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La forêt guyanaise menacée par les mines d’or



France Guyane - 11 octobre 2016 - Lettre ouverte à Barbara Pompili, secrétaire d’État chargée de la Biodiversité

Madame la secrétaire d’État, L’objet de nos préoccupations actuelles concerne les méga-projets aurifères, à ciel ouvert, sur l’Ouest de la Guyane qu’envisage le lobby minier, soutenu par les élus de la majorité territoriale :

  • 1 : Colombus-Nordgold dit La Montagne d’or,
  • 2 : Newmont Mining dit Bon Espoir,
  • 3 : Cie Minière Espérance.

Mais aussi à l’Est, le retour du projet minier Iamgold, pourtant annulé en 2008 après deux ans de lutte citoyenne. La Guyane est la seule partie de l’Europe à posséder une forêt tropicale humide, ancienne, à la biodiversité d’une richesse incomparable, qui reste, encore en partie, à découvrir et exige d’être protégée. Autoriser des complexes miniers d’une telle envergure, considérés comme l’une des industries les plus polluantes au monde, laissant à leurs départs des millions de tonnes de déchets miniers, lessivés par notre abondante pluviométrie, avec les séculaires drainages miniers acides et pollutions aux métaux lourds dans nos rivières, est une aberration écologique et énergétique. Autoriser ces projets ouvrirait une boite de Pandore aux autres multinationales qui frappent à la porte. Or, le syndrome des ressources naturelles, pétrolières ou minières, dès qu’elles sont gérées par les multinationales, génère communément la corruption des administrations, des lois sanitaires bafouées, des emplois peu qualifiés et souvent sous-payés, au seul profit d’actionnaires étrangers... et quelques chevaux de Troie locaux. Mais surtout, pour viabiliser l’industrie minière dans l’intérieur du pays, le lobby minier influe sur le financement sur fonds publics de centrales à biomasse et d’un second barrage hydro-électrique, noyant 100 000 ha de forêts primaires, pour subvenir aux besoins énergétiques des trois méga-mines : 60 mégawatts soit 60% de la consommation totale du territoire, ainsi que la création de routes reliant Saül et Maripasoula pour la livraison en matériaux, carburant et cyanure.

La justification de ces investissements pharaoniques malgré le rejet considérable de gaz à effet de serre, sera attribuée par nos politiques, et de manière fallacieuse, au bien-être de nos concitoyens. Quant au monde scientifique, aux ingénieurs et bureaux d’études, omniprésents sur notre territoire, ils partagent, avec le WWF Guyane, un silence complice sur cet archaïque choix de société, voire participent, par frilosité ou par opportunisme, à son cautionnement, dans l’opinion publique.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Nos dirigeants, au lieu d’orienter leur quête de solutions vers des filières progressistes et d’avant-garde (éco-tourisme, biotechnologie, laboratoire de biodiversité, pharmaceutique, filière bois, agriculture, plateformes de valorisation des déchets recyclables, énergies vertes, etc.), préfèrent accepter les montages économiques, clés en mains, inéquitables, aux relents colonialistes, d’industriels ayant déjà exploité l’Afrique sans scrupules.

Nous n’avons pas le droit de mettre en danger des espèces dont on ignore jusqu’à l’existence. Pourtant, nous sommes actuellement en train de détruire une biodiversité que l’on n’a même pas encore inventoriée. Nous mettons en danger les Guyanais, mais aussi l’Humanité entière. Nous n’avons pas le droit d’ignorer plus longtemps le rôle de la Guyane dans l’Amazonie et l’impérieuse nécessité mondiale de la protéger des mains de la finance mondialisée et prédatrice.

Bon séjour en Amazonie française, Madame la secrétaire d’État ! Harry Hodebourg, pour CAP 21 et Maïouri Nature Guyane


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Publié sur OSI Bouaké le vendredi 14 octobre 2016

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