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Côte d’Ivoire - WikiLeaks : Quand Gbagbo pistonnait Villepin


Afrique en ligne-Infos Plus Gabon - 13/12/2010 - Le président ivoirien contesté Laurent Gabgbo aurait aidé Dominique de Villepin à devenir Premier ministre. C’est le chef d’Etat ivoirien qui l’aurait affirmé à un ambassadeur américain, selon un télégramme diplomatique révélé par WikiLeaks et publié par Le Monde.

Dominique de Villepin et Laurent Gbagbo, mains dans la mains, à Abidjan en 2003. (Reuters) Laurent Gbagbo, l’un des deux présidents proclamés en Côte d’Ivoire, compte parmi les amis de certains socialistes. Mais, on le savait, le bouillonnant chef d’Etat sortant apprécie beaucoup Dominique de Villepin et il se targuerait de l’avoir "pistonné" pour son poste de Premier ministre. Une nouvelle "fuite" de WikiLeaks, publiée par Le Monde daté de samedi, indique que l’ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac aurait demandé au "boulanger d’Abidjan" d’intercéder en sa faveur auprès du président français, en 2005. Soit juste après les violences anti-françaises organisées par Gbagbo dans la capitale économique ivoirienne.

Ce câble diplomatique provient de l’ambassadeur des Etats-Unis en Côte d’Ivoire. Il y donne d’abord son sentiment sur le personnage "Gbagbo" : un homme "qui adore parler", "saute du coq à l’âne si on ne l’amène pas avec toute la courtoisie requise à revenir au sujet principal de la conversation" et "ne cesse de s’engager dans des digressions pour s’emporter contre le gouvernement français". Bref, rien de nouveau concernant le chantre de la "seconde indépendance", un homme qui n’a pas hésité, pour faire pression sur la France, à encourager des émeutes contres les ressortissants et les intérêts français.

Villepin, "la personne parfaite" pour être Premier ministre Mais l’ambassadeur a relaté également que Laurent Gbagbo avait affirmé que Dominique de Villepin, cheville ouvrière des accords de Marcoussis de 2002 qui devait mettre fin à la guerre civile en affaiblissant le président ivoirien, avait changé quelques années après de sentiment à son égard. Il "est en venu à réaliser que la politique du président Chirac d’essayer de se débarrasser de Gbagbo ne marcherait pas". En 2005, toujours selon le chef de l’Etat ivoirien, Villepin aurait fait de Gbagbo un "allié", alors qu’un an plus tôt ses "jeunes patriotes" s’étaient lancés dans des violences anti-françaises et que la Force Licorne avait bombardé l’aviation ivoirienne.

"Gbagbo a révélé, poursuit le télégramme diplomatique, que Villepin lui avait demandé d’intervenir auprès du président Chirac pour qu’il le nomme Premier ministre, et Gbagbo s’était exécuté". Dans ce contexte très délicat entre leurs pays, les deux présidents se parlaient donc encore. Et selon les propos de Gbagbo rapporté par l’ambassadeur, ils avaient une relation de confiance. "Chirac avait réagi en disant que Villepin était du genre nerveux, mais Gbagbo avait donné la garantie à Chirac que de Villepin était la personne parfaite pour cette fonction". Villepin a été nommé chef du gouvernement en 2005.

La suite du câble éclaire encore un peu plus le rôle que certains dirigeants du continent ont pu jouer dans le règlement du conflit entre la Cote d’Ivoire et la France. "Le président (Omar) Bongo s’était arrangé pour que Gbagbo et Villepin se rencontrent à Libreville (Gabon) pour trouver un cadre d’entente dans les relations franco-ivoiriennes". Une intermédiation importante pour Gbagbo, puisqu’il jugeait alors que "contrairement au président Chirac, Villepin montrait de temps en temps de la compréhension".


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Publié sur OSI Bouaké le mardi 14 décembre 2010

 

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