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Sida : la résistance aux traitements antirétroviraux croît en Afrique


Le Monde.fr - 23.07.2012 - Plus de dix ans après leur apparition, les traitements antirétroviraux contre le sida   se heurtent à une résistance croissante dans plusieurs régions d’Afrique, selon une étude publiée lundi 23 juillet dans la revue médicale britannique The Lancet. En Afrique orientale, la résistance a crû au rythme de 29 % par an, pour atteindre une prévalence de 7,4 % au bout de huit ans contre 1 % au départ. La hausse atteint 14 % par an en Afrique australe, avec une prévalence passant de 1 à 3 % au bout de six ans. Ces taux sont en revanche restés stables en Amérique du Sud et dans le reste de l’Afrique, selon des données portant sur 26 000 personnes âgées de plus de 15 ans, extraites de diverses études.

La résistance aux traitements "pourrait menacer une tendance à la baisse des décès et des pathologies liés au sida   au cours de la décennie écouléee dans les pays à bas et moyens revenus", avertit Silvia Bertagnolia, de l’Organisation mondiale de la santé, et Ravindra Gupta, de l’University College de Londres, qui ont conduit l’étude financée par la Fondation Melinda-Gates et l’Union européenne.

Les deux chercheurs estiment néanmoins qu’en dépit de la résistance dévoilée les nouvelles données "ne sont pas surprenantes si on tient compte de l’énorme expansion des traitements antirétroviraux dans les pays à bas et moyens revenus".

Mutations Génétiques

Selon les derniers chiffres d’Onusida   publiés mercredi, 8 millions de personnes ont reçu des traitements antirétroviraux dans les pays en développement en 2011, soit 26 fois plus qu’en 2003. Ce résultat a permis de baisser fortement le nombre de décès dans ces pays où vivent 90 % des personnes séropositives et où se produisent 97 % des nouvelles infections dans le monde.

Des mutations génétiques ont été retrouvées dans une souche de virus HIV-1 les rendant résistantes à une catégorie de médicaments appelés inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse du VIH   (INNTI). Classés comme des traitements de première ligne (premiers traitements donnés une fois l’infection détectée), ils sont notamment donnés aux femmes enceintes séropositives pour leur éviter de transmettre la maladie à l’enfant. Des traitements de seconde ligne existent aussi, mais sont nettement plus coûteux.

Surveiller les cas de résistance

Pour enrayer le phénomène, les chercheurs invitent les pays concernés à mieux surveiller les cas de résistance et à établir des circuits d’approvisionnement sûrs pour éviter les ruptures de stock et les interruptions de traitements qui entretiennent la résistance.

L’ONG Aides, première association française de lutte contre le VIH  , a pris appui sur la publication de cette étude pour appeler les pays du Nord à accroître leurs financements dans la lutte contre la pandémie afin de permettre aux pays du Sud d’avoir un accès à des traitements de qualité de seconde et troisième lignes.

"Nous devons cesser de proposer des traitements aux malades du Sud que plus personne n’oserait prescrire dans les pays du Nord", a indiqué Bruno Spire, président d’Aides dans un communiqué, appelant à faciliter la production de génériques et l’ouverture des brevets des médicaments dans les pays en développement.


(c) Crédit Photo (logo de l’article) : Rodger Bosh (AFP)


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Publié sur OSI Bouaké le mardi 24 juillet 2012

 

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