs n’avaient pas réussi à recruter suffisamment d’hommes séropositifs pour former des équipes masculines. « Cela a été un coup dur pour nous ; cependant, l’investissement des femmes et des jeunes a beaucoup aidé car maintenant, des hommes viennent nous demander comment ils peuvent participer. »

La plus grande difficulté rencontrée est le manque de financement. « En raison de contraintes financières, nous ne pouvons pas jouer aussi régulièrement que nous aimerions. Des entreprises et des banques nous ont apporté leur soutien, mais pour un programme d’une telle envergure, nous aurions besoin de fonds beaucoup plus importants. »

D’après Mme Mpilime, beaucoup de joueuses sont dans une situation économique difficile. « Nous ne bénéficions pas toutes d’un contrat formel, et nous survivons en vendant des fruits, des légumes et du bois de chauffage. La pauvreté a des conséquences néfastes sur notre nutrition, car elle nous empêche d’avoir un régime sain et équilibré. »


Publié sur OSI Bouaké le mercredi 14 octobre 2009

 

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