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Vers un traitement plus précoce des malades du sida



Le Monde - 02.07.2013 - Par Paul Benkimoun -

L’Organisation mondiale de la santé (OMS  ) vient de rendre publiques de nouvelles recommandations visant à traiter plus précocement les personnes vivant avec le VIH  . A l’occasion de la conférence de l’International AIDS Society (Société internationale sur le sida  ), qui s’est ouverte dimanche 30 juin à Kuala Lumpur (Malaisie), l’agence des Nations unies incite tous les pays à traiter les personnes séropositives avant même que leurs défenses immunitaires soient altérées.

Ce changement de stratégie est susceptible d’éviter 3 millions de décès supplémentaires et 3,5 millions de nouvelles infections d’ici à 2025, estime l’OMS  . Cela signifie que 26 millions d’individus devraient recevoir un traitement dans le monde, contre 17 millions selon les critères définis en 2010. Actuellement, près de 10 millions de séropositifs sont réellement traités.

INQUIETUDES SUR LA MOBILISATION INTERNATIONALE

Il est à présent établi qu’en les traitant plus tôt, les personnes infectées vivent plus longtemps et en meilleure santé, en même temps qu’elles risquent moins de transmettre le virus, ayant une quantité du VIH   réduite dans le sang. En 2010, l’OMS   recommandait de traiter les personnes infectées sitôt que leur taux de lymphocytes CD4 tombait en dessous de 350 cellules par mm3 de sang. A ce niveau, le système immunitaire est déjà mis à mal. En choisissant cette fois-ci un seuil supérieur (500 CD4/mm3), l’OMS   avalise les données scientifiques rassemblées ces dernières années.

L’agence recommande toutefois de traiter systématiquement – sans tenir compte d’aucun seuil – les enfants de moins de 5 ans, les femmes séropositives enceintes ou allaitantes, les personnes séropositives vivant en couple avec un partenaire non infecté et celles séropositives co-infectée par l’hépatite B ou ayant également une tuberculose active.

Les progrès accomplis ces dernières années grâce à l’intensification de la mobilisation internationale contre l’infection par le VIH   sont patents : augmentation du nombre de personnes traitées (1,6 million d’individus mis sous traitement en 2012, ce qui a porté le total à 9,7 millions de personnes sous antirétroviraux à la fin 2012), et diminution du nombre de nouvelles infections, notamment en Afrique subsaharienne (la baisse est de 38 % depuis 2009 dans 21 pays jugés prioritaires).

BEAUCOUP DE REGARDS SE TOURNENT VERS LA FRANCE

Mais les points négatifs n’ont pas disparu. Si le nombre d’enfants séropositifs bénéficiant d’un traitement s’est bien accru de 10 % en 2012 par rapport à 2011, le rythme est deux fois plus lent que pour les adultes. Surtout, les interrogations persistent sur la capacité de la mobilisation internationale à financer les nouveaux efforts, à commencer par la prévention de l’infection par le VIH  . La conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida  , prévue au dernier trimestre 2013, sera un moment décisif. Le Fonds a d’ores et déjà calculé la somme nécessaire pour poursuivre sa mission : 15 milliards de dollars (11, 5 milliards d’euros), un chiffre qui tient compte du nouveau seuil pour la mise sous traitement.

"L’argent mobilisé contre le VIH   permet un retour sur investissement : prévenir la transmission du virus de la mère à l’enfant coûte 100 dollars, alors que traiter un enfant né avec le VIH   coûte 300 000 dollars", souligne Michel Sidibé, directeur exécutif d’Onusida  . Beaucoup de regards se tournent vers la France. Alors que des pays ont indiqué poursuivre leur engagement, le deuxième contributeur au Fonds mondial va-t-il en faire autant – notamment à travers la taxe sur les transactions financières – ou alléger son effort ? Michel Sidibé rappelle une citation de Nelson Mandela : "Quand l’eau commence à bouillir, ce n’est pas le moment d’éteindre le feu."


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Publié sur OSI Bouaké le mardi 2 juillet 2013

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