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Burundi : l’arrêt de l’aide alimentaire pour les patients inquiète les ONG


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Bujumbura, 20 novembre - Les activistes engagés dans la lutte contre le VIH  /SIDA   au Burundi craignent que la fin des opérations d’aide alimentaire prévue par le Programme alimentaire mondial (Pam) d’ici la fin de l’année ne mette en danger la vie des personnes séropositives.

La sécheresse, les mauvaises récoltes, la pauvreté endémique et plus de dix années d’instabilité ont entraîné une grave insécurité alimentaire au Burundi. A la fin de l’année, le Pam aura fourni un appui à quelque 874 000 Burundais, dont des personnes déplacées, des écoliers et des personnes porteuses du VIH  .

Cependant, l’agence onusienne envisage d’arrêter en 2007 ses opérations d’aide alimentaire destinées aux personnes infectées et affectées par le VIH  /SIDA  .

« Nous nous sommes rendus compte que chaque mois, une grande partie de notre distribution alimentaire mensuelle était consacrée aux personnes séropositives, alors qu’un patient vivant avec le virus n’est pas forcément une personne vulnérable », a expliqué Guillaume Foliot, du Pam au Burundi.

« La plupart des personnes séropositives continuent de travailler et ont les moyens d’acheter de la nourriture, alors que les habitants du nord du Burundi [la région la plus touchée par l’insécurité alimentaire] n’ont parfois littéralement rien à manger », a-t-il ajouté.

Le Burundi connaît un déficit alimentaire de 500 000 tonnes d’équivalent céréales et le Pam n’est en mesure de fournir que 70 000 tonnes d’aide alimentaire.

« Nous consacrons entre 10 et 15 pour cent de nos distributions mensuelles aux personnes infectées et affectées par le VIH  /SIDA   », a précisé M. Foliot.

Les organisations humanitaires locales, dont les activités dépendent de l’aide du Pam, redoutent que cette décision n’ait des conséquences désastreuses sur les personnes vulnérables.

« Grâce au soutien du Pam, nous pouvons nourrir des orphelins, des foyers dirigés par des enfants et les patients les plus démunis. Mais si les opérations du Pam prennent fin, nous ne savons pas ce que vont devenir tous ces gens », a regretté Jeanne Gapiya Niyonzima, présidente de l’Association nationale de soutien aux personnes vivant avec le VIH   et le sida  .

L’organisation de Jeanne Gapiya Niyonzima s’occupe de 1 700 personnes sous traitement antirétroviral (ARV  ), dont la plupart reçoit une aide alimentaire du Pam.

Selon Guillaume Foliot, le Pam continuera de distribuer de la nourriture aux patients qui viennent de débuter une thérapie ARV  , et ce pendant les neuf premiers mois du traitement.

Cependant, cette mesure est insuffisante aux yeux de Gapiya Niyonzima, elle-même porteuse du virus depuis plusieurs années.

« Cela fait des années que je suis un traitement et j’ai toujours besoin d’une très bonne alimentation pour me sentir bien », a-t-elle expliqué. « Nous sommes en train de négocier avec le Pam pour voir s’il ne peut pas poursuivre ses opérations et aider les patients qui ont le plus besoin d’assistance alimentaire », a-t-elle ajouté.

La branche burundaise de la Société des femmes contre le sida   en Afrique (Swaa), qui mène un programme de lutte contre l’épidémie au sein des établissements pénitentiaires du pays, a souligné que la décision du Pam aurait aussi des répercussions sur la santé des prisonniers séropositifs du Burundi.

« Les conditions sont très difficiles dans les prisons, les détenus ne reçoivent pas une alimentation équilibrée. Les personnes séropositives en particulier sont en danger », a déclaré Baselisse Ndayisaba, coordinateur de la Swaa-Burundi.

Guillaume Foliot a indiqué que le Pam avait décidé de mettre un terme à ses opérations après une rencontre avec le ministère de la Santé du Burundi et des responsables du Programme commun des Nations unies sur le VIH  /SIDA   (Onusida  ) — et après avoir reçu l’autorisation de s’occuper uniquement des personnes qui connaissent « le pire du pire ».

Les programmes d’aide alimentaire pour les personnes âgées vivant dans des établissements spécialisés, les enfants des rues et les personnes hospitalisées seront également arrêtés.


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Publié sur OSI Bouaké le lundi 20 novembre 2006

 

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