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Cameroun : Les examens biologiques enfin accessibles


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YAOUNDE, le 16 janvier (IRIN) - La baisse significative des prix des examens biologiques pour les patients sous traitement antirétroviral au Cameroun a provoqué une hausse de la demande pour ces actes de laboratoires, indispensables au suivi des patients vivant avec le sida  , selon des médecins.

Annoncée en décembre par le gouvernement, cette décision est entrée en vigueur le 1er janvier dans les établissements publics du pays, où les tarifs des examens semestriels de suivi biologique ont été divisés par cinq, à 3 000 francs CFA (5,5 dollars américains) contre 16 000 francs CFA (près de 30 dollars) auparavant.

"Cette baisse est très importante : nous étions arrivés à une situation où seulement 30 pour cent des patients faisaient ce bilan biologique semestriel. Pour les autres, il coûtait trop cher", a expliqué à PlusNews le docteur Charles Kouanfack, le chef de service d’hospitalisation de jour de l’Hôpital central de Yaoundé (HCY), dans la capitale, le plus gros centre de prise en charge du pays qui accueille entre 150 et 200 patients par jour.

Fin 2002, seuls 27 pour cent des personnes sous traitement, soit 1 350 personnes, pouvaient s’offrir ces examens de façon régulière, a précisé le Fonds mondial de lutte contre le sida  , la tuberculose et le paludisme. Au Cameroun, près de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour.

Pour le docteur Kouanfack, beaucoup de patients ont demandé à faire ces examens dès le premier jour d’application du nouveau tarif. "Nous allons pouvoir ainsi améliorer sensiblement la prise en charge et surtout le suivi des patients qui sont sous ARV  ", a estimé le praticien.

Les examens biologiques réalisés en laboratoire permettent de déterminer si le patient a besoin d’un traitement antirétroviral (ARV  ) et de surveiller la réponse de l’organisme au traitement, via la numération des lymphocytes CD4 et le niveau de la charge virale.

Les experts en maladies infectieuses estiment que si la charge virale ne diminue pas après un mois de traitement, cela suggère que le patient le suit mal, que l’absorption intestinale est insuffisante ou que le virus est résistant au médicament. Ainsi, la charge virale et les lymphocytes CD4 doivent être habituellement mesurés toutes les huit à 12 semaines.

Selon des médecins camerounais, le taux de résistance aux ARV   se situe autour de 18 pour cent depuis le lancement du programme, en 2001. Ce taux tombe à 10 pour cent au Sénégal, qui conduit le plus ancien programme public de prise en charge en Afrique de l’Ouest.

Poussé par ses bailleurs de fonds, les patients et les médecins, l’Etat camerounais a donc réévalué le coût réel des examens pour les patients, désormais fixé à 21 000 francs CFA (38,8 dollars) par personne et par semestre, contre 50 000 francs CFA (93 dollars) auparavant.

Près de 15 millions de dollars, octroyés en janvier 2005 pour deux ans par le Fonds mondial, ont permis à l’Etat d’absorber la baisse, la subvention de l’institution internationale, versée au gouvernement, s’élevant à 18 000 francs CFA par patient et par semestre.

Tous les patients sous traitement ne pourront pas profiter de ces tarifs, l’offre étant, pour le moment, limitée à l’hôpital central de Yaoundé ; les associations de lutte contre l’épidémie au Cameroun attendent désormais que les autres établissements hospitaliers et centres de santé publics appliquent cette décision. Ces tarifs "favoriseront ainsi un accès plus large à la prise en charge médicale à partir du moment où ils seront appliqués par tous les centre de traitement agréés [CTA] et les UPEC", a expliqué Laurence Gaubert, responsable de la branche suisse de Médecins sans frontières (MSF  -S) au Cameroun.

Selon le Fonds mondial, les seuls centres de suivi biologique qui sont en mesure de proposer des examens complets aux personnes sous ARV   se trouvent dans les deux villes de Yaoundé et de Douala. Trois des 12 unités de prise en charge (UPEC), mises en place en 2005 dans la province du Centre, ne sont toujours pas opérationnelles, ont précisé les associations.

"Jusque-là, nous pouvions constater que le prix des examens biologiques constituait la plus lourde barrière financière pour les patients, il est encourageant de constater qu’un pas en avant a de nouveau était fait au Cameroun", a dit Mme Gaubert, ajoutant que "les fonds consacrés au sida   sont maintenant répartis plus équitablement".

Grâce à la baisse significative du prix des traitements ARV  , qui sont passés de 36 dollars à huit dollars par mois en octobre dernier, dix fois plus de personnes vivant avec le VIH  /SIDA   ont eu accès aux médicaments entre 2002 et 2005 au Cameroun, soit 13 500 patients.

"Les traitements comme les examens deviennent accessibles, de plus en plus de patients vont donc accéder à un traitement de qualité. Cela va entraîner une charge supplémentaire de travail pour les structures déjà existantes. Il faut maintenant que les équipements suivent", a conclu le docteur Kouanfack.


Publié sur OSI Bouaké le samedi 21 janvier 2006

 

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