Nouvelle version du Kaletra disponible dans trois pays d’Afrique

Une nouvelle version du médicament antirétroviral (ARV  ) de deuxième génération Kaletra est désormais disponible dans trois pays d’Afrique australe et occidentale, une mesure réclamée depuis plus d’un an par des organisations comme Médecins sans frontières (MSF  ).

Soutenue par plusieurs autres organisations, MSF   s’est battue pour obtenir la nouvelle version thermostable du Kaletra produite par le laboratoire américain Abbott. Cette formule était jusqu’alors disponible uniquement aux Etats-Unis alors que les patients des pays en développement en avaient désespérément besoin.

La nouvelle version du Kaletra ne nécessite aucune réfrigération et ne pose aucune contrainte alimentaire, elle est donc particulièrement adaptée aux malades séropositifs des pays en développement.

Marta Darder, qui coordonne l’accès aux médicaments essentiels chez MSF  , a salué cette victoire, tout en soulignant qu’il restait encore beaucoup de chemin à parcourir avant que le Kaletra ne soit universellement accessible, notamment en Asie et en Amérique latine.

« Actuellement, ce médicament n’est disponible que dans trois pays d’Afrique. Que vont devenir les malades qui vivent dans d’autres régions du monde, où les ressources sont limitées, et les coupures d’électricité courantes ? », s’est interrogée Marta Darder. [1]

Les médicaments ont été livrés au Cameroun et en Afrique du Sud la semaine dernière, puis mardi, Lagos, la plus grande ville portuaire du Nigeria, a reçu sa première livraison de Kaletra.

Le gouvernement sud-africain propose déjà du Kaletra, dans le cadre de son programme national de traitement.

Le processus d’enregistrement du médicament est toujours en cours pour les pays en développement, mais MSF   a obtenu une « autorisation spéciale » après s’être entretenue avec des responsables de l’enregistrement des médicaments.

« Nous avons eu certaines inquiétudes au début quant au prix de la nouvelle version [9 000 dollars par patient et par an], puis nous avons réussi à convaincre le laboratoire de vendre le nouveau médicament au prix de l’ancien [500 dollars par patient et par an]. Mais tout cela n’est qu’une goutte dans la mer compte tenu de l’étendue de la pandémie en Afrique », a ajouté Marta Darder.

L’Afrique sub-saharienne abrite 10 pour cent de la population mondiale et près de 60 pour cent des personnes porteuses du virus de la planète.

« Nous avons besoin de l’aide de tout le monde pour mettre davantage de pression sur Abbott. Nous encourageons les gouvernements et les organisations de la fonction publique à travailler avec MSF   pour assurer que ce médicament essentiel est livré en plus grande quantité », a souligné Marta Darder.

Le groupe de pression sud-africain Treatment Action Campaign (TAC) soutient MSF   et souhaite qu’Abbott autorise les laboratoires de médicaments génériques à produire des versions du Kaletra encore meilleur marché.

« Cette victoire de MSF   est une étape importante vers un plus large accès aux ARV   de deuxième génération dans les pays pauvres, mais le prix de l’ancienne version de Kaletra est encore trop élevé pour beaucoup de malades qui vivent en dessous du seuil de pauvreté », a déclaré Nathan Geffen du TAC.

En effet, même vendu à 500 dollars par an, le Kaletra demeure l’un des médicaments ARV   les plus chers sur le marché international, a rappelé M. Geffen.

Les médicaments de deuxième génération sont prescrits aux patients qui ne supportent pas les effets secondaires des traitements classiques de première ligne ou qui développent des résistances aux ARV  .

Si les laboratoires pharmaceutiques et les commissions d’enregistrement des médicaments ne proposent pas de médicaments de deuxième génération à un prix meilleur marché, une crise risque de se produire, car les malades sont de plus en plus nombreux à développer des résistances aux traitements de première génération.

Le laboratoire Abbott, le seul producteur de Kaletra, a indiqué qu’il faisait son possible pour que la nouvelle version du médicament soit enregistrée dans les pays en développement.