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Être séropositif n’est pas une fatalité


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L’expérience de deux personnes vivant avec le VIH  /SIDA   : témoignages de Thierry et Valérie

Thierry

  • La connaissance de mon infection par le VIH   : Après mon admission au baccalauréat « Série D » en 1991, j’ai bénéficié d’une bourse d’étude et au cours du bilan de santé préalable à l’obtention du visa, le test du VIH   s’est révélé positif et ma bourse fut annulée. En 1998 j’ai développé une neuropathie périphérique aiguë (douleurs, noircissement et enflure des articulations...). Hospitalisé, un deuxième test fut fait et s’est révélé à nouveau positif.
  • Ma réaction après l’annonce du test : L’annonce de la maladie m’a beaucoup bouleversé. Mais peu à peu, avec le soutien du Centre de Traitement Ambulatoire (CTA) de Pointe Noire, j’ai fini par l’accepter et je me suis consacré à aider d’autres malades.
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    Thierry (premier plan) lors d’un atelier sur le "VIH/SIDA en milieu de travail" au Bureau de la Banque mondiale à Brazzaville. © Banque mondiale
  • La prise en charge : Au début j’ai suivi un traitement basé sur la protection contre les maladies opportunistes, mais en dépit de ce traitement mon état de santé s’est aggravé et je ne suis retrouvé paralysé. Un autre bilan de santé a permis au médecin de constater que mon organisme ne pouvait plus supporter le taux du virus : il me fallait d’urgence un traitement à base d’Anti-rétro-viraux (ARV  ). En 2004, avec le soutien de la Croix Rouge Française, j’ai pu enfin bénéficier du traitement ARV   dont le coût s’élevait à 5000 francs CFA. Ce traitement a été l’élément déterminant m’ayant aidé à voir positivement la vie et à poursuivre ma lutte contre le VIH  /SIDA  .

Valérie

  • La connaissance de mon infection par le VIH   : C’est en 1993, suite à un zona développé à la suite de mon accouchement, que le test du VIH   a été fait avec mon accord. Le test s’est révélé positif.
  • Ma réaction après l’annonce du test : J’ai perdu tout espoir en la vie et tous mes amis m’ont abandonnée. À l’époque, parler du Sida   était un tabou. La peur de mourir, le regard des autres, le rejet, la marginalisation et la solitude étaient immenses. Grâce à la foi et au soutien de mes parents, j’ai repris goût à la vie.
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Valérie, expliquant des activités menées par le RENAPC (Réseau National des Positifs du Congo), dont elle est la Présidente.
  • La prise en charge : Lorsque je suis arrivée en 2000 au Centre de Traitement Ambulatoire de Brazzaville, mon taux de lymphocytes T4 (anticorps) était égal à 2 (très bas), et il était urgent que je sois sous traitement Anti-rétro-viraux (ARV  ). À cette époque le traitement revenait à 800.000 francs Cfa par mois (soit 400.000 francs CFA chaque quinzaine). La prise en charge n’étant pas possible, le soutien de mes parents a été très déterminant. Le traitement à base d’ ARV   a beaucoup contribué au rétablissement de ma santé et mon taux de lymphocytes T4 est revenu à 300. Ayant accepté positivement la maladie, je me suis engagée dans la lutte contre le VIH  /SIDA   pour soutenir les personnes vivant avec le VIH  /SIDA   délaissées ou désespérées.

NOTRE LUTTE CONTRE LE VIH  /SIDA  

En 2002, Valérie s’engage dans l’Association « Femme Plus » où elle devient Vice-présidente. Ainsi elle va être la première femme en République du Congo à témoigner à visage découvert à travers les médias.

En 2003, consciente de la situation des jeunes vivant avec le VIH  , elle répond à leur besoin en créant l’Association des Jeunes Positifs du Congo (A.J.P.C.) où elle assure la fonction de Présidente et intègre cette association au Réseau National des Positifs (RENAP +). Ensemble ils vont contribuer au côté de l’État congolais à la prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH  /SIDA   par la mise en place de l’Initiative Congolaise à l’Accès aux Anti Rétro Viraux (I.C.A.R.V.).

Quant à Thierry, il menait les mêmes actions au niveau de Pointe-Noire comme Secrétaire Général dans l’Association des personnes vivant avec le VIH  , dénommée « Espoir ». Dans le cadre d’un projet sur « l’enquête de l’impact psychosocial du vécu de la maladie dans les familles des personnes vivant avec le VIH   », mis en place par le CREDES [1]avec l’appui financier de la Banque Mondiale, Valérie et Thierry ont été choisis pour faciliter la communication entre les psychologues et les familles des PVVIH  . C’est à cette occasion en janvier 2004 que Thierry et Valérie se sont connus.

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Valérie et Thierry, unis pour le meilleur et pour le pire.

En avril 2004, Thierry va rejoindre Valérie à Brazzaville et s’engage à ses côtés dans la lutte contre le VIH  /SIDA   dans l’Association des Jeunes Positifs du Congo (A.J.P.C.). Il se consacre tout particulièrement à encourager les personnes à se faire dépister, assister et accompagner si nécessaire, et à informer les familles et la société pour éviter la stigmatisation, le rejet et la discrimination des personnes vivant avec le VIH  /SIDA  .

Le 2 juillet 2005 Valérie et Thierry se marient à la Mairie centrale de Brazzaville et à l’Eglise.

Pendant longtemps au Congo, un mariage entre personnes séropositives était inimaginable, le mariage étant perçu essentiellement sous l ’aspect de la procréation. Or le fait que Thierry et Valérie aient osé briser ce mythe signifie que ni la maladie, ni l’infection au VIH  , ni la crainte d’être stigmatisé ne doivent priver quelqu’un du droit de se marier et d’avoir des enfants.

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[1] NDLR : les fidèles lecteurs du blog auront reconnu qui est la bonne fée qui a donné un coup de pouce au destin...

[2] NDLR voir aussi notre article : http://osibouake.org/article.php?id_article=313


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Publié sur OSI Bouaké le lundi 3 décembre 2007

 

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