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Grands lacs : L’exploitation sexuelle des enfants, une pratique très répandue dans les camps


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KAMPALA, 27 février 2007 (IRIN) - Près de 1,4 million d’enfants déplacés par les conflits de la région instable des Grands Lacs, en Afrique, ont été victimes d’une forme ou d’une autre d’abus sexuel dans les camps où ils ont été hébergés, indique un rapport de World Vision, une organisation caritative internationale.

« Ces abus se sont manifestés sous la forme de viols, de tentative et de menace de viol », précise le rapport rendu public lundi. « Les jeunes filles étaient souvent contraintes de se prostituer pour avoir de l’argent afin de se payer des soins médicaux, de la nourriture ou même entretenir leur famille », note le rapport intitulé ‘The future in our hands : Children displaced by conflicts in Africa’s Great Lakes region’ - L’avenir est entre nos mains : les jeunes déplacés des conflits de la région des Grands Lacs d’Afrique.

Rédigé à partir des informations recueillies dans les camps de réfugiés et de déplacés de la République démocratique du Congo (RDC), du Burundi, de la Tanzanie, du nord de l’Ouganda et du Rwanda, ce rapport souligne notamment que la pauvreté est à l’origine de l’exploitation sexuelle dont sont victimes les enfants.

Certaines pratiques traditionnelles comme les mariages précoces étaient fréquentes, les parents poussant souvent leurs jeunes filles à se marier pour pouvoir percevoir une dot.

« La grande vulnérabilité des filles aux abus et à l’exploitation sexuels trouvent ses origines dans les relations socio-culturelles qui existent entre les hommes et les femmes », révèle le rapport.

L’enquête a révélé que dans plusieurs communautés traditionnelles, certaines croyances irrationnelles, notamment le fait qu’on puisse guérir du sida   en ayant une relation sexuelle avec une fille vierge, sont à l’origine des violences sexuelles faites aux jeunes filles.

Selon Valerie Kamatsiko, coordonnatrice régionale de World Vision, la situation pourrait s’aggraver si les autorités ne réagissent pas rapidement pour mettre fin à ces violences.

« Les abus sexuels étaient une pratique courante parmi les enfants déplacés des camps ciblés pour les besoins de l’enquête. La situation des enfants de ces camps est précaire », a-t-elle déploré lors de la publication officielle du rapport à Kampala, la capitale ougandaise.

Les conclusions de l’enquête ont été établies à partir de 304 questionnaires remplis par des jeunes filles de 10 à 18 ans.

Les réponses montrent que ce sont les forces de sécurité, les autres réfugiés, les enseignants, les agents sanitaires et humanitaires qui commettent la plupart des abus sexuels. « Il ressort de ces documents, que ce sont les personnes bien connues des jeunes filles, des personnes qu’elles rencontrent quotidiennement et en qui elles ont confiance, mais qui les exploitent sexuellement », indique le rapport.

World Vision exhorte donc les gouvernements de la région à mettre en place des programmes de protection et d’assistance en faveur des personnes déplacées, à garantir aux enfants l’accès aux soins de base et à l’éducation, et à œuvrer pour la réunification des enfants séparés de leur famille.

Toujours selon le rapport, l’absence de campagne de sensibilisation sur les abus sexuels et la pornographie à laquelle les enfants sont exposés sont autant de facteurs favorisant l’exploitation sexuelle des jeunes filles. En outre, la promiscuité dans les camps amène parfois les enfants à assister aux ébats sexuels des adultes.

Beaucoup d’enfants ne sont sous l’autorité d’aucun parent et plus de 100 000 enfants de la région des Grands Lacs sont abandonnés à eux-mêmes aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de leur pays d’origine.


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Publié sur OSI Bouaké le samedi 3 mars 2007

 

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