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Le Fonds Mondial n’atteindra pas 15% des besoins


Mots-Clés / Fonds mondial

Act Up-Paris publié le 5 septembre 2005

Aujourd’hui mardi 5 septembre, s’ouvre à Londres la conférence de reconstitution du Fonds mondial. En effet, le premier cycle de subventions du Fonds mondial, datant de 2002, est aujourd’hui achevé (comme prévu), et il faut reconstituer les réserves du Fonds afin qu’il puisse financer de nouveaux projets tout en assurant la continuité des projets débutés en 2002. D’après le rapport d’ONUSIDA   du 27 juin 2005, la réalisation du plan mondial de contrôle de la pandémie du VIH   — établi en 2001 à l’ONU   — va nécessiter 15 milliards de dollars en 2006 et 18 milliards en 2007. Sur ces 33 milliards de dollars nécessaires pour 2006-2007, le Fonds mondial ne vise à mobiliser que 4,3 milliards - soit seulement 13% (Resource needs 2005-2007, the Global Fund). Ainsi, les ambitions financières du Fonds mondial restent très modestes. Le désintérêt des Etats généreux

La modestie des ambitions financières du Fonds peut s’expliquer par le fait que son conseil d’administration est contrôlé par ceux qui sont censés payer : les gouvernements des pays riches. Pourtant, les 15 milliards de dollars nécessaires pour 2006 ne représentent que 0,06% du PIB 2004 cumulé des 7 pays les plus riches du monde (chiffres OCDE). Malgré cela, cette année, les pays donateurs n’ont même pas donné au Fonds mondial le minimum d’un milliard de dollars supplémentaire nécessaire au lancement d’un nouveau cycle. Celui-ci sera donc lancé, au mieux, en 2006.

Toutefois, quelques pays riches tiennent l’engagement pris par les Etats membres de l’ONU   le 27 juin 2001 d’atteindre en 2005 10 milliards de dollars de financement pour la lutte mondiale contre le sida  . Il s’agit des Etats-Unis — avec environ 2,4 milliards de dollars, soit 0,02% du PIB — et de la Grande-Bretagne — avec 900 millions de dollars, soit 0,04% du PIB.

Mais le fait que les autres pays riches, eux, ne font pas leur part de l’effort financier, amène les Etats-Unis et la Grande-Bretagne à privilégier la voie bilatérale plutôt que le Fonds mondial. Par exemple, Jacques Chirac, qui parle beaucoup du sida  , n’a budgété pour la lutte contre la pandémie sida   que 160 millions de dollars (0,008% du PIB). Face à un tel désengagement, George Bush et Tony Blair n’ont dès lors plus aucune raison de mettre leur argent dans le Fonds et préfèrent l’injecter dans des programmes bilatéraux dont ils ont la pleine maîtrise et qui leur assurent un bénéfice politique direct. Le Fonds Mondial à l’agonie

Alors que le sida   n’a jamais fait autant de morts que cette année (plus de 3 millions), le Fonds mondial n’a pas reçu de quoi financer de nouveaux projets en 2005. Douze mois sans financements additionnels pour lutter contre une épidémie qui décime la planète. Sans non plus de perspective concrète d’arrivée des financements nécessaires dans les prochaines années. En effet, d’après le secrétariat du Fonds mondial, meme l’Europe est encore 650 millions de dollars en deca de sa cote-part concernant les contributions nécessaires pour 2006-2007 - sans parler des Etats-Unis, qui délaissent plus que jamais la voie multilatérale. Dans ces conditions, l’avenir du Fonds mondial à 3 ans est serieusement compromis, comme en conviennent d’ailleurs ses principaux financeurs, dont la France.

Les dirigeants du G8 avaient créé le Fonds mondial lors du G8 de 2001. Au G8 2005 ils viennent de promettre de mettre tout en œuvre pour l’accès universel aux traitements contre le sida   d’ici 2010. Pour cela, ils auraient dû commencer par pleinement reconstituer le Fonds mondial à l’occasion de la réunion qui s’ouvre aujourd’hui à Londres.

C’est pourquoi Act Up-Paris ne peut que poser la question suivante : combien de temps, combien de millions de morts encore, avant que les dirigeants du G8 ne commencent à tenir leurs promesses financières en matière de lutte contre le sida   ?


Publié sur OSI Bouaké le mardi 6 septembre 2005

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