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2006, année de la prévention en Afrique, continent à haut risque d’infection au VIH

Selon l’Union africaine, il existe un engagement politique sans précédent contre le virus


DAKAR, 11 avril 2006 (PLUSNEWS) - Alors que le débat fait rage autour des meilleurs moyens de prévenir l’infection au VIH  , l’Union africaine et les Nations unies ont lancé, mardi, l’année de l’accélération de la prévention en Afrique, le continent le plus touché par la pandémie.

Simultanément organisé en Ethiopie, dont la capitale Addis Abeba abrite le siège de l’Union africaine, en Afrique du sud, au Congo et dans la plupart des capitales africaines, le lancement de cette initiative vient concrétiser tous les efforts fournis pour arrêter la progression d’une pandémie qui frappe, chaque année, plus de trois millions de nouveaux individus en Afrique.

“L’Afrique doit saisir ce moment pour arrêter le VIH  ”, a dit le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Alpha Oumar Konaré.

Dans un communiqué publié mardi, l’UA a appelé les Etats à intensifier leurs efforts de prévention et à construire un mouvement social et politique suffisamment puissant pour renverser la tendance de l’épidémie, qui a emporté 2,4 millions d’Africains en 2005.

“Il y a différents moyens d’intervention qui ont fait leurs preuves en matière de prévention, nous avons des connaissances sûres, il existe un engagement politique sans précédent et des financements en hausse pour traduire les plans et les programmes en services pour nos populations”, a détaillé l’ancien chef d’Etat malien.

La Commission et les agences des Nations unies, à l’origine de cette initiative décidée en août 2005 à Maputo, au Mozambique, ont admis que l’accélération de la prévention contre le VIH   méritait d’autant plus d’attention que la communauté internationale tente d’atteindre l’objectif d’un accès universel au traitement, à la prévention et aux soins d’ici 2010.

“Nous devons promouvoir une connaissance générale du VIH   et de ses causes, et les campagnes media et l’éducation représentent les meilleurs moyens d’y parvenir”, a expliqué le directeur régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS  /AFRO), le docteur Luis Gomes Sambo, pour qui cette initiative doit servir de “réveil”.

“Les Africains doivent adopter le dépistage du VIH   ; tandis que les gouvernements, en collaboration avec leurs partenaires, doivent travailler ensemble pour assurer que les services de prévention au VIH   soient disponibles, ainsi que la thérapie antirétrovirale”, a précisé le docteur Sambo.

Le prix de l’échec

Parce que les efforts de prévention obtiennent en général de mauvais résultats en Afrique subsaharienne, qui abrite pourtant les deux tiers des personnes vivant avec le VIH  /SIDA  , les experts estiment que toutes les personnes qui auraient besoin de traitement ne pourront y avoir accès, faute d’avoir pu être dépistées.

Selon les Nations Unies, seulement la moitié des jeunes gens en Afrique sub-saharienne connaît son statut sérologique (ou 10 pour cent de la population totale) tandis que seule une douzaine de pays a inclus un volet VIH   dans les cursus scolaires. Les programmes de pair éducation n’atteindraient que la moitié de la population jeune, hautement vulnérable.

Le prix de l’échec est évident : selon le Groupe mondial de travail sur la prévention du VIH  , l’expansion des interventions de prévention actuelles permettrait d’éviter 30 millions de nouvelles infections au VIH   entre 2002 et 2010.

Selon les chercheurs sur le sida  , s’il est difficile de modifier les comportements à long terme, c’est en raison de la nature des messages adressés au public, qui ne considèrent pas le sexe comme une question de désir, d’amour, d’irrationalité ou à caractère illicite.

“Les messages pour un changement de comportement ne sont pas toujours ciblés, clairs et détaillés pour permettre aux publics d’agir en conformité avec le conseil délivré”, ont précisé les Nations Unies mardi.

"Faire face au futur ensemble", une étude menée par le groupe de travail "Femmes, filles et VIH  /SIDA   en Afrique australe" du Secrétariat général des Nations Unies a ainsi demandé à ce que l’on s’éloigne de la méthode orthodoxe de prévention, indiquant que la méthode ABC qui prône l’abstinence, la fidélité et l’usage de préservatifs, ne convenait pas aux besoins de toutes les populations.

