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« Rescapé du camp 14 » : un survivant d’un camp nord-coréen témoigne

Shin Dong-huyk en visite en France pour promouvoir le livre de Blaine Harden, "Rescapé du camp 14", qui vient de sortir chez Belfond


Paris, 1er mai 2012 (Yonhap) - Shin Dong-hyuk, un transfuge nord-coréen et la seule personne connue à ce jour à avoir réussi à s’enfuir d’un camp de prisonniers politiques au Nord, a lancé un appel à la communauté internationale pour une action globale afin de mettre un terme à la tragédie que connaissent ses compatriotes détenus actuellement dans les camps de l’enfer du pays isolé.

Shin, qui est né et a été élevé dans un camp de travail nord-coréen et qui a découvert la liberté en 2005, a raconté sa vie de prisonnier dans le pays communiste en affirmant que la torture, le travail forcé, les exécutions arbitraires et la famine résument le quotidien de ces camps.

« Même maintenant, il n’est pas encore trop tard. Nous devons empêcher un massacre », a dit Shin, aujourd’hui âgé de 31 ans, au cours d’une conférence à Paris. Il a mis en garde contre la possibilité d’un nouvel holocauste si le monde extérieur continue à faire la sourde oreille devant les témoignages des « défecteurs » nord-coréens.

Shin est apparu en pleine lumière médiatique après la publication le mois dernier de « Rescapé du camp 14 », un livre retraçant sa vie écrit par le journaliste américain Blaine Harden.

« Après avoir lu ce livre, oubliez-moi », a lancé Shin. « Plutôt, souvenez-vous de ceux qui sont en train de souffrir dans les camps de prisonniers politiques (nord-coréens) et pensez à ce que vous pouvez faire. » Shin était à Paris ce lundi pour le lancement de la version française du livre de témoignage.

Il est né dans le camp de détention et y a vécu 24 ans avant de parvenir à franchir les grillages électrifiés et à gagner la Chine. Il réside actuellement en Corée du Sud depuis 2006.

Lors d’une conférence similaire à Washington le mois dernier, Shin a confié que sa mère et son frère ont été exécutés au camp 14 après que les autorités ont découvert leur intention de s’évader.

La Corée du Nord détiendrait à ce jour près de 200.000 prisonniers dans ses camps de redressement par le travail, rappelant les goulags de l’ex-Union soviétique et où la torture et les exécutions sont monnaie courante et la famine généralisée.

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"Rescapé du camp 14", de Blaine Harden, chez Belfond

Témoignages sur les camps en Corée du Nord

Le Monde.fr | 12.04.2012 | Par François Bougon

Sous l’égide de Kim Jong-un, âgé de moins de 30 ans et promu, le 12 avril, aux plus hautes fonctions, le régime nord-coréen fêtera avec faste, dimanche 15 avril, le centième anniversaire de son grand-père, Kim Il-sung, fondateur de la première dynastie communiste.

Pour l’occasion, la Corée du Nord a invité près de 200 journalistes étrangers, une grande première, et ouvert les portes de ses centres spatiaux. Mais, comme l’a souligné, mardi à Washington, lors de la présentation d’un rapport sur le goulag nord-coréen, l’émissaire spécial américain sur les droits de l’homme en Corée du Nord, Robert King, " les Coréens du Nord vont leur permettre de venir et d’observer le tir du missile. Ils ne leur permettront pas de voir ce qui se passe dans les camps ".

Selon cette nouvelle édition d’un rapport publié en 2009, basé sur 60 témoignages et publié par l’ONG Committee for Human Rights in North Korea (pdf en ligne), jusqu’à 200 000 hommes, femmes et enfants, vivent dans six camps situés dans le nord du pays, dans des conditions proches de l’esclavage, souvent détenus sans jugement ou à la suite de procès iniques, certains uniquement pour avoir écouté la radio sud-coréenne ou tenté de fuir vers la Chine.

En Corée du Nord, le système de " culpabilité par association " est en vigueur, emprisonnant toute personne appartenant sur trois générations à la famille d’un opposant. Selon l’analyse réalisée par Amnesty International de photos satellites, le goulag nord-coréen (kwanliso, littéralement " lieu de contrôle " en coréen), mis en place dans les années 1950 sur le modèle soviétique, s’est étendu depuis 2001 et les camps sont de véritables villes avec des écoles, des usines et des fermes

Dans deux d’entre eux existent des zones de rééducation d’où il est possible de ressortir. Sinon, le reste constitue des " districts de contrôle total ", où les prisonniers, considérés comme irrécupérables, sont détenus jusqu’à leur mort. Seuls trois personnes sont parvenues à s’échapper de ces districts, selon les associations de défense des droits de l’homme.

Jeudi, Amnesty International a remis une pétition à l’ambassade de République populaire démocratique de Corée (RPDC) en Suisse pour réclamer la fermeture des camps. Un ancien prisonnier du camp de Yodok et fondateur de l’association Kim Tae-jin a également été invité par l’organisation en France pour témoigner :

" Dans le camp numéro 15, j’ai eu le temps de regarder les gens qui étaient autour de moi. Le camp est divisé en plusieurs zones, l’une d’elles est celle dite de contrôle total. Ceux qui y sont enfermés sont condamnés à y rester à vie et à y mourir. J’ai rencontré aussi des anciens fidèles du régime et du dictateur. Ils avaient été envoyés dans le camp pour une petite erreur. "

Enfin, le 19 avril, les éditions Belfond feront paraître le témoignage d’un fugitif nord-coréen, Shin Dong-hyuk, Rescapé du camp 14, écrit par le journaliste américain Blaine Harden et dont les bonnes feuilles paraîtront dans Le Monde. Sa particularité : être né dans le camp de parents choisis par les gardiens.


Rescapé d’un camp nord-coréen, il raconte l’horreur

Le Monde.fr | 04.05.2012

Images : Le Monde.fr

La vie de Shin Dong-huyk, 30 ans, est unique : fruit d’une liaison entre deux détenus d’un camp nord-coréen, il a été élevé par ses gardiens dans la crainte et les brimades. Sa mère et son frère aîné ont été exécutés devant ses yeux après qu’il eut dénoncé leur tentative de fuite. Son père était un étranger pour lui. Torturé puis emprisonné, il a fini par s’échapper du camp 14, situé dans les montagnes nord-coréennes, à l’âge de 23 ans.

Il est le seul détenu né dans les camps de la dictature asiatique à avoir réussi à fuir. De passage à Paris pour la version française de son livre de témoignage "Rescapé du camp 14" (Ed. Belfond), il a répondu aux questions du "Monde" en compagnie du journaliste américain et auteur de sa biographie, Blaine Harden.


VOIR EN LIGNE : Yonhap News
Publié sur OSI Bouaké le vendredi 4 mai 2012

 

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