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Les Ivoiriens aux urnes pour le second tour de la présidentielle

Au moins trois morts dans des heurts en Côte d’Ivoire


Au moins trois morts dans des heurts en Côte d’Ivoire

Libération - 27/11/2010 - Thomas Hofnung, envoyé spécial en Côte d’Ivoire

A quelques heures de l’ouverture des bureaux de vote en Côte d’Ivoire pour le second tour de la présidentielle, la situation s’est tendue encore un peu plus. Une manifestation de l’opposition contre le couvre-feu instauré par décret à partir de samedi soir par le président Gbagbo, a dégénéré dans le quartier d’Abobo, à Abidjan. La foule en colère s’en est prise aux policiers, qui ont riposté, faisant au moins trois morts et huits blessés d’après des sources internationales. Les policiers, assurent ces sources, auraient riposté à un tir émanant de la foule des partisans du candidat Alassane Ouattara. Une voiture de police a été brûlée. Le calme est revenu aux alentours de 16 heures.

Dans la soirée, les deux rivaux ont lancé un appel au calme. « Nous lançons un appel solennel à tous nos électeurs et nos militants de s’abstenir de tout acte d’agression sur les personnes et les biens ainsi que le matériel électoral, en vue de permettre l’organisation du scrutin dans un climat apaisé nécessaire à des élections transparentes », ont-ils déclaré. Cet « appel aux électeurs » a été lu par le Premier ministre Guillaume Soro à l’issue d’un entretien au palais présidentiel entre les trois hommes et le médiateur dans la crise ivoirienne, le président burkinabè Blaise Compaoré.

Le couvre-feu de trop

Quelques heures plus tôt, dans la matinée, prenant tout le monde par surprise, le président Laurent Gbagbo, candidat à sa propre succession, a signé un décret instaurant un couvre-feu le soir-même de 22 heures jusqu’à 6 heures du matin. Le texte stipule la reconduction de cette mesure dimanche soir, mais aussi du lundi au mercredi inclus, dès 19 heures. Le chef de l’Etat, qui avait évoqué ce décret lors de son débat télévisé avec son adversaire Alassane Ouattara, jeudi dernier, n’a tenu compte ni du refus de l’opposition de se soumettre à une telle mesure, qu’elle estime être la porte ouverte à toutes les manipulations électorales possibles, ni des réticences de son Premier ministre Guillaume Soro, ou de celles de la communauté internationale.

Laurent Gbagbo a mis tout le monde devant le fait accompli, juste avant l’arrivée à Abidjan de Blaise Compaoré. Mais les incidents survenus ce samedi dans le quartier d’Abobo témoignent du ras-le-bol des jeunes pouvant échapper à tout contrôle.

Ces événements, qui font suite à d’autres échauffourées à Abidjan au cours des derniers jours mais aussi dans l’ouest du pays, laissent craindre le pire au lendemain du scrutin, dans l’attente des résultats et lors de leur proclamation. Au premier tour, Gbagbo était arrivé en tête avec 38% des voix contre 32% à Ouattara.


Les Ivoiriens aux urnes pour le second tour de la présidentielle

RFI - 28/11/10 - Par Christophe Boisbouvier / Cyril Bensimon

Les bureaux de vote ont ouvert ce 28 novembre à 7H00 (locales et GMT) en Côte d’Ivoire pour le second tour d’une présidentielle historique qui doit mettre fin à dix ans de crise politico-militaire. Un scrutin sous haute tension après les violences qui ont suivi le premier tour. Depuis le 27 novembre et jusqu’au 2 décembre prochain, un couvre-feu a été instauré par le président-candidat Gbagbo. Cette mesure qui est loin de faire l’unanimité, n’est pas appliquée dans tout le pays, beaucoup espèrent même son report.

Au moins trois morts, le 27 novembre, dans le quartier d’Abobo, à Abidjan. Trois morts liés au couvre-feu. Des jeunes protestaient contre cette mesure lorsque des heurts ont éclaté avec les forces de l’ordre. Celles-ci ont alors usé de leurs armes à feu.

Audio : Écouter (01:10) Blaise Compaoré - Président du Burkina Faso - 27/11/2010 - par Norbert Navarro

En fait, pendant toute la journée d’hier, le décret instaurant le couvre-feu a fait l’objet d’une controverse. Le chef d’état major des forces armées de Côte d’Ivoire a expliqué sur les antennes de la Radio-télévision ivoirienne (RTI) pourquoi il avait demandé au président de prendre cette mesure. Le général Philippe Mangou a considéré que les violences répétées de cette semaine risquaient de plonger le pays dans un état insurrectionnel. Selon lui, six personnes ont trouvé la mort ces derniers jours – notamment des militants de Laurent Gbagbo tués par ceux d’Alassane Ouattara –, et les forces de défense et de sécurité (FDS) ont été victimes de tirs d’armes à feu. Pour lui, cette mesure est donc nécessaire pour sécuriser les populations.

Amadou Soumahoro, Vice président de la Commission électorale indépendante :

"La CEI voudrait recommander au chef de l’État l’assouplissement des mesures de sécurisation (...)"

Mais cette opinion est loin de faire l’unanimité. Pendant toute la journée d’hier, le Premier ministre et le président de la CEI (Commission électorale indépendante) ont espéré que le président Gbagbo assouplirait la mesure. Guillaume Soro et Youssouf Bakayoko craignent en effet que ce couvre-feu ne complique sérieusement la tâche de tous les agents électoraux qui sont chargés, à partir de ce dimanche soir, du dépouillement des urnes, puis du transport des quelque 22 000 procès-verbaux de vote jusqu’au siège de la CEI.

Du côté de l’opposition, le RHDP d’Alassane Ouattara affirme même que ce couvre-feu est « la porte ouverte aux fraudes ». Dans leur démarche auprès de Laurent Gbagbo, le Premier ministre et le président de la CEI ont reçu hier le renfort du facilitateur de la crise ivoirienne, le président burkinabé Blaise Compaoré. Il a passé la journée à Abidjan. Et hier soir, avant de repartir, il a annoncé que le président ivoirien « envisageait » d’assouplir ce couvre-feu.

Audio : Écouter (00:54) Cristian Dan Preda - Chef des observateurs de l’UE   - 27/11/2010 - par Cyril Bensimon

Laurent Gbagbo a-t-il promis quelque chose à ses interlocuteurs pour les heures à venir ? Assouplira-t-il la mesure pour les quatre nuits prochaines ? En tout cas, pour l’instant, le chef de l’Etat ivoirien n’a pas bougé. Hier soir, le couvre-feu est bien entré en vigueur à 22 heures locales, du moins à Abidjan, où les avenues étaient totalement désertes à partir de cette heure-là.

A Bouaké, en revanche, dans le fief de l’ancienne rébellion des Forces nouvelles, à 22 heures, la vie continuait son cours et la bière coulait à flot dans les maquis de la cité.


Publié sur OSI Bouaké le dimanche 28 novembre 2010

 

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