“Les messages ont manqué leur cible” pour différentes raisons, a indiqué le rapport, citant notamment la prévalence du viol et de la violence à l’égard des femmes et des filles qui est “non seulement répandue mais également largement acceptée”.

Ainsi, au Ghana, 29 pour cent des adolescents interrogés dans le cadre d’une enquête en 1999 avaient déclaré avoir eu leur première expérience sexuelle sous la contrainte, ont souligné les Nations Unies.

Du coup, l’accent mis par les Etats-Unis sur la promotion de l’abstinence dans les pays bénéficiaires de leur aide contre le sida   — de plus en plus importante au fil des ans —, a réduit l’efficacité des programmes de lutte contre l’épidémie, selon un rapport américain.

Le Plan d’urgence du président Bush contre le sida   (Pepfar  ), initié en 2003, consacre 20 pour cent de ses ressources à la prévention. Mais depuis janvier, un tiers des fonds pour la prévention doit servir à promouvoir l’abstinence avant le mariage, selon la loi qui fonde le Pepfar  .

Cela contraint les 15 pays bénéficiaires de l’aide américaine - dont 12 en Afrique — à réduire ou amputer d’autres programmes de lutte contre le sida  , selon le dernier rapport du ‘Government Accountability Office’, l’organe du Congrès américain chargé de contrôler les dépenses de l’Etat.

Les préservatifs, une valeur sûre selon les Nations Unies

Dans certains pays, ce sont les programmes de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant qui ont souffert de ces exigences, tandis que d’autres Etats, confrontés à une pénurie de préservatifs, n’ont pu réapprovisionner leur marché, ont constaté les auteurs du rapport publié la semaine dernière.

“Ces restrictions peuvent limiter la capacité des pays à développer des programmes de prévention adaptés aux réalités locales”, a précisé le document, sans citer aucun Etat.

Il convient dès lors, pour les Nations Unies, de “mettre les préservatifs à la disposition des populations sexuellement actives, une question qui doit être résolue dans chaque pays, selon la culture et les conditions locales - mais qui doit être résolue”.

Selon les agences onusiennes en effet, seule “l’utilisation constante et correcte du préservatif peut prévenir l’infection au VIH   au cours des relations sexuelles”. Elles s’inquiètent cependant que, dans 19 pays africains où des études ont été menées, 59 pour cent des jeunes hommes et 77 pour cent des filles n’ont pas utilisé de préservatifs en 2004.

Au Burkina Faso, au Ghana, au Nigeria ou en Tanzanie, entre 18 et 49 pour cent des filles et des femmes dépistées au VIH   n’étaient pas informées des risques encourus par leurs enfants ou leurs bébés à naître, ont-elles précisé.

Pourtant, selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef), “cette année offre l’opportunité de changer la direction du virus et de l’histoire” car “il est inconcevable que chaque jour, près de 2 000 enfants soient contaminés au VIH   au cours de la grossesse, la naissance ou l’allaitement”.

Une série d’activités doit se tenir dans quatre capitales africaines mardi, notamment à Ouagadougou, au Burkina Faso, un pays qui est parvenu à multiplier par 12 le nombre de dépistages au VIH   entre 2003 et 2005 grâce au travail des associations locales.

En 2004, près de 102 000 personnes, sur un total de 120 000, se sont faites dépister sur les conseils des associations, contre 8 000 candidats en 2002, selon les statistiques du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) au Burkina Faso.

Les autorités ont ainsi reconnu que sans le travail des associations, l’objectif de mettre 15 000 personnes sous antirétroviraux d’ici 2007 serait difficile à atteindre : le Burkina compte en effet moins de 500 médecins pour 13 millions d’habitants, alors que le taux de prévalence du VIH   atteignait 4,2 pour cent fin 2003, contre 6,1 pour cent deux ans plus tôt, selon les Nations unies.

C’et pour cela que la “prévention et le traitement du VIH   doivent être poursuivis avec vigueur”, a insisté Michel Sidibe, l’un des responsables du Programme commun des Nations unies sur le VIH  /SIDA   (Onusida  ), pour lequel le VIH   représente, aujourd’hui, la plus grande menace pour la sécurité et le développement du continent africain.


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Publié sur OSI Bouaké le mercredi 12 avril 2006

 

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