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Les cris d’alarme de Toronto

Premiers bilans de la conférence qui se termine ce soir


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La conférence internationale sur le sida   à Toronto se termine ce soir. De nombreux thèmes ont été abordés pour un même constat : en plus du manque de prévention, beaucoup trop de malades restent éloignés des soins nécessaires...

Plusieurs appels urgents

Trop peu de sidéens soignés au Moyen-Orient et en Afrique du nord La conférence mondiale sur le sida   a d’abord mis en garde cette semaine contre la hausse prévisible du taux de contamination au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, même si le taux actuel reste modéré (0,2% des adultes selon l’Onusida  , qui englobe là 22 pays, du Maroc à l’Afghanistan). "La prévention manque, seules 5% des personnes qui en ont besoin reçoivent des antirétroviraux, et il y a de plus en plus de signes de prises de risques et de vulnérabilité", s’inquiète le Dr Samir Anouti, de l’Onusida  . Exemple : 40 à 60% des toxicomanes de la région échangent leurs seringues. Pour nombre d’acteurs, l’ennemi reste la sous-information du public et la stigmatisation des malades. S’y ajoutent la jeunesse des habitants, des populations déplacées difficiles à toucher, des lois anti-homosexuels, discrimination. Bref, un changement d’attitude est nécessaire.

Médicaments Non aux accords de libre-échange poussés par les Etats-Unis. Plus de 45 organisations ont demandé jeudi à Toronto un moratoire sur les accords bilatéraux de libre-échange poussés notamment par les Etats-Unis, qui selon elles nuisent à la production de médicaments génériques abordables contre le sida  . Elles préviennent qu’une nouvelle crise d’approvisionnement menace les médicaments de nouvelle génération à fournir aux pays en développement, alors que certains accords incluent de plus en plus des droits accrus sur la propriété intellectuelle. Ce texte est notamment signé par Médecins sans frontières, Oxfam ou Act Up, ainsi que 350 médecins, scientifiques, responsables, comme l’envoyé spécial de l’Onu   pour le sida   en Afrique Stephen Lewis.

Appel urgent du Programme alimentaire mondial Autre grand thème de cette conférence : la faim. Elle empêche la guérison des malades du sida  , facilite la transmission du virus et pousse femmes et adolescents à des relations sexuelles à risque : une spirale infernale, que les donateurs auraient le pouvoir d’enrayer. Le Programme alimentaire mondial a donc lancé un appel urgent au financement d’une aide alimentaire. Une personne mal nourrie sous thérapie antirétrovirale a en effet six fois plus de chances de mourir qu’une autre, correctement nourrie, qui bénéficie du même traitement, selon une étude récente de l’Institut international de recherche sur la politique alimentaire. Pour un adulte, le besoin calorique est de 10 à 30% plus élevé que celui d’une personne saine. Pour les enfants en croissance, il est de 50 à 100% supérieur... Et l’épidémie prolifère dans les pays pauvres, où vivent 95% des personnes contaminées par le virus dans le monde. Pourtant, avec 1,1 milliard de dollars sur trois ans, soit 2% des 55 milliards qu’il faudra débloquer selon l’Onusida   pour lutter contre l’épidémie, le PAM serait en mesure d’apporter une aide alimentaire aux 6,4 millions de personnes en ayant besoin. Soit 0,66 dollar par jour et par personne.

Avertissement à l’égard des pays de l’est qui ne traitent pas les drogués Selon des experts présents mercredi à Toronto, les pays d’Europe de l’est et d’Asie centrale, dont la Russie et la Chine, doivent changer rapidement de politique vis-à-vis des usagers de drogues injectables et les inclure dans les programmes de traitement antisida. Des millions de personnes sont ainsi laissées sans soins, risquant d’alimenter l’épidémie faute de traitements mais aussi d’accès à des aiguilles propres ou à des programmes de substitution de l’héroïne par la méthadone. Les utilisateurs de drogues injectables constituent 70% des personnes infectées par le virus du sida   dans ces pays mais ne représentent que 24% des malades qui bénéficient d’un traitement, selon l’Onusida  .

Un grave oubli : les prisons Les acteurs de la lutte anti-sida   ont aussi regretté que la prolifération du virus du reste largement sous-estimée dans les prisons. Et ils ont appelé à un sursaut des pouvoirs publics dans le monde entier. Les prisons sont devenues de véritables "incubateurs" pour le VIH   et le sida   en raison de rapports homosexuels non protégés, de tatouages faits dans des conditions hygiéniques douteuses et de l’utilisation de seringues usagées. L’Ukraine est devenu l’épicentre de l’épidémie de sida   en Europe en raison essentiellement de la consommation des drogues avec des seringues contaminées. Selon une étude présentée à Toronto, le taux d’infection par le virus VIH   va de 16% à 91,5% dans sept prisons ukrainiennes. Le premier programme de distribution de seringues jetables aux prisonniers a débuté en Suisse en 1992. Actuellement, 50 programmes identiques ont été lancés dans huit pays, où aucun nouveau cas de VIH   n’a été recensé et on a constaté une baisse des overdoses d’héroïne.


Publié sur OSI Bouaké le vendredi 18 août 2006

 

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