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L’expansion des plantations d’huile de palme stoppée au Liberia



Bastamag, Sophie Chapelle - 27 mars 2014 - Des villageois ont fait reculer de puissantes multinationales, et cela se passe au Liberia. Le 5 mars, la présidente Ellen Johnson Sirleaf s’est rangée du côté des populations rurales fermement opposées à l’expansion des plantations d’huile de palme de la compagnie britannique Equatorial Palm Oil (EPO). L’ancienne prix Nobel de la paix a déclaré qu’il revenait aux communautés locales de décider si la compagnie devait ou non étendre ses plantations. « C’est une victoire pour les autochtones qui sont parvenus à faire respecter leurs droits sur leur ressource la plus précieuse : la terre, qui est à la fois leur lieu de vie et leur patrimoine culturel », se réjouit Silas Kpanan Ayoung Siakor des Amis de la Terre Libéria (SDI).

Le groupe britannique EPO détient environ 14 000 hectares dans le comté de Grand Bassa, au centre du pays, et a déjà planté 5 600 hectares d’huile de palme. Jusqu’à présent, l’entreprise n’avait pas pris la peine d’obtenir le consentement des habitants pour défricher leurs terres, bien que la loi l’y oblige. Les habitants dénonçaient un « traitement inhumain » et déploraient le non-respect de certains engagements, comme le creusement de puits ou l’arrivée de médecins et d’enseignants. Une plainte a d’abord été rédigée par les représentants de onze villages le 18 septembre 2013, et envoyée à la très controversée « Table ronde pour une huile de palme durable ». Avant que 200 villageois n’entament une marche de protestation vers la capitale Monrovia qui s’est soldée par une répression musclée.

Les récentes déclarations de la présidente du Liberia en faveur du consentement préalable des communautés ont suscité les vives critiques de l’entreprise EPO. Ellen Johnson Sirleaf souhaite aussi renforcer le pouvoir des citoyens dans d’autres régions du pays, affirmant « ne pas être intéressée à semer les graines de nouveaux conflits ». Ce même gouvernement a pourtant signé une rafale de contrats à long terme auprès de conglomérats étrangers. L’extraction des ressources naturelles est considérée comme la pierre angulaire de la stratégie gouvernementale pour réduire la pauvreté et assurer la croissance économique du pays. Résultat, près de 40 % de la population libérienne vit actuellement à l’intérieur de concessions privées [1] ! Dans le secteur de l’huile de palme, trois compagnies étrangères se partagent 629 000 hectares de terres sur une superficie totale de 11 millions d’hectares. La route vers une pleine reconnaissance des droits fonciers des populations locales s’annonce longue.

P.-S.

Pour aller plus loin, voir notre enquête (ici) et notre rapport (là) réalisés à la suite d’une enquête de terrain au Libéria (janvier 2012) : Crime environnemental : sur la piste de l’huile de palme

Notes

[1] D’après un rapport de janvier 2012 réalisé par le Centre international de résolution des conflits.


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Publié sur OSI Bouaké le jeudi 27 mars 2014

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