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Les Ivoiriens appelés à élire leur président

A quelques heures du vote, la Côte d’Ivoire retient son souffle


Libération - 31/10/2010 - Par Thomas Hofnung - Envoyé spécial à Abidjan

Quelque 20 000 bureaux de vote ont ouvert leurs portes, ce dimanche, en Côte d’Ivoire à 7 heures du matin. 5,7 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour désigner leur président lors d’un scrutin qualifié unanimement d’« historique ».

Jamais, en effet, une élection n’avait été aussi ouverte dans cette ancienne colonie française, indépendante depuis 1960. Lors du précédent scrutin, en 2000, ni l’ancien président Henri Konan Bédié, ni l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara n’avaient pu se présenter. Cette fois, ils sont présents et comptent bien bouter hors du palais présidentiel le sortant, Laurent Gbagbo, dont le mandat avait officiellement pris fin en 2005, mais qui s’est maintenu au pouvoir depuis, arguant de la crise qui secoue son pays depuis une tentative de coup d’Etat il y a huit ans.

Alors que la campagne a été relativement paisible, les Ivoiriens ne cachent pas leur inquiétude en ce qui concerne la proclamation des résultats. Si Gbagbo devait l’emporter dès le premier tour, certains redoutent une explosion de colère des partisans d’Alassane Ouattara. A l’inverse, si le chef de l’Etat était distancé par ses deux principaux concurrents, et donc éliminé dès le premier tour, ce sont ses supporteurs, les « patriotes », qui pourraient descendre dans la rue.

Tout au long de la campagne, Gbagbo n’a cessé de répéter qu’il l’emporterait facilement, refusant même d’envisager une éventuelle défaite. Ses rivaux, Bédié et Ouattara, affirment être majoritaires dans le pays. Après le vote, beaucoup d’Ivoiriens ont prévu de rester chez eux, redoutant des incidents.

Preuve de la fébrilité qui règne sur place : un arrêté suspendant l’usage des SMS à l’occasion du scrutin a suscité ce week-end un certain émoi, et un bras de fer au sein du gouvernement ivoirien. La décision avait été prise par l’un des responsables de l’Autorité nationale des télécommunications, officiellement dans l’intention d’éviter les rumeurs et les manipulations. Mais cet arrêté, signé par un cadre réputé proche du clan présidentiel, et sans concertation avec le ministre des Télécoms, a immédiatement été interprété comme la volonté de museler l’opposition et de contrôler les résultats sortis des urnes. Hier, le Premier ministre Guillaume Soro a annoncé avoir suspendu cet arrêté.

Les résultats du premier tour devraient être divulgués au plus tard mardi par la Commisssion électorale indépendante. D’ici là, la tension promet de monter à Abidjan, où l’armée a commencé à se montrer ostensiblement à certains grands carrefours.


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Publié sur OSI Bouaké le dimanche 31 octobre 2010

 

